Chapitre I

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Désireux de faire bonne impression dès le premier jour, Sasuke se leva tôt, ayant ainsi le temps de se préparer - et de finir ses bagages. Rendu un peu groggy par une nuit comme d'habitude trop court, il commença par aller prendre une douche puis s'habilla, assez sobrement : un simple jean noir et une chemise blanche qui, bien que serrée aux épaules, lui allait assez bien.

Les volets de la salle de vie étaient bien ouverts, ce qui, malgré l'heure, ne le surprenait pas vraiment. Son "colocataire", un éternel insomniaque, était bien souvent levé avant le soleil, qui était à côté de lui un flemmard enchaînant les grasses matinées. Il se demandait parfois comment il parvenait à tenir un rythme aussi infernal. Kabuto était psychiatre et travaillait dans un hôpital situé en centre-ville, soit à presque une demie-heure de transport en commun. Il se levait toujours bien avant lui et partait rarement se mettre au lit avant lui. Pourtant, il parvenait à enchaîner les journées dans des conditions désastreuses : dans le manque de budget, de personnel, dans la dépression et la mort, tous les jours. Le plus remarquable était sûrement qu'il puisse continuer à sourire malgré tout cela, à aimer sa vie qui ne semblait qu'un ramassis de problèmes et de déceptions.

Cela faisait un bout de temps qu'ils ne s'étaient plus croisés, au final. Il avait voulu rester éveillé la veille pour le croiser et ainsi lui dire au revoir, mais il avait fini par s'endormir, rassuré par le silence et la douce odeur d'encens qui régnaient toujours dans l'appartement de Kabuto. Ses lèvres se soulevèrent en un léger sourire lorsqu'il aperçut la petite carte posée sur la table contre un sachet brun de boulangerie. Bien sûr, il avait pensé à lui, comme toujours. C'est ce qu'il faisait depuis le début, depuis le jour où il s'était présenté à lui avec ce petit sourire rassurant qui semblait dire : je sais ce que c'est, je suis passé par là moi aussi. Et là encore, après l'avoir hébergé, nourri, habillé, après avoir tout fait pour lui, il lui laissait un mot pour l'encourager et le pousser vers le haut. C'était à ce genre de choses qu'on voyait que le psychiatre était quelqu'un de profondément bon, le genre de personne qui aidait les autres sans jamais rien attendre en retour, qui rougissait, gêné, quand on le remerciait et tentait par tous les moyens de vous convaincre que ce n'était au final que peu de choses.

Il allait lui manquer, au fond.

Sasuke mangea rapidement le croissant doré, encore légèrement tiède, puis alla rassembler ses maigres affaires. A vrai dire, il n'avait pas grand chose lui appartenant, si ce n'est un vieux portefeuille en cuir usée ne contenant que sa carte bancaire ( d'une utilité assez réduite étant donné qu'il n'avait presque rien à dépenser ), sa carte d'identité, refaite récemment et un peu de liquide ( au cas où ). Il y avait aussi, tout au fond, deux photos froissées qu'il évitait de regarder, mais qu'il gardait quand même là, près de lui. Bien sûr, il avait aussi son téléphone, qui était un énième cadeau de Kabuto, quelques vêtements, ses Docs Martens aux semelles limées par trop de kilomètres, et, le plus important, une tablette de chocolat que son ami avait glissé entre deux paires de chaussettes. Il rangea ce peu de choses dans son vieux Eastpak, lui aussi fatigué de la longue vie qu'il avait vécu. Voilà, c'était tout ce dont il avait besoin, c'était tout parce qu'il n'avait rien d'autre. Pourtant, alors qu'il allait franchir le pas de la porte, il hésita. Allait-il vraiment quitter comme un voleur l'homme qui avait tant donné pour lui, tout ça pour aller travailler chez un pur inconnu ? La réponse était oui, évidemment que oui, il ne pouvait pas rester ainsi toute sa vie, à dépendre de sa générosité alors que lui n'avait rien. Et puis, Sasuke n'était pas du genre à oublier ce que les autres faisaient pour lui et il était bien décidé à enfin rendre à Kabuto ce qu'il lui devait. Il revint tout de même sur ses pas et lui laissa quelques mots de sa belle écriture aux boucles soignées, signant de son prénom et de son initiale, comme il en avait l'habitude. Et il s'éloigna d'un pas rapide, finalement désireux de s'éloigner au plus vite de la senteur devenue entêtante de l'encens et des bougies.

My lovely maid ( 1e version )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant