CASSIOPÉE

52 Cassiopée

Cassie réveille-toi.

Sa voix profonde, chaude et grave se fraye un chemin dans mon esprit, autour de toute cette douleur qui m'enveloppe. Je brûle. J'ai chaud. On dirait que quelqu'un s'amuse à me brûler avec un chalumeau, non un lance-flammes. Ou que je suis carrément dans un bûcher à rôtir comme un poulet.

Je sais que tu as mal. Ça va passer.

J'arrive pas à bouger, je veux me débattre mais je suis ligotée. Enchaînée. J'ai l'impression que je risque de me briser en mille morceaux au moindre mouvement. Je crois que je pleure, je crie sans m'arrêter quand soudain tout disparaît. D'un coup je flotte, mon agonie est terminée.

J'ouvre les yeux en me souvenant de tout, ma fille, Jace, ma transformation.

Deux visages sont face à moi, ils m'observent avec attention. L'inquiétude que j'ai aperçue est vite remplacé par un grand sourire. Ils sont magnifiques.

Je me redresse avec une sensation de puissance incroyable. J'ai jamais ressenti ça.

Une odeur délicieuse me met en transe, ça sent tellement bon. J'avance sur le lit à quatre pattes pour descendre. Tout est tellement vif, coloré. J'entends dans la toiture qu'il y a une fuite. Chaque goutte qui tombent résonne. Un chien aboie en enfonçant ses ongles dans la terre quand la sonnette de ses maîtres retenti. On dirait que je suis à côté de lui.

Je regarde mes pieds qui se posent sur le carrelage sans ressentir la moindre chaleur. Je lève la tête en tournant sur moi-même. On dirait qu'il neige.

— Vous avez vu ça les mecs !

Je vois chaque particule de poussière flotter autour de moi. Avec le reflet des rayons du soleil c'est magnifique.

— Comment tu te sens ?

Je sens un lien s'étirer dans mon esprit. Comme un fil qui me pousse vers lui. Jace.

Bordel, il a jamais été aussi attirant. Sa beauté me coupe le souffle. Mon souffle ? J'essaye de respirer mais j'y arrive, j'en ai pas besoin.

Toi aussi tu sens tellement bon.

Deux crocs sortent, je les sens toucher ma lèvre. Je passe mes doigts dessus, en me rendant compte que mon cœur ne bat plus.

— Je me sens bien. Mon cœur ne bat plus.

— Bienvenue dans notre monde, s'exclame Roméo. Tu es un vampire. Comment c'est dans ta tête ?

— J'entendais déjà tous ses bruits mais je me rends compte que c'est carrément différent maintenant. Même ma vue est différente. J'arrive à voir tout.

— Tu vas apprendre à faire abstraction des choses sans importance. Au début c'est toujours difficile de se concentrer sur un point, m'explique Roméo.

Je lève ma main pour caresser ses petites particules qu'un humain ne peut pas voir.

— Tu réagis très bien. Ton côté hybride était beaucoup plus présent que tu ne le pensais. Nourris-toi.

J'entends un sachet s'arracher, ma tête tourne brusquement vers Jace qui tient une poche de sang. L'odeur m'envahit, mes marines frémissent. Je me jette dessus en sentant ma gorge s'assécher. La couleur est parfaite, le goût est merveilleux. Je le porte entre mes lèvres pour me délecter de ce goût. C'est parfait. J'avale tout sans m'arrêter. J'ai jamais rien mangé d'aussi savoureux.

Encore !

J'ai pas parlé mais Jace me donne déjà un suivant, je déguste ce nectar en regardant Jace dans les yeux. Une chaleur monte en puissance dans son corps et dans mon ventre. Ses yeux verts étincellent de désir. L'odeur du sang dans la pièce disparaît, on dirait du sucré, comme un glaçage de gâteau avec un mélange d'épices puissante. Sa poitrine se soulève avec force, ses narines se dilatent, lui aussi le sens ?