Chapitre 4

119 11 18
                                    




Je le déteste. De tout mon être.
Il vient de soulever un problème qui me pèse en permanence. J'ai peur de tout, tout le temps. S'il n'y avait personne pour me pousser, je ne ferais jamais rien qui sorte de mes habitudes.
J'ai conscience que ce n'est pas si grave qu'il l'ait remarqué. En théorie.
Mais en réalité ça m'affecte. J'ai l'impression qu'il lit en moi et qu'il est insensible à ce qu'il voit, qu'il s'en sert même contre moi en sachant que c'est un point sensible.

- Morgan laisse ma copine tranquille !

Lance Sarah à l'autre bout de la table. Je sais que ni elle ni les autres n'ont entendu notre conversation, mais je lui donne un regard reconnaissant pendant que Morgan passe nonchalamment son bras autour des épaules de Lola qui est assise à son autre côté. Elle est encore pantelante de l'activité que nous venons de faire, mais semble se détendre à son contact.
J'ai un pincement au cœur. Comment peut-il être de réconfort chez mes amis et être aussi dur avec moi ? Ça ne fait aucun doute que Morgan est un pilier dans notre groupe, pour tous les autres, il représente l'équilibre, une figure fraternelle qu'ils peuvent appeler s'ils sont en galère, qui les écoutera dans leur peine et qui les remettra dans le droit chemin s'ils en dévient.
J'aurais aimé connaître ce Morgan-là. Je suis jalouse de ne pas connaître la chaleur de ses bras. Mais depuis le début, il a été hostile avec moi et j'imagine que ma rancœur envers lui n'a pas aidé.
Ça m'énerve encore plus qu'il sache quelque chose que je n'ai jamais eu le courage de dire à haute voix, qu'il soit le seul à avoir mis des mots sur quelque chose qui me parait si intime et que je ne lui aurais jamais confié.

- Je vais prendre l'air.

Toutes les conversations se coupèrent et ils me regardèrent me lever maladroitement. Je sentis leurs regards peser dans mon dos jusqu'à ce que je rentre dans l'ascenseur hyper rapide.
Quand je sortis du bâtiment l'air frais me fis un bien fou. Le soleil commençait à décliner et la chaleur n'étais plus aussi étouffante qu'en milieu de journée.
En sortant, j'avais l'intention de ne rester que quelques minutes dehors pour m'aérer, mais je décidai finalement de partir me balader.

En sortant mon téléphone pour les prévenir, je remarquai que j'avais trois appels manqués de Sarah.
Je lui envoyai un message pour la rassurer.

Je vais me promener, ne m'attendez pas pour manger.

Ça va ? Il s'est passé quoi ? Tu veux que quelqu'un vienne avec toi ?

Rien, je me sentais juste un peu brassée, ne vous inquiétez pas pour moi.

Je rangeai mon téléphone et continuais à arpenter les rues.

Un peu plus d'une demi-heure après mon téléphone sonna et cette fois, je répondis.

- Allô ?
- Oui, on a fini de manger. Tu es où ? Me demande Sarah.
- Rentrez sans moi, je me débrouillerai.
- Willow, tu es au minimum à trente minutes à pied de la maison et il commence à faire nuit. On vient te chercher.
- Je prendrai un taxi t'inquiète pas.
- Apelle moi quand tu voudras rentrer, je viendrais.
- Merci, je t'aime.
- Je t'aime aussi.

PDV MORGAN

En arrivant à la maison, tous montèrent regarder un film tandis que Sarah décida de rester en bas pour attendre le coup de fil de Willow. Je m'assis à côté d'elle dans le canapé de la véranda.
Au bout de plus d'une heure d'attente, Sarah n'arrêtait pas de bâiller, et même si elle tentait de suivre ce que le lui racontais elle semblait sur le point de s'endormir.

- On va se coucher. C'est une grande fille, elle trouvera un moyen de rentrer.
- J'ai dit que j'allais la chercher. J'irais la chercher.
- Sarah, tu n'es même pas en état de conduire, tu vas t'endormir au volant. Vas-y, si tu veux, je reste ici pour m'assurer qu'elle rentre. Donne-moi son numéro et envoie-lui le mien.
- Vous avez même pas échangé vos numéros ?
- Pourquoi on aurait fait ça ?

Vue Sur l'OceanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant