Le jeune homme se redresse difficilement.
Complètement affalé sur la banquette, qui lui sert accessoirement de lit au passage, il soupire pour la quinzième fois depuis cinq minutes. La pluie battante tape contre le carreau de la vitre juste à côté de lui, tandis que quelques éclairs parsèment le ciel. C'est un temps torrentiel qui s'abat sur la ville, et son logement présente quelques soucis d'isolation.
Malgré la saison estivale, il crève totalement de froid, et se recroqueville sous sa couette, ponctuée de plaids récupérés ici et là.
Certains viennent de chez sa mère. Des couvertures qu'elle lui donne dès qu'il lui rend visite, juste pour s'assurer qu'il ne retourne pas à la ville sans rien. Un comportement de maman protectrice en sommes.
Et aujourd'hui, Izuku est bien heureux de les posséder. Quand il s'enroule dedans, tel un adolescent brisé qui pleure toutes les larmes de son corps, il a la sensation qu'elle est là, pour le serrer tout contre elle. Il peut presque l'entendre lui chuchoter des paroles réconfortantes au creux de l'oreille, avant qu'elle ne parte s'activer en cuisine, pour lui réchauffer un plat cuisiné spécialement pour lui et son moral en charpie.
Seulement, il est complètement seul dans son appartement, et n'a pas appelé sa mère depuis plus de quinze jours. Déjà parce qu'il ne voulait pas l'inquiéter, et que le ton de sa voix dissimule difficilement sa tristesse. Et puis, aussi parce que le musicien a légèrement perdu la notion du temps.
D'après Shoto, qui est venu lui rendre visite hier soir, comme à peu près tous les jours depuis quelque temps, il n'est pas allé au travail depuis cinq jours. Peut-être est-ce pour ça que son mobile se réveille parfois, et que l'écran s'allume.
De toute manière, il n'a ni la force ni l'envie de regarder qui le contacte. Il ne supporte pas encore l'idée de voir leurs noms s'inscrire sur les messages, et n'a pas suffisamment fait son deuil pour réagir avec détachement.
Alors il se contente de pleurer de tout son soûl, et d'attendre que cette sensation pénible passe. Parce que tout finit par passer à un moment ou un autre. Il faut seulement se montrer patient pour que tout se déroule pour le mieux.
Enfin, ça, c'était son mantra au départ. Quand il s'est retrouvé seul la première nuit entre ces murs défraîchis, après que Denki soit parti rejoindre son rencard du jour et Shoto son compagnon, et qu'il a dû affronter la solitude.
C'était la première fois qu'Izuku était réellement seul, depuis pratiquement dix ans. Parce qu'il a vécu chez quelqu'un lors de ses études, ensuite chez Kaï, a bougé d'un appartement à l'autre quelques semaines, avant d'arriver chez eux. Même là-bas, avec sa propre chambre et ce qui avait été négocié au départ, il n'a jamais connu un seul instant d'isolement.
Kumo partageait régulièrement son lit, et il a même fini par dormir quelques fois entre Katsuki et Eijiro. Sans doute les meilleures nuits qu'il ait passé, même s'il essaye désespérément de ne plus y repenser.
À chaque fois que son esprit fait une petite balade, sur la ruelle de ses souvenirs, Izuku en ressort forcément meurtri et peiné. Tout l'attaque, à n'importe quel instant. Que ce soit la chaleur de l'étreinte du libraire. Le sourire du tatoueur. Leur gentillesse et tendresse à son égard. Les moments qu'ils ont vécu tous les trois. Et cette envie, continuellement présente et imprimée dans sa chair, de connaître la saveur de leurs lèvres. Il n'arrive réellement pas à se détacher de cette idée fixe, qui vire pratiquement à l'obsession, ne lui provoquant que plus de douleur et causant chez lui un état d'asthénie prononcé et inquiétant pour ses proches.
C'est sans doute pour ça que Todoroki a rajouté ça dans son emploi du temps quotidien désormais. Tous les jours, sans faute, il fait un crochet par le domicile de son meilleur ami, pour s'assurer qu'il se nourrit au moins un minimum et n'est pas tombé dans les vapes. Et le jeune homme doit avouer qu'il ne s'imaginait pas une seule seconde que la situation tournerait au vinaigre à ce point.
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Before Us [KiriBakuDeku]
FanfictionIl était presque arrivé à un stade où il n'y croyait plus. Pourquoi faire après tout ? Pourquoi continuer d'espérer en une chimère ? En quelque chose qui n'existe pas, à part peut-être dans les contes pour enfants. Dans ces histoires couvertes de pa...