Chapitre 20

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L'art et la manière d'être heureuse sans l'être

Elsa

Le bonheur. C'était une chose que j'avais très peu ressentie dans ma vie. Mais à présent j'étais heureuse. Heureuse de ne pas sans cesse devoir canaliser mes sentiments et tenter de les oublier. Heureuse de pouvoir passer des heures dans les bras de Noah, sans que ce ne soit qu'un doux rêve. Mais quelque chose de ce passé subsistait. La crainte. La crainte de devoir sans cesse lui refuser ce qu'un couple fait normalement. Mais aussi la crainte de me faire tuer dans le recoin d'un couloir.

Cela devait faire des heures que je contemplais la pénombre de la chambre, incapable de me rendormir. Pourtant je ne pouvais pas être dans meilleure posture. Les bras de Noah étaient enroulés autour de ma taille, son torse contre mon dos, son souffle chaud et posé me caressait tendrement la nuque. Pour la énième fois je regardai l'heure sur mon portable. Il était bientôt l'heure de se lever. Je sentis un peu de mouvement dans mon dos. Je tentai de me retourner sans réveiller Noah, mais je vis que celui-ci avait déjà les yeux ouverts. Il me sourit. Je lui souris.

« Ça va ? me murmure-t-il en me caressant la joue.

_ Oui et toi ? »

Ma voix tremblotait devant tant de tendresse de la part de Noah.

« Ouais plutôt, mais faudrait vraiment que t'arrêtes de ronfler. C'est insupportable. »

J'étouffai un petit rire et tentai d'avoir l'air indigné.

« Bon ok. On ne dormira plus ensemble dans ce cas-là ... »

Je lui tournai le dos. Je sentis soudain un poids sur moi qui m'obligea à poser mon dos sur le matelas. Noah se plaça doucement au dessus de moi, mettant tout son poids sur mon corps, m'empêchant de bouger. Son visage n'était qu'à quelques centimètres du mien. Je fixai ses yeux noisette rempli de malice, puis ses lèvres roses et appétissantes. Il approcha sa bouche de mon oreille et chuchota :

T'es sûr que tu peux te passer de moi ? »

Je me mordis la lèvre ne connaissant que trop bien la réponse. Mon petit-ami (rien que cette appellation me donnait la chaire de poule) me déposa des volées de baiser sur l'oreille pour remonter vers mon front, mon nez, autour de ma bouche, puis enfin sur mes lèvres. Son baiser m'enflamma entièrement et je glissai ma langue de sa bouche. Mon rythme cardiaque s'accéléra soudainement. Ma respiration se fit saccadée. J'essayai de contrôler les tremblements de mes mains et les fourrai dans la tignasse brune de Noah.

Notre baiser se prolongea encore de longues secondes durant. Les mains chaudes de Noah se glissèrent sous mon T-shirt de pyjama et ses doigts effleurèrent mes seins. Cela m'électrisa et je me rendis compte de ce qui allait se passer si on continuait. Je ne pouvais pas permettre ça. Lentement je retirai ma bouche de celle de Noah et éloignai ses mains. Je l'entendis soupirer d'agacement et je sortis du lit.

« Je vais prendre ma douche.

_ Tu veux pas que je vienne avec toi, pour te frotter le dos, tenta Noah.

_ Nan j'irai plus vite seule, rétorquai-je avec un sourire moqueur. »

Une fois dans la salle de bain, je m'effondrai au sol. Je sortais avec Noah, Tina n'était pas renvoyée, pourtant je n'étais pas totalement rassasiée. Il me manquait quelque chose. Peut-être était-ce dû au fait que je ne pouvais me donner à Noah ? Ou, mon besoin d'une famille et d'une situation stable ? Mais ce que je savais était que ce manque était horriblement frustrant et paraissait impossible à combler.

Après une douche bien chaude, je regagnai ma chambre les cheveux encore humide. Si ses vêtements n'avaient pas changés, j'aurai pu penser que Noah n'avait pas bougé depuis tout à l'heure. Mais, à présent il revêtait l'uniforme de Bridgestone. J'enfilai moi aussi l'uniforme et m'assis au côté de mon bellâtre. Celui-ci me jeta un coup d'œil, les sourcils froncés.

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