Chapitre 14

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Daniel


Y a-t-il une meilleure façon de finir une journée de travail et de commencer une semaine ? Mon téléphone n'a cessé de vibrer, mais coincée dans une réunion interminable, je n'ai pas pu voir qui cherchait à me contacter. Finalement, en regagnant mon cubicule à la fin de la journée, je souris en voyant la notification m'informant que mon message sur "Mon petit bouquin" a bien été lu.

J'espère qu'elle a aimé.

Je lis sa réponse et éclate de rire, un de ces rires sans gêne, franc, ce qui fait se retourner mes collègues dans ma direction. Mais ma réaction change au fur et à mesure de ma lecture. Je vérifie rapidement mes courriels et y découvre son message, suivi d'un autre venant de Béatrice Moretz, chargée de projet aux Éditions Elation. Béatrice manifeste son intérêt pour "En fuite" et "Traquée". Et un deuxième message me demande de lui envoyer mon premier jet de ma romance de Noël.

Furya.

Elle n'a pas menti. Grâce à ses contacts, un éditeur est intéressé.

Je prends mes affaires et pars précipitamment, mon bus devant arriver dans quelques minutes.

Je ne cherche pas à m'asseoir, je me tiens à la poignée suspendue et je cherche simplement à garder mon équilibre.

Merde !

Je suis pris dans un tourbillon conflictuel. Je la contacte alors qu'elle s'attend à parler à une femme et ensuite, quoi ? Je ne suis pas le seul à faire ça, je signe un contrat et tout va bien. Elle me prend pour un pervers et ça s'arrête là, jusqu'au prochain éditeur ? Et si des fans veulent me rencontrer, les séances de signature ? La photo à l'endos du livre ? Les interviews ?

Merde !

Sorti du bus, je décide de l'appeler, c'est peut-être ma seule chance d'être édité, de gagner suffisamment d'argent pour me barrer de mon travail et de faire ça à plein temps.

« Madame Moretz ? Bonjour, désolé d'appeler si tard, vous avez... cherché à me contacter.

— Ah ? Vous êtes ?

— Dark Rayne.

— Je vois, » répond-elle brusquement.

« Est-ce un problème ? » demandé-je doucement.

« Non, pas du tout. Vous n'êtes pas le premier auteur masculin à utiliser un pseudonyme féminin, notamment pour écrire de la romance. Je cherche simplement à comprendre, Furya n'en sait rien, elle vous prend pour une femme.

— C'est compliqué. Une erreur lors d'une inscription sur un site, mon petit bouquin, et quand elle m'a contacté, en rapport avec mes histoires, son enthousiasme, elle quoi. J'ai compris qu'elle me prenait pour une femme et il était trop tard. Ses suggestions de corrections, de modifications amélioraient mes histoires, je ne pouvais pas prendre le risque de perdre une telle aide.

— Je comprends, rassurez-vous. Furya est une bonne personne, impliquée. Je la connais depuis quelque temps, et j'ignore encore son identité. Mais je sais que c'est une femme, j'ai au moins cet avantage sur vous, c'est de savoir à qui je m'adresse. Écoutez, j'aime beaucoup vos deux histoires, je vois que Furya est passée par là, les textes sont beaux, propres et nets, déjà mis en page, nous n'avons presque rien à travailler, ce qui est un avantage et une économie pour nous. Il est... Dix-sept heures vingt, pouvez-vous rejoindre nos bureaux, afin que nous discutions ?

— Maintenant ? Mais c'est...

— Vous n'êtes pas le seul auteur à vouloir être publié, vous avez un avantage, je connais Furya. C'est un maigre plus, alors profitez-en. Pouvez-vous être à mon bureau avant dix-huit heures ? C'est à vous de décider.

Tormented soulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant