Chapitre XIII

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La suite de leur histoire n'était pas vraiment plus glorieuse : ils avaient vécus, ballotés d'orphelinat, de foyer éducatif, de familles, jusqu'à ce que, finalement, un homme propose de les adopter, tous les deux. Beaucoup de couples aimants étaient prêts à accueillir un enfant en détresse, mais eux ? Personne, absolument personne, ne voulait d'eux. On ne voulait pas de ces deux enfants bizarres, avec leur passé tragique et leur regard noir, et encore moins quand l'un était connu dans tous les pays pour être un tueur, même si c'était par légitime défense.

Et pourtant, cet homme, veuf, sans enfants, avait proposé de les prendre avec lui, définitivement.

Ils ne le connaissaient pas, devraient quitter leur ville natale pour le suivre, habiter dans un autre endroit, avec cette figure paternelle de substitution. Mais ils savaient pertinemment qu'on finirait par les séparer, qu'on les arracherait des bras l'un de l'autre pour confier Sasuke a une famille agréable, pour pousser Itachi à rester là où on pouvait le surveiller. Alors, ils n'avaient pas vraiment hésité avant d'accepter, le choix se révélant bien plus facile quand on avait qu'une seule option à disposition...

Et assis sur le siège arrière de la voiture, Sasuke se souvenait clairement de s'être retourné, hésitant à jeter un dernier regard à sa ville, leur ville, celle qui les avait vu naître, grandir, évoluer. Mais comme la main de son frère s'était posé sur son épaule, il s'était résigné et s'était rassis sagement à ses côtés, le regardant avec ce mélange d'admiration et de peur qu'il avait fait naître en lui. Itachi n'avait pourtant jamais été un enfant compliqué : sage et discret, bien élevé et poli, intelligent, cultivé, respectueux, bon dans tous les domaines... Il n'était pas de ceux qui se battaient dans la cour de primaire, n'était pas non plus de ceux qui étaient toujours assis à proximité du bureau du principal de son collège. C'était un enfant comme tous les parents en rêvent, un coeur doux dans un corps sportif, bienveillant et attentionné...

Il n'avait jamais été violent, pourtant il n'avait pas hésité une seule seconde à le devenir

Pour lui

Était-ce donc de sa faute, au final...?

La sensation commença de son bras, plus précisément du creux de son poignet droit et opéra une ascension fulgurante pour envahir tout son corps. C'était... comme une brûlure, oui voilà. C'était un peu comme la fois où, alors qu'il jouait dans le salon, il avait trébuché et s'était rattrapé.... Au poêle en marche... Il avait pleuré et serré sa main contre lui comme si cela pouvait faire disparaître la douleur, et puis son frère était venu et l'avait emmené sous l'eau froide.
Mais rien ni personne ne vint calmer le feu de broussailles que le vent ne faisait que propager encore plus.

Alors, ils avaient grandis dans cette nouvelle maison, dans ce petit village de campagne qui ne comptait pas grand-chose d'autre que quelques maisons et une boulangerie minable. Tous les matins, ils sortaient dans l'air frais et marchaient le long du canal jusqu'à atteindre l'arrêt de bus. Et alors qu'ils attendaient, debout au bord des hautes herbes, il semblait que deux nouveaux petits lampadaires avaient poussé là. Il se souvenait encore du visage de son frère, que la lumière de l'ampoule orange au-dessus d'eux découpait en de multiples faces aux arêtes tranchantes.

Et quand le bus arrivait, ils s'asseyaient toujours aux mêmes places, avec Itachi du côté de la fenêtre. Il s'asseyait toujours du côté de la fenêtre. Et, pendant le trajet, son regard se perdait sur le bitume noir, et il posait sa tête contre la vitre, même quand elle était froide. Sasuke, lui, se rapprochait le plus possible et posait la tête sur son épaule, où il somnolait tranquillement. Plus tard, ils écouteraient leur musique ensemble, partageant de vieux écouteurs noirs, dont l'un rafistolé par un bout de scotch. Et puis, ils se séparaient, parce que lui était encore trop petit pour aller au collège, alors il se retrouvait seul avec son sac à dos, qui prenait la place d'Itachi prêt de la fenêtre.

My lovely maid ( 1e version )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant