Chapitre 19

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L'art et la manière de cracher le morceau

Tina

De lourds flocons tombaient dans la froide nuit d'hiver. Mais je ne frissonnai pas. J'étais debout près d'une cheminée où un imposant feu brûlait. Un jeune homme un peu plus petit que moi se pencha pour l'attiser, sans me remarquer. Je l'observai un peu plus en détail. Il avait les cheveux châtains et des yeux bruns pareils aux miens.

« Joseph ! Cesse de jouer avec le feu ! Tu vois bien qu'il est déjà assez fort ! »

Je tournai la tête en même temps que le dénommé Joseph vers la source de la voix. Une femme aux cheveux roux flamme assise dans un fauteuil tenait un livre à la main. L'absence de rides autour de ses yeux, me fit comprendre que c'était une sorcière. Ses sourcils étaient froncés de manière autoritaire et quelque chose dans ses traits me rappelaient quelqu'un. Pour toute réponse, Joseph s'éloigna du feu et s'approcha d'un imposant boitier noir et gris posé sur une commode en bois qui ressemblait aux anciennes télévisions que j'avais pu voir sur internet. Il l'alluma, la télévision émit un grésillement, et il commença à zapper avec une grosse télécommande. Les images qui apparurent étaient pixélisée et les couleurs délavées. Il s'assit sur le canapé de cuir blanc et fut tout de suite rejoint par un petit garçon d'environ une dizaine d'année à l'imposante tignasse noire bouclée. Il l'avait des yeux verts olive comme ce qui semblait être sa mère. Cette dernière, une petite moue sur la bouche, continua à feuilleter son ouvrage, même si l'utilisation de l'appareil électronique ne semblait pas la réjouir.

Des pas se firent entendre dans l'escalier de bois qui menait, semblait-il, à un étage. Débarquèrent dans la pièce un jeune qui devait avoir mon âge ressemblant comme deux gouttes d'eau à la femme du fauteuil (sa mère je présume), suivi par ... l'homme de mes rêves. Il n'avait rien changé à part peut-être son style vestimentaire et sa coupe de cheveux qui était courte et le devant soigneusement remonté en une « houpette ». Je percevais enfin ses yeux. Des yeux bruns perçants comme ceux de Joseph. Il se dirigea vers la femme dans le fauteuil, se pencha vers elle et déposa un baiser sur ses lèvres.

Je détournai la tête, ne souhaitant pas partager leur intimité et vis s'installer à côté des deux garçons, sur le canapé, le plus vieux. Je le détaillai un peu plus en précision. Il avait des cheveux noirs volontairement décoiffé avec du gel, des yeux du même vert que le petit garçon à la tignasse bouclé avec un air malicieux en plus. Son visage était parsemé de quelques tâches de rousseur qui le rendaient vraiment mignon. Mais voilà, encore une fois, il me rappelait quelqu'un, qui n'était pas la femme du fauteuil. J'avais déjà vu ce petit sourire qui faisait remonter ses coins de bouches et y creusait des fossettes. Mais je ne savais plus chez qui et ça commençait à m'agacer.

« Les garçons ! Baissez le poste de télévision ! Vous allez réveiller le bébé ! grommela la matrone de la famille. »

Le son de la télévision se fit moins fort, non sans quelques soupirs. Le père famille sourit et caressa la joue de sa femme avec tendresse. J'eu du mal à croire que c'était la même personne cruelle qui, sans pitié, menaçait et faisait souffrir une pauvre femme dans une cave sordide en lui buvant son sang. Il y avait cette fois tellement d'affection, de bienveillance et d'amour dans son comportement. Sa femme effleura du bout des doigts son tatouage en forme de pi et l'embrassa. Une question commença à trotter dans ma tête. S'ils étaient tous les deux des sorciers (et l'homme un sorcier maléfique en plus), comment se faisait-il qu'ils avaient des enfants, si un sorcier et une sorcière ne pouvaient pas coucher ensemble ? On avait omis de me donner un détail, j'en étais sûre.

Au bout de longues minutes de réflexion, je commençai à en avoir marre et à vouloir partir d'ici. Je me demandai ce que je faisais là, non pas que la vue de cette famille unie et épanouie me dérangeait, mais je ne voyais pas l'utilité de ce que je voyais. Comme pour répondre à mes interrogations, la porte explosa.

SorcièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant