Chapitre 25

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L'art et la manière de faire tout et n'importe quoi parce que, merde, c'est les vacances et on est bourré

Tina

Ça faisait depuis plusieurs jours que je l'appréhendai. J'avais même été étonnée qu'Elsa ne refuse pas lorsque Jake l'avait proposée. Mais il voulait finir le séjour en beauté et quoi de mieux qu'une fête pour cela. Un long silence avait suivi cette proposition. Un silence mortel qu'Ezra avait brisé avec un certain enthousiasme. Nous nous étions ensuite forcés à sourire, à avoir l'air heureux, à faire comme si rien ne s'était jamais passé. Comme si personne n'était mort. Puis, tout s'était accéléré. La liste des participants gonflait à vue d'œil, de tel que bientôt il était impossible de tout annuler. Nous passions les jours suivants à écrire et affiner notre liste de course, à chercher des moyens de sécuriser les pièces qui seront interdites au « public », et à mettre en lieu sûr les objets fragiles et précieux. On aurait pu croire qu'on se préparait à la troisième Guerre Mondiale.

Le jour J avait fini par pointer le bout de son nez. Durant le début de cette longue journée, nous fûmes tous assigné à une tâche. Elsa et Jake étaient allés faire les courses, étant les deux seuls ayant une carte d'identité indiquant qu'ils étaient majeurs. Je fus surprise de la non-réaction de Noah lorsque son frère et son ex-meilleure-amie-et-petite-amie partirent tous les deux. Il n'avait rien fait. Il n'avait rien détruit de ces poings, ni serrer les poings ou les dents, pas même un regard noir en leur direction. Rien. On aurait pu croire à une coquille vide. J'avais très bien compris que le duo d'amoureux s'était disputé l'autre jour, mais d'habitude tout rentrait toujours dans l'ordre. Mais cette fois, ça semblait être différent. C'est comme s'ils ne se connaissaient plus. Ils n'étaient ni des amis, ni des ennemis, seulement des inconnus l'un pour l'autre. Ainsi, Noah s'était éloigné sans un regard pour sa blonde, vaqué à ses occupations.

Je m'installai aux côtés d'Ezra dans la cuisine. Il avait sorti quelques légumes et les découpaient en petits dés. Sans un mot, j'en fis de même. Après quelques instants de silence, Ezra tourna la tête vers moi l'air inquiet.

« Quelque chose ne va pas ?

_ Bien sûr que non. Pourquoi ? répliquai-je en fronçant les sourcils.

_ Je ne sais pas ... Tu ne dis rien depuis tout à l'heure.

_ Je suis seulement pensive.

_ Et à quoi tu penses ?

_ Pourquoi je te le dirai ? dis-je avec un sourire narquois. »

Il me répondit avec un regard suspicieux et se replongea dans la coupe de ses légumes. Mais au bout de cinq minutes (grand maximum), il se retourna vers moi.

« Nan mais sérieusement, qu'est-ce qu'il te tracasse ?

_ Rien du tout.

_ On t'a déjà dit que tu ne savais pas mentir ?

_ Très souvent, soupirai-je.

_ Alors quoi ? Qu'est-ce qu'il ne va pas ? »

Je fixai ses yeux gris que son teint bronzé faisait ressortir. Ses sourcils étaient légèrement froncés et je pouvais sentir son inquiétude. Il avait interrompu ce qu'il faisait pour m'écouter, pour savoir ce qu'il n'allait pas et ça me fit énormément chaud au cœur. Pendant un moment je fus tentée de lui dire la vérité, de lui expliquer la mort de Stefany, de partager avec lui cette charge trop lourde. J'en avais réellement envie parce que Ezra était quelqu'un de confiance, quelqu'un toujours à l'écoute. Parce que Ezra était gentil. Mais la réalité revint au galop et m'obligea à supporter le poids de la mort seule.

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