Chapitre XVII

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/!\ Ce chapitre fera mention de sujet difficile ( violence, viol, etc) /!\

Faîtes attention à vous, en particulier s'il s'agit de sujets sensibles pour vous. Si vous ne souhaitez pas lire ça, vous pouvez passer directement au chapitre suivant, où un rapide résumé vous expliquera ce qu'il s'est passé <3


C'était un jour d'hiver, il s'en souvenait parce qu'en se levant, le monde, qui se résumait à la vue de sa petite fenêtre, était devenu blanc. Il s'était vite habillé et s'était dépêché de finir sa corvée de vaisselle, essuyant et rangeant avec empressement les nombreuses assiettes avant de déposer avec le moins de bruit possible les couverts dans le grand tiroir prévu à cet effet. Alors enfin, il enfila sa petites paires de baskets, qui l'accompagnaient partout et en toute saison, étant de toutes façons sa seule paire de chaussures, attrapa son manteau et l'enfila. Il n'était pas très chaud, mais il le protégerait un peu contre le froid hivernal et l'empêcherait peut-être de tomber malade, cette fois-ci. Lui, il aimait bien la neige, c'était amusant de jouer dedans et c'était beau quand, par la fenêtre de sa classe, tout était blanc et pur. Mais c'était la seule chose d'agréable en hiver, parce qu'ici, personne n'aimait la mauvaise saison et son froid redoutable. On grelottait sous la couette, on tombait malade sur le chemin qui nous emmenait à l'école, l'eau de la vaisselle leur laissait les mains gelées... Apparemment, ce n'était pas le cas pour tout le monde, car les enfants de sa classe ne s'en plaignaient jamais, au chaud sous les gros pulls et l'épais manteau que leur enfilaient leurs parents chaque matin. Et même s'ils se moquaient souvent du sien, lui l'aimait beaucoup, parce que sa mère l'avait recousu avec amour, refermant patiemment le trou dans sa manche, réparant sa fermeture éclair déchirée.

Il aurait aimé passer la journée dehors et continuer à marcher dans la poudreuse comme il le faisait, mais il ne voulait pas retomber malade une nouvelle fois, aussi se décida-t-il à rentrer. Il était précisément 7 heures 45, il le savait parce qu'il pouvait lire les aiguilles, maintenant. Au début, même en se concentrant, il n'arrivait pas à distinguer l'heure ; ce n'est pas parce qu'il ne savait pas le faire, mais que le flou habituel dans lequel il vivait l'en empêchait. Ca n'avait pas plu à sa mère, parce qu'il était encore debout à l'heure où il devait dormir, mais elle ne l'avait pas grondé et avait attrapé ses lunettes pour les poser sur son nez. C'était la première fois depuis son arrivée qu'il voyait clair, alors il était content, même s'il s'était senti un peu coupable de lui voler sa vue. Alors, maintenant, pour la remercier, il faisait bien attention à lire l'heure, et elle était très fière qu'il respecte les horaires de l'orphelinat.

Même ici, les autres enfants se moquaient de lui quand il appelait la directrice " mère", bien qu'il ne comprenne pas totalement pourquoi. Les autres ne le faisaient pas, mais elle lui avait assuré que c'était bien comme ça, alors il était un peu perdu. Et puis il fallait dire que les autres étaient différents, à moins que ce soit lui qui l'était. Souvent, le soir, dans les dortoirs, ils parlaient en chuchotant, pour ne pas se faire gronder, de leur ancienne vie ; ils évoquaient leurs parents, leurs familles, la maison dans laquelle ils avaient habité. Mais comme lui n'avait aucun souvenir de tout ça, il ne participait pas à la discussion, et s'en sentait un peu exclu. Il se demandait souvent à quoi ils ressemblaient, ses parents, et pourquoi ils n'étaient jamais venus le chercher. Il se souvenait d'avoir erré dans la rue, en tendant la main à des gens trop grands pour leur demander de l'aide. Comme tout le monde l'ignorait, ne lui accordait même pas un regard, il s'était un instant demandé s'il existait réellement, s'il n'était pas qu'un fantôme qui transperçait la foule. Mais un gentil monsieur s'était arrêté et s'était baissé à sa hauteur, parce qu'il était petit, encore plus que les autres enfants. Il lui avait demandé s'il était perdu, il avait répondu qu'il ne savait pas. Il lui avait demandé où étaient ses parents, il avait répondu qu'il ne savait pas. Son prénom ? Il ne savait pas. Où habitait-il ? Non plus. Il l'avait pris par la main et l'avait emmené dans un endroit où il faisait chaud, surtout qu'il était assis à côté d'un radiateur. Le gentil monsieur était parti, et on avait fini par le conduire ici, à l'orphelinat.

My lovely maid ( 1e version )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant