11 Cassiopée

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Garée devant mon ancienne salle de danse je me rends compte que c'est maintenant fermé, j'ai pleuré trop longtemps en oubliant ce détail.

— Merde, j'avais bien envie de danser, c'est fermé.

— Pas pour moi, rigole Jules en sortant avec sa vitesse de vampire.

Il va pas faire ça ? Bien sûr que si, ce mec est fou. J'ai pas besoin d'attendre longtemps, la lumière s'allume et la porte s'ouvre sur Jules qui agite ses doigts comme un petit enfant.

Je descends en courant toute contente en disant qu'il est trop fort, il me fait une révérence quand je passe devant lui avant de refermer la porte.

Je me sens tout de suite bien, je tourne sur moi-même en écartant les bras. Je respire l'odeur du parquet, je ressens toutes les vibrations à chaque pas. Cette sensation de liberté est là, comme avant. J'ai pas dansé depuis la mort de ma mère et ça me manque. Je sautille jusqu'à la tour de son, je choisis une bonne musique assez rythmée, j'ai tout de suite tout le corps qui bouge.

Je rejoins le milieu de la salle avec plusieurs acrobaties avant d'atterrir devant les grands miroirs qui surplombent le mur. Je ferme les yeux en détendant mes épaules, je laisse la musique glisser en moi et je danse.

Je connais cette chorégraphie du bout des doigts, cette merveilleuse sensation est là, je la sens. Cette explosion d'endorphine, de dopamine, le bien-être, la bonne humeur coule dans mes veines. Ça fait si longtemps.

Plus rien n'existe, je suis seule, je garde les yeux fermés en enchaînant mes mouvements. Je suis transportée dans un autre monde, un monde sans douleur, sans problème, sans cauchemar.

Je me sens vivante et libre, mon esprit s'apaise.

J'ai l'impression d'être un enfant, comme les petits qui sautent partout dès qu'ils entendent une musique. On peut exprimer tellement d'émotions dans nos gestes, nos corps parlent pour nous et j'adore ça.

On peut faire des erreurs, ce qui compte c'est le plaisir. Je trouve que c'est la meilleure des thérapies quand on va mal. C'est ma libération.

Je termine avec un grand sourire sur les lèvres, j'en avais besoin. Pendant dix minutes j'étais normal.

— Allez Jules, danse avec moi !

Lui qui était adossé contre le mur se redresse pour avancer tranquillement vers la tour de son, il met une vieille musique française en se tournant vers moi.

— J'ai cru que tu allais t'envoler, c'est quoi cette manie de faire des gestes avec vos mains. Je vais te montrer la danse, la vraie danse.

Il est déjà en face de moi à tenir dans le dos d'une main et de prendre ma main gauche dans la sienne.

— T'es sérieux, une valse ! Merde il faut te remettre à jour.

Il me lance un regard noir avant de m'emmener avec lui. Je reprends mon sérieux quand je vois qu'il est pas là pour rire. Je préfère nettement la danse contemporaine mais je le laisse me guider. Il se tient tellement droit, parfois il me fait un clin d'œil en éclatant de rire avant de reprendre son sérieux.

C'est assez amusant de voir un vampire prendre plaisir à faire ça. Je fais exprès de lui écraser les pieds en restant sérieuse mais il est pas bête, il me rapproche de lui en me tenant par la hanche avant d'accélérer. J'arrive plus à suivre tellement il va vite, je crois même qu'il me soulève et sa super vitesse nous fait danser. Tout devient flou autour de moi et je rigole en disant qu'il triche et que c'est une danse de vieux.

J'ai l'impression qu'on va nous entendre à des kilomètres sous nos éclats de rires quand soudain il s'arrête. Je vois sa tête se tourner vers l'extérieur avant de voir un sourire sur ses lèvres.

CASSIOPÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant