- Et donc je lui ai répondu que ça, c'était pas mon truc et que... Stiles, tu m'écoutes ? Non, tu m'écoutes pas !
Stiles releva mollement le regard vers Scott qui... Qui lui parlait de quoi, déjà ?
- Hmm désolé je suis un peu fatigué, tu disais ? Demanda-t-il d'une voix pâteuse en appuyant son menton sur la paume de sa main.
Scott soupira bruyamment, l'air agacé, comme si répéter ce qu'il était en train de lui dire relevait d'un effort certain, voire surhumain. Oui, Scott McCall sauvait des gens, autant humains qu'êtres surnaturels, mais il avait la flemme de se répéter et avait la sainte horreur de parler lorsqu'on ne l'écoutait pas. Il regardait désormais Stiles avec un mélange de haine gentille et de désespoir familier.
- Laisse tomber, lâcha-t-il comme si l'hyperactif était, d'un coup, devenu trop idiot pour comprendre.
Sur ce, Scott se leva et alla rejoindre Malia, qui s'était installée à une autre table de la bibliothèque. Stiles ne broncha pas, et se dit sans doute que son meilleur ami l'avait rapidement laissé parce qu'il ne voulait pas perdre de temps avant de retrouver sa copine. L'hyperactif baissa les yeux sur son téléphone, seul objet personnel posé sur la table. Trois jours s'étaient écoulés depuis que Jackson avait eu l'audace – le culot ! – de lui demander si son père le battait et depuis... Plus rien. Aucun message, même pas une petite question comme il commençait à en avoir l'habitude. En soi, ce n'était pas plus mal. Stiles n'avait pas besoin de se compliquer la vie, elle l'était déjà assez comme cela, pas besoin d'en rajouter, de... De le fatiguer avec tout ça. A part Jackson et éventuellement Derek, personne n'avait l'air de trouver quoi que ce soit de changé chez lui et à vrai dire, personne n'avait l'air de s'y intéresser. Bon, Jackson avait de quoi avoir des soupçons : il avait vu son père, pu constater son attitude hostile, écouté ses paroles acerbes qui ne concernaient que l'hyperactif... Oui, il avait de quoi se poser des questions, mais... Ce n'était pas la peine, vraiment. Déjà, il n'avait aucun intérêt à s'intéresser à ce qui pouvait potentiellement se passer à l'intérieur du foyer Stilinski, mis à part pour se moquer de lui, mais pour ça... Pas besoin d'insister de la sorte. Au moins, il avait compris qu'il ne tirerait rien de Stiles, puisqu'il semblait avoir lâché l'affaire.
Stiles s'affala complètement sur la table, sa tête entre ses bras. Sa fatigue était là, bien présente. S'il n'arrivait pas vraiment à dormir, il pouvait toutefois profiter de deux à trois heures de sommeil par nuit, pas toujours consécutives, mais... Il était vraiment fatigué et le peu qu'il dormait ne suffisait pas à lui donner l'impression de se reposer. Le fait qu'il ait vomi ce matin avant d'aller au lycée ne l'aidait pas non plus. Globalement, aller au lycée et assister à des cours ou même juste travailler, faire des exercices en étant aussi fatigué n'était pas franchement pratique. Mais Stiles mettait ça sur le compte de ce stress perpétuel qu'il ressentait. Sa situation, bien loin d'être catastrophique, n'était toutefois pas des plus appréciables et il avait du mal à bien la vivre. Il était certain d'avoir une chance de réussir à remonter dans l'estime de son père, mais pour cela il savait devoir être obligé de faire des sacrifices. Le problème, c'est qu'il était lent, très lent.
Il ne s'était toujours pas débarrassé de son matériel de tricot. Les aiguilles de sa mère, il y tenait beaucoup. Et puis monter les mailles, enchaîner les rangs, faire naître un projet à partir de rien... C'était son secret, son petit plaisir coupable qui le détendait, qui arrivait à lui changer les idées avec une aisance folle. Et il se l'interdisait. Depuis le début de cette histoire, ses doigts habiles n'avaient plus osé toucher la laine, dont il avait un petit stock. Il en avait pourtant envie et savait que sa mère serait fière de voir la dextérité qu'il avait acquise dans cette activité singulière. Mais son père... Il détestait l'idée que Stiles, en plus d'être une honte à cause de ses préférences, fasse un truc de fille. Noah n'était pas misogyne, mais... Il avait une vision de la masculinité qui dépassait Stiles. La preuve en était que le laisser apprécier les hommes était une idée qui le dégoûtait... Et Stiles ne comprenait toujours pas pourquoi. En quoi était-ce mauvais de préférer un genre à un autre ? Pourquoi fallait-il forcément qu'il doive aimer les femmes ? Elles ne l'attiraient pas, pas vraiment et pour avoir testé à plusieurs reprises, l'hyperactif préférait se serrer contre le corps d'un homme plutôt qu'étreindre une femme. Les baisers avaient également une saveur différente : ils étaient vivants, passionnés et non éteints, robotiques. Embrasser un homme l'émoustillait jusqu'aux tréfonds de son être tandis que laisser une femme poser ses lèvres sur les siennes ne lui faisait ni chaud ni froid. C'était comme ça, il n'y pouvait rien. Il était honnête avec lui-même et se savait incapable de changer. Mais comment faire en sorte que Noah accepte cela ? Stiles savait qu'il avait des efforts à faire, même s'il ne pouvait pas « switcher » d'orientation pour faire plaisir à son paternel, la vie ne marchait pas comme ça et l'amour, encore moins.
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Acceptance
FanfictionStiles et Jackson ne s'entendent pas vraiment. Et pourtant, c'est bien ce dernier qui va remarquer que quelque chose cloche avec l'hyperactif. Mettant de côté son égocentrisme évident ainsi que ses préjugés, il va se rendre compte que tout ne va pas...