Le grand jour arrive. Enfin, cette année, il y a tellement de grand jour que celui-là n'est finalement qu'un parmi tant d'autres et sûrement pas le plus important. Aujourd'hui est mon premier jour à l'université.
J'ai à peine fermé l'œil cette nuit. La seule chose à laquelle je pensais, c'était ça. Arriver dans un nouvel endroit, rencontrer de nouvelles personnes, me retrouver à nouveau confronté aux évaluations et à l'angoisse de savoir si je vais réussir ma vie. Si je n'étais pas motivé à quand même faire quelque chose de ma vie, sûrement que je serais resté au fond de mon lit. A la place, me voilà en train de me préparer.
Je ne prends pas la peine de petit-déjeuner. Si je touche ne serait-ce qu'à un verre de lait, je vais vomir. J'ai l'estomac tellement vrac que je ne sais pas si je vais réussir à paraître confiant devant les autres à l'université. Si je veux m'intégrer un minimum, ce serait quand même bien que j'ai l'air de tout sauf d'un gars peu assuré, qui voudrait aller partout sauf là où il est et qui menace sur quiconque venant lui parler. Ça ne donne pas vraiment envie.
Le trajet en bus est pire et les mouvements saccadés dus à la conduite chaotique du chauffeur et la route passablement dégradée ne font rien pour arranger ça. Je regarde par la fenêtre en essayant de me concentrer sur ma respiration. Il faut que je me calme et j'ai juste une quinzaine de minutes pour ça. Je pense à mon frère qui a pu m'envoyer un message avant de partir à l'endroit où il sera soigné. Je pense aussi à Riley qui m'a rassuré cette nuit à coup d'appels et de sms. A Reece qui m'a fait un discours d'une demi-heure expliquant à quel point je vais tout déchirer cette année. Et à Nora qui m'a passé quelques livres sur l'intégration dans de nouveaux groupes. Il y a même un chapitre comparant la situation des humains à celle de certains animaux.
J'arrive devant l'université et me sens un peu mieux. Tout ne peut qu'aller bien. Ou plutôt, par rapport à ce qu'il m'est arrivé depuis le début de l'année, sérieusement, qu'est-ce qu'il pourrait arriver de pire ? ... j'espère quand même ne pas m'apporter la poisse en disant cela. Ce serait bien ma veine.
Je passe devant le tableau d'affichage devant le bâtiment où je sais se trouver la majorité des salles que je côtoierai ces prochains mois. Salle Belle époque. C'est risible quand on sait qu'on vit dans une époque remplie de mensonges. Mais bref, allons-y ou plutôt essayons d'y aller.
La dernière fois que je suis venu, je n'avais pas fait attention au nombre de salles que comportait ce bâtiment, mais il y en a beaucoup trop. J'espère vraiment qu'ils prévoient de nous distribuer un plan sinon je vais devoir me renseigner un peu plus sur les horaires de bus pour venir une bonne demi-heure en avance.
Je trouve la salle. Elle est immense. Il y a beaucoup trop de monde et surtout, il y a déjà énormément de groupes constitués. Comment fait-on déjà pour faire connaissance avec de nouveaux camarades de classe ? J'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'ai pas eu à faire ça. Enfin, non, c'est faux. Il y a eu Riley et Nora cette année, mais je ne pense pas que je puisse les compter. Se rapprocher de quelqu'un parce que le point commun qu'on a avec elle c'est qu'on l'a totalement oublié et de quelqu'un d'autre parce qu'elle peut nous aider à en savoir plus sur la Léthé ... je n'appelle pas vraiment ça un rapprochement ordinaire entre camarades.
Finalement, alors que je scrute la salle et ses occupants, le groupe à côté de moi m'interpelle.
— Hey, t'es seul ? me demande une des filles du groupe.
Je hoche simplement la tête en fronçant légèrement les sourcils.
— Fait pas cette tête, viens avec nous ! me propose la fille juste à côté.
Ils sont cinq. Deux filles et trois gars. Je me doute qu'ils ont mon âge mais j'ai l'impression qu'ils sont si jeunes ? Pourtant, il y a peu de chances pour qu'ils soient vraiment plus jeunes que moi, je suis tout juste majeur.
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Plus Sans Toi
RomanceImaginez. Chaque année, le 1er janvier à minuit pile, vous oubliez ce qu'il s'est passé durant ces 365 derniers jours et grâce à un minuscule comprimé, vous ne récupérez que les souvenirs qui en valent la peine aux yeux du gouvernement. La violence...