Lorsque le dernier mot passe mes lèvres, je le vois s'avancer vers moi. Son pas est sûr et son visage sérieux. Il a l'air décidé et je ne tarde pas à savoir à quoi.
C'est bref. Quelques secondes ... cinq peut-être. Mais pour le moment, ça me suffit. Retrouver la douceur de ses lèvres, même pendant un temps aussi court, me suffit amplement. Parce qu'il est là, face à moi, et il m'embrasse comme si la fin du monde approchait. Il a tant de choses à me dire, je le sens, il essaye de faire passer tellement de choses avec ce baiser que je me sens enseveli sous ces non-dits.
Lorsque je le sens se détacher de moi, je ne peux pas empêcher mes mains d'agripper son haut pour pas qu'il s'éloigne. Je veux lui parler mais j'ai le souffle court. J'halète comme si j'avais traversé l'océan à la nage. A bien y réfléchir, c'est un peu ce que j'ai fait. Je me suis noyé dans un océan nommé Riley. Je me suis noyé sous l'incompréhension que ce baiser a provoquée en moi mais aussi la satisfaction et surtout du désir. Parce que oui, je peux être totalement honnête, mon corps, qu'est-ce que je dis, tout mon être le désir. Ça explique ce manque que j'ai ressenti. Il m'est devenu vital mais décidément, pas de la même manière qu'un simple ami.
Ses mains glissent sur les miennes. Je resserre mes doigts autour du tissu, j'ai peur qu'il me pousse à le lâcher puis de le voir partir. Mais non. Il attrape une de mes mains et la garde dans la sienne. Il recule de quelques pas et je suis alors contraint de le suivre. Je ne sais pas où il veut m'emmener cependant, on ne va pas très loin. Il nous fait entrer dans un parc proche de chez moi et nous nous faufilons entre les arbres qui l'entourent.
Je ne le quitte pas du regard. Lui non plus d'ailleurs, même s'il nous guide à travers le feuillage fourni. On ne s'arrête qu'une fois que l'on s'est bien enfoncé dans la verdure. De l'extérieur, personne ne peut nous voir et je pense que c'est ce que Riley cherchait. Je commence même à en être absolument sûr lorsque je sens un tronc dans mon dos, contre lequel il me fait m'adosser.
Piégé entre l'arbre et le torse de Riley, mon cœur bat à tout rompre. On a l'habitude de parler de papillons dans le ventre pendant ce genre de scène dans les films ou les livres, mais jamais encore on a parlé de l'ouragan qui éclate au creux de la poitrine. Mes doigts s'abîment sur l'écorce de l'arbre contre lequel je suis appuyé. J'ai tellement peur de bouger et de faire quelque chose qui ne ferait fuir que je tente par tous les moyens de me retenir là où je peux.
Il se rapproche de plus en plus de moi au point que mon air n'est composé que de l'odeur de Riley. J'ai envie de bouger mais mes yeux sont profondément ancrés dans les siens. Je ne peux pas me détourner d'eux. C'est ... hypnotique. J'ai aucune idée de ce qu'on fait là, je ne sais pas ce qu'il va faire, mais dans cette position, lui contre moi, je me sens bien. J'ai beau respirer comme si j'étais en train de fuir pour ma vie et mon cœur a peut-être décidé de battre à son propre rythme _ à savoir, très vite _ je me sens à ma place. Comme si c'était ici que je devais être et que ça l'avait toujours été.
Je sens ses doigts glisser contre ma joue. Je ferme les yeux et laisse mon visage chercher un contact plus appuyé. Si j'étais un chat, j'en aurais sûrement ronronné. A la place, je laisse ma main remonter le long de son bras pour aller sur poser sur la sienne et la serrer légèrement. Nos doigts s'entremêlent et je me force à le regarder à nouveau. Pas que le regarder soit une corvée, je mentirais en disant ça, mais je me sens tellement bien, là, que j'ai peur de briser ce moment.
Puis mon souffle se coupe. Il est proche. Nos nez se frôlent dans un baiser esquimau qui suffit à me faire perdre tous mes moyens. Mes jambes tremblent et je pense même que d'ici quelques secondes, elles m'abandonneront. Je me sens si faible face à Riley, face à ses yeux et tout ce qu'ils me disent, face à son parfum entêtant qui, je m'en rends compte, n'a jamais quitté ma mémoire depuis notre premier baiser et peut-être même bien avant. Une odeur chaude et sucrée qui me donne envie de plonger mon nez dans son cou pour m'y isoler et m'y réconforter.

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Plus Sans Toi
RomanceImaginez. Chaque année, le 1er janvier à minuit pile, vous oubliez ce qu'il s'est passé durant ces 365 derniers jours et grâce à un minuscule comprimé, vous ne récupérez que les souvenirs qui en valent la peine aux yeux du gouvernement. La violence...