Chapitre 25

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Stiles vit l'étreinte qui se referma sur lui comme une agression, quelque chose d'aussi fort que soudain et qui lui brûla le corps dans son entier. L'état dans lequel il se retrouvait prisonnier le rendait très sensible... Trop, sans doute. Si bien qu'il voulut de l'air, de l'espace et que le fait qu'on le touche, qu'on l'entrave lui faisait mal. Il n'avait cependant pas la possibilité de résister ou d'envoyer bouler l'odieux malotru qui le retenait là. Parce que ses jambes tremblaient tant leur force les avait quittées, parce que sa gorge était si serrée qu'elle n'était pour l'instant plus capable de laisser passer le moindre son. C'était d'ailleurs à grand-peine qu'il respirait et ne s'étouffait pas : avec ses pleurs, il devait réellement se concentrer pour limiter les dégâts et ne pas se mettre lui-même des bâtons dans les roues. Le fait est qu'il arriva vite un moment où ses jambes cessèrent complètement de le porter. Stiles fut alors bien obligé de laisser sa tête partir en arrière, se reposer contre cette épaule trop chaude, et donner malgré lui la possibilité à ces bras de le maintenir debout. De toute façon, il ne pouvait en être autrement. Il entendit vaguement Jackson essayer de le rassurer, perçut un mot sur trois. S'il était un peu plus conscient, Stiles aurait peut-être ri de sa maladresse, de ses hésitations, de cette façon particulière qu'il avait de tenter de le calmer. Or, il était paralysé. En lui, la douleur et la honte prédominaient : il avait vrillé et il en avait conscience... Sans que ce fait ne l'aide à savoir comment réagir pour autant.

Mais il dut céder le contrôle total à Jackson tant il n'était actuellement capable de rien d'autre. Il avait fermé les yeux, tant sa vue s'était troublée. Sa gorge, toujours aussi serrée, lui faisait affreusement mal. Seule la chaleur que dégageait le loup-garou qui le tenait finit par lui paraître agréable... Si bien que ce fut tout ce à quoi il réussit à se raccrocher.

Et le temps qu'il reprenne réellement conscience des choses, il était de retour à l'intérieur de la maison Whittemore. Il chancelait et ne tenait debout que grâce au kanima qui le dirigeait tout doucement vers le salon. Il n'envisagea pas une seconde de le faire monter même s'il était tout à fait capable de le porter jusqu'à sa chambre. Sa priorité, c'était de faire en sorte qu'il se pose, qu'il se calme. Qu'il prenne le temps de respirer et ensuite, ils discuteraient car pour être tout à fait honnête, Jackson n'avait aucune idée de la raison pour laquelle Stiles s'était enfui de la sorte, ni même ce qui l'avait mis dans cet état. Ce matériel de tricot appartenait-il à sa mère ? Sa grand-mère ? Il s'agissait sans doute de souvenirs qui lui étaient chers... En dehors du fait que ces objets-là faisaient partie du peu qu'il lui restait de sa vie chez son père. Jackson imagina un instant s'être trompé. Et si Stiles avait tout simplement pris conscience du fait qu'en dehors du contenu de ce carton, il n'avait plus rien ? Puis pourquoi cette fuite ? Avait-il eu peur que Jackson se moque de lui ? D'accord, il fallait l'avouer, c'était son genre, mais jamais le kanima ne se serait permis un tel comportement avec lui. Pas dans ces conditions-là. Il aimait titiller ses amis et plus particulièrement les gens qui l'agaçaient, mais uniquement lorsque c'était acceptable – depuis quelque mois, c'était une chose à laquelle il faisait attention... Parce qu'il avait vraiment commencé à s'attacher à tous ces gens-là, Stiles compris même si le concernant, c'était un peu plus compliqué.

Jackson le fit s'assoir sur le canapé et pour la première fois, il put regarder son visage en face... Voir la façon dont ses émotions s'y peignaient. Noter la douleur et la fébrilité qui lui donnaient un air hagard. Si cette situation durait depuis un moment déjà, les difficultés qu'elle engendraient semblaient avoir atteint leur point culminant en ce jour. Stiles avait tout perdu : son innocence, sa seule famille, sa maison, la majorité de ce qui composait ses affaires... Le choc était multiple et le tout, forcément, plus difficile à digérer... D'autant plus que cela restait extrêmement récent.

