Chapitre XI

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Le colosse lui ouvrit la portière et lui indiqua de descendre, non sans lui jeter un dernier regard méfiant. Naruto ne fit pas d'histoire et marcha en silence, fixant un point sur le dos de l'Uchiwa devant lui, insensible au balancement de ses longues mèches noires. Il marchait d'un pas décidé, traversant sans la moindre hésitation le parking goudronné de l'hôpital. Évidemment, le blond connaissait ce bâtiment sinistre, là où il avait laissé une part de lui, dans le bureau de cet étrange docteur... Mais là, ce qui l'impressionnait, c'était le naturel des deux hommes, qui avançait, quoiqu'avec empressement, dans un naturel terrifiant. Ils ressemblaient à n'importe quel couple venant voir un proche pour lequel il s'inquiétait, tout simplement. C'était d'ailleurs pour cela que des types aussi fous vivaient librement dans les rues de la ville, parce qu'ils savaient ressembler à n'importe quel autre citoyen, parce qu'ils auraient pu être n'importe quel homme dans le métro, se rendant à un travail insipide en faisant la gueule. Et ça, ça c'était terrifiant, parce que les deux partenaires étaient clairement ravagés, du moins assez pour rentrer chez quelqu'un et le menacer gratuitement à l'arme à feu. Parce qu'aucun passant n'aurait pu se douter du revolver qu'ils avaient en poche, chargé et prêt à tuer.

Enfin, maintenant qu'il y pensait, ce n'était pas totalement vrai de comparer cet Itachi à la banalité. Parce qu'il avait, malgré sa petite taille et sa silhouette fluette, une autorité naturelle qui poussait les gens à s'écarter de son passage, à s'immobiliser pour le regarder passer, les yeux grands ouverts. Pourtant, son physique n'était pas d'un grand exotisme : des cheveux sombres, des yeux inexpressifs, un teint pâle... Mais il avait selon lui quelque chose de différent, un pouvoir gravé dans les rides de son visage, qui prenait son vol du coin de ses yeux, dans ces deux pupilles mystérieuses, dans cet air neutre empli de mensonges. Comment aurait-il pu en être autrement ? C'était un Uchiwa, lui aussi, et encore plus dangereux que Sasuke ne l'avait jamais été. Parce que son grand frère était connu dans le pays pour avoir tué alors même qu'il baignait encore dans l'innocence enfantine.

Il aurait dû continuer à avoir peur pour sa vie, à chercher un moyen de s'enfuir, de demander de l'aide, mais il ne fit rien d'autre que les suivre. Son instinct de survie s'était tu, il n'y avait en lui qu'un abîme béant, ce putain de vide qu'il n'avait jamais pu combler. Enfin... Il l'avait rempli, lui, ce vide, mais simplement pour qu'il est encore plus mal par la suite, lorsqu'il se retrouverait à nouveau seul... Étrangement, il se moquait un peu de ce qui lui arriverait, pourvu que cela soit sans trop de douleur. Naruto en avait assez de souffrir, il avait renoncé à se battre depuis bien longtemps déjà...

Un court échange d'un ton autoritaire à la secrétaire, et elle les autorisa à passer après leur avoir indiqué un numéro de chambre. Que voulaient-ils faire ici, au juste ? Y avaient-ils dans les murs décolorés de cet hôpital quelqu'un dont le sort était assez urgent pour détourner ses bourreaux de lui ? Avec un étrange malaise, il se rappela de l'amo psychiatre du noiraud, et du fait qu'il travaillait ici, lui aussi. Alors...Était-ce pour lui ? Comptaient-ils, lui aussi, l'intimider, voir pire, pour enfin savoir où se trouvait Sasuke ? C'était plausible, et même plus intelligent que de venir le voir lui. Si le noiraud avait prévenu quelqu'un de sa fuite, c'était forcément son unique ami aka ex-psychiatre. Peut-être même était-il retourné le voir la queue entre les jambes pour se plaindre que Naruto l'avait menacé...

Il esquissa un petit sourire cruel à cette pensée, et s'arrêta brutalement pour ne pas percuter Itachi, qui s'était subitement arrêté devant l'une des portes numérotées. Ses jointures émigrent un bruit étrange sur la porte, comme s'il n'y avait pas assez de chair sur ses os pour étouffer le contact avec le bois. Puis, il abaissa la poignée et ouvrit la porte, laissant un rayon de lumière blafarde se déverser dans le couloir que les spots clignotants dotaient d'une luminosité relative. Ne sachant pas ce qu'il était censé faire, et très peu désireux de faire la moindre action pouvant déplaire aux deux hommes, il resta planter là et observa le noiraud s'enfoncer seul dans la pièce.

My lovely maid ( 1e version )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant