Chapitre 21

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Daniel


Depuis trois semaines, je me suis installé dans une routine matinale en venant en aide à Marie. Chaque jour, je suis là pour l'assister à préparer sa mise en place : monter les tables, les nettoyer, préparer sa terrasse et faire la vaisselle. Elle est reconnaissante de mon soutien, et cela lui permet de souffler un peu. Malgré cela, elle évite soigneusement de me parler de Caitlyn, et je sens qu'elle préfère ne pas aborder le sujet. Parfois, Marie me confie également des livraisons et la tâche de faire de la publicité pour attirer de nouveaux clients. Je m'investis pleinement dans ces tâches, les accomplissant bénévolement, et cela me fait un bien fou.

Des clients réguliers sont venus aux nouvelles, curieux de savoir ce qu'il se passe avec Caitlyn. Marie invente une histoire de maladie dans la famille, rassurant tout le monde en promettant qu'elle sera bientôt de retour. Avec son accord, elle m'ouvre la boutique et débloque la caisse pour accueillir les clients. Quelques-uns d'entre eux viennent acheter des livres, et je les aide à trouver ce qu'ils cherchent, contribuant ainsi à faire sortir le stock qui dort depuis un moment sur les tablettes de la librairie.

En fin de journée, alors que nous fermons ensemble la boutique, nous décidons de prendre un moment pour nous détendre en dégustant un verre de vin.

« Qu'est-ce que tu en penses de faire une vidéo pour Caitlyn ? » proposé-je à Marie. « On pourrait solliciter l'un de ses clients réguliers, tu sais, le moustachu là-bas, il serait certainement content de partager ses recommandations littéraires. Et puis il y a aussi la dame aux chats, tu sais, celle qui vient au café tous les mardis. »

« Madame Claire ? » demande Marie.

« Oui, c'est bien elle. Ne penses-tu pas qu'elle serait partante pour nous donner un coup de main ? Elle était caissière avant, et il me semble qu'elle apprécierait de tenir la caisse le temps de la vidéo. Ça lui manque le contact avec les clients, le service. »

Marie sourit malicieusement et pointe son index vers mon front. « Ah, il y a vraiment des idées brillantes qui jaillissent de là-dedans ! » dit-elle en riant. « Je suis certaine que Madame Claire serait ravie de participer. Je lui en parlerai mardi. Quant à Monsieur Alexandre, tu as raison, il passe souvent devant la librairie, je le rattraperai pour lui proposer de prendre part à la vidéo. C'est une excellente idée, Daniel ! » conclut-elle, l'enthousiasme illuminant son visage.

Je suis content, je me dis qu'elle va bien finir par me dire où se cache Caitlyn. Le son de sa voix me manque, son sourire, sa timidité. Sa face visible. L'énergie de son alter ego, celle qui me motivait, me donnait des coups de pied au cul virtuels me manque. Aurais-je la chance de laisser un message ? Marie lui dira-t-elle que l'idée vient de moi ?


Ce matin, Marie m'apprend comment faire du pain. J'avais raison. La sensualité du geste, la sensation de la pâte. C'est vraiment beau. Je pétris doucement, appréciant la texture, la douceur quand Marie me bouscule pour prendre ma place.

« C'est trop long. Je suis sûr que tu étais encore en train de penser à ton truc érotique de l'autre jour, » me taquine-t-elle.

« Ce n'est pas de ma faute, c'est vraiment... agréable, » lui répondis-je avec un sourire espiègle.

« Ce n'est pas une poitrine, Daniel. C'est du pain, » dit-elle en riant.

Mes yeux descendent machinalement sur sa poitrine, cachée derrière son tablier, ce qui la fait réagir.

« Non, mais oh ! Ça va ? Je ne te dérange pas ? » dit-elle avec malice.

« C'est toi qui as commencé, » répliquai-je en lui lançant un peu de farine.

Tormented soulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant