CASSIOPÉE

16 Cassiopée

 — Cassie ! Allez bois !

Je sens qu'on me secoue dans tous les sens, je regarde Jace, son visage est au-dessus de moi, il a l'air inquiet, il est tellement beau, il a vraiment un visage magnifique même si il est flou.

J'avale ce qu'il me donne, un liquide coule dans ma gorge, c'est assez épais et super bon. Des picotements réchauffent mon corps, j'arrive à voir son visage, il paraît plus net.

— T'es vraiment beau.

— C'est pas le moment, tu es encore plus pâle que moi, j'ai eu... peur.

Je rigole légèrement quand j'entends ça.

— Arrête, peur de quoi ? T'as pas de sentiments.

— Ferme là et bois, ordonne sèchement Jace en posant quelque chose sur ma bouche.

Une nouvelle fois un liquide coule dans ma gorge, je ferme les yeux en le dégustant.

— C'est quoi ? J'aime bien.

— Mon sang.

Du sang ! D'un coup je reprends mes esprits, tout me revient en mémoire, Levis, le casino, sa morsure. Je me redresse en le repoussant, j'ouvre grand les yeux quand je vois mon corps nue qui baigne dans mon sang. Je me dépêche de prendre un drap pour me couvrir en l'insultant de pervers détraqué. J'essuie ma bouche en crachant le sang qu'il me reste par terre.

— C'est dégueulasse ! Merde, je t'ai dit que je voulais pas boire ton sang, je suis pas un putain de vampire.

— Bon, pas de doute, c'est bien toi, rigole Jace en m'observant.

Bien-sûr que c'est moi ! Je passe la main sur mon cou, je ne sens plus rien, tout a cicatrisé et je suis toujours humaine, enfin presque.

— Mais qu'est-ce qui s'est passé, d'un coup je me suis sentie mal, j'arrivais plus à parler, ni à me défendre.

Je me masse les tempes quand une douleur traverse ma tête, d'un coup je ressens tout, l'air change. L'odeur du sang, du fer est bien présente mais j'arrive à sentir les odeurs de nourritures jusque dans les cuisines. Je sens aussi l'odeur des produits ménagers. La femme de chambre est en train de laver les chambres vide. L'odeur de la javel me pique légèrement le nez. C'est incroyable, on dirait que c'est juste à côté de moi.

J'entends des voix dans ma tête, j'entends les voitures rouler, même les oiseaux voler dans le ciel. Tout bourdonne dans mes oreilles, c'est encore pire qu'avant. J'ai un sourire aux lèvres quand j'entends la conversation de deux employés qui se plaignent de la patronne. Andréa, je ne suis pas la seule à ne pas l'aimer.

J'ai l'impression de mieux voir également, tous mes sens sont en alertes et décuplé. Je resserre le drap sur moi qui glisse en faisant un nœud, Jace me regarde avec ses canines sortis et ses yeux étincelant.

Les couleurs ont l'air plus net, plus fraîche, plus vives. Je ne peux pas m'empêcher de regarder Jace, c'est le même qu'avant mais je vois ses cheveux briller, chaque ligne de son visage me fascine. Je suis le mouvement de son corps quand il bouge, il a un charme incroyable, je le trouve plus que parfait même si il a l'air plus pâle qu'avant.

J'entends chaque vibration de ses cordes vocales. Je vois chacune de ses mèches de cheveux s'ébouriffer quand il passe ses doigts dedans. L'odeur de son savon se propage dans mon nez. Je crois que je bave, il sent terriblement bon.

— Tes yeux Cassie. Qu'est-ce que tu ressens ?

— Ton gel douche, j'aime bien l'odeur.

— Je parle pas de ça !

Ah merde ! C'est pas le moment, il a raison.

— De la puissance. J'ai bu beaucoup ?

— Assez pour m'affaiblir oui.

Je tourne la tête quand j'entends un craquement d'os, c'est Levis qui a le cou brisé allongé par terre, il se réveille. Très rapidement je saute sur lui avec rage, ma main s'enroule autour de son cou pour le soulever en le claquant dans le mur.

— Qu'est-ce que tu m'as fait ? J'ai bu ton verre.

Je sens mes doigts s'enfoncer dans sa chair, mes ongles perforent son cou, son sang coule sur mes doigts et ma main, il se débat mais quand son regard se plante dans le mien il s'arrête aussitôt.

— Tes yeux... Je comprends mieux pourquoi ça ne t'a pas tué, tu es l'hybride, souffle Levis complètement étonnée.

— Oui c'est moi enfoiré de vampire de merde. Et tu vois je suis en colère là.

Je le serre tellement que sa trachée est en train de s'arracher, ma main est quasiment à l'intérieur de sa gorge.

— J'aurai dû y penser, marmonne Jace, il t'a drogué, certains vampires utilisent des mélanges de puissantes drogues avec du plasma et du coagulant, ça te tue aussitôt mais ton côté vampire à ralenti le processus.

Putain de bâtard, je ne suis pas aussi tolérante à la drogue que je le pensais. Et dire que j'ai bu presque deux verres.

— Jace pose lui tes questions avant que je le tue, hurlé-je en sentant tout mon corps chauffer.

Je me retiens de ne pas le tuer maintenant, tout ce que je ressens en ce moment c'est de la rage, je veux juste le détruire, j'arrive plus à me concentrer sur la conversation, tous les bruits de l'extérieur reviennent bourdonner dans mes oreilles. Je ferme les yeux de toutes mes forces en me concentrant juste sur les battements de mon cœur pour me détendre. Petit à petit cela fonctionne, ma respiration se calme et j'arrive à entendre Jace parler, le sang de Levis coule le long de mon bras en s'imprégnant sur le drap.

— J'ai mon nom.

Il m'en faut pas plus pour lui arracher d'un coup sec la tête, j'entends sa tête craquer de nouveau, elle tombe sur le côté en roulant, tout son sang gicle sur moi alors que j'ai encore une partie de sa gorge dans mes mains avec son corps.

— Oh bordel de merde !

Je lâche tout en comprenant que j'ai décapité un vampire avec la force d'une main.

— Cassie, ça va d'accord. L'effet va passer.

Je secoue la tête en pleurant, sa main se pose sur mon épaule, je le repousse en me tournant vers lui en hurlant.

— Pourquoi t'as fait ça ! J'ai pas envie de devenir un monstre ! Mais regarde ce que j'ai fait Jace. Tu aurais dû me laisser mourir. J'avais de la haine, je voulais lui faire mal ! Pas comme avant.

D'un geste brusque il me prend dans ses bras en caressant mes cheveux et mon visage tendrement.

— Ça va passer, je t'assure. Tu allais mourir si j'attendais, je pouvais pas te voir comme ça, ni te laisser mourir. Il mérite ce qui lui est arrivé. Tu es toujours la même.

— Dis-moi que mes yeux n'étaient pas orange Jace, s'il te plaît, j'ai pas envie d'être comme ça.

Ses pouces caressent mes joues lentement, il penche doucement sa tête sur le côté, je vois une de ses mèches tomber sur son front. Il a cette façon de me regarder qui m'apaise, un regard tendre, rempli de douceur, j'ai l'impression d'être dans les bras d'un homme, un vrai homme.

— Non, ils étaient juste verts. Pas orange, vert.

Bon sang, tant mieux. Je me mets sur la pointe des pieds pour déposer un bisou sur sa joue.

— Merci d'être arrivé à temps.

Il tourne sa tête pour regarder ma bouche entrouverte encore près de sa peau. Un frisson m'envahit, mon cœur bat rapidement, quand je pense qu'il va m'embrasser il se recule en prenant le plus d'espace possible. J'ai horriblement chaud, mon ventre se contracte, j'ai un puissant désir de faire l'amour qui augmente.

— Je vais te chercher des vêtements, on rentre, Andréa va se démerder pour le nettoyage.

Je reprends mes esprits, sa voix est froide et un peu trop sèche. Le vampire Jace est de retour.