Jackson ne sut donc pas quoi dire tant la situation le désarçonnait. Elle n'avait rien d'habituel, rien qu'il pouvait gérer facilement. Il se rendit alors compte qu'il entendait un cœur battre un peu trop vite, et que ce cœur-là était le sien.

Et il réalisa finalement que l'instinct ne l'avait que momentanément protégé de l'angoisse, du stress. Tout, il avait tout ressenti : son corps, du moins. Son esprit s'était concentré sur Stiles, sa fuite et en particulier l'idée de le rattraper au plus vite... Avant qu'il ne lui arrive quelque chose, qu'il fasse une bêtise : de quel genre, Jackson n'en savait rien, mais il le connaissait imprévisible. Tout pouvait se produire avec lui, y compris le plus improbable. Alors Jackson pouvait se l'avouer à lui-même.

Il avait eu peur.

Le pire, c'est que cette émotion ne l'avait pas entièrement quitté. Son corps restait tendu, prêt à bondir en cas de nouvelle fuite... Même s'il voyait bien que Stiles n'en était plus capable. Il était tout pantelant, sans doute à tenter de se remettre de ce qu'il venait de se passer... Ou peut-être de réaliser, lui aussi. Quoiqu'il pouvait tout à fait penser à autre chose – Jackson imaginait fort bien lesquelles. Mais réaliser ce qu'avait suscité chez lui la façon dont l'hyperactif avait vrillé le perturba réellement.

- Jackson.

Le susnommé le regarda d'un air confus – la façon dont s'étaient froncés ses sourcils était très parlante. La voix de Stiles était brisée mais il avait prononcé son prénom d'un ton étonnamment assuré, sans bégayer. Et le simple fait qu'il l'avait appelé voulait dire qu'il était bel et bien de retour dans le même monde que lui. Ses épaules s'allégèrent quelque peu à l'idée que cette crise soit passée. Ce n'était pas qu'il ne savait pas s'y prendre pour gérer ce genre de choses, mais... En fait si, c'était exactement ça. Fut un jour où Lydia lui avait proposé de lui apprendre à réagir pour calmer quelqu'un si la situation l'exigeait, quel que soit son type de crise – elle avait certaines connaissances dans la matière. Elle lui avait même confié un jour avoir embrassé Stiles pour faire cesser sa crise de panique... Mais il était clair que Jackson ne ferait jamais une chose pareille. Il regretta toutefois d'avoir refusé la proposition de son ex petite-amie : il fallait avouer que quelques conseils n'auraient pas été de trop, même si Stiles avait l'air d'avoir repris ses esprits tout seul.

- Ces trucs-là, c'était pas à moi.

Jackson fronça cette fois-ci les sourcils à cause des mots, mais pas seulement : le raté qu'il perçut dans les battements de son cœur lui en dit beaucoup par rapport à ce mensonge dont il ne comprenait pas l'émergence soudaine. Alors... Il avait véritablement eu honte de ce qu'il avait vu, lui, Jackson Whittemore. Honte qu'il ait été témoin du déballage de ses affaires. Et s'il sentit qu'il y avait autre chose, que sa crise n'était pas uniquement due à ça, il choisit de mettre cette pensée-là de côté pour l'instant.

- Pourquoi tu mens ?

Les mots lui avaient échappé, comme toujours. Jackson, brutal d'honnêteté, disait toujours ce qu'il pensait et n'hésitait que rarement à mettre en voix les interrogations qui malmenaient son esprit. Le problème là-dedans, c'est qu'il manquait toujours de tact et que cela lui causait parfois du tort.

Là, en l'occurrence, Stiles se crispa et le regarda, une sorte de terreur sourde brillant dans ses yeux, empestant soudainement dans son odeur. Et Jackson comprit qu'il avait malgré lui touché quelque chose d'important du doigt. La preuve en était que les mains de l'hyperactif venaient de recommencer à trembler. C'était léger, discret mais pour Jackson, impossible à ne pas remarquer.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 12 ⏰

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