La nuit commence déjà à bien tomber sur la ville, signe que l'heure se fait plutôt tardive.
Katsuki se retient autant que possible de souffler bruyamment, en fermant la portière de sa voiture. Crapahuter à des heures pareilles, ce n'est pas vraiment son genre. Il préfère de loin se poser chez lui tranquillement, à cuisiner paisiblement. Auparavant, c'était juste pour son compagnon. Mais désormais, avec Izuku qui s'est joint à la troupe, ils sont maintenant deux garnements qui s'amusent à l'observer comme des gamins, avec des étoiles dans les yeux.
Au départ, il trouvait ça un peu gonflant, et admet volontiers avoir sérieusement douté de la situation qui progresse entre les murs de leur maisons. Accueillir un parfait inconnu, dont il n'avait pratiquement, si ce n'est jamais, entendu parler. C'était une idée tout à fait saugrenue, quand il y repense.
Mais la donne a changé, alors qu'Izuku intégrait une place qui semblait tout juste faite pour lui, dans leur petite existence. Même Kumo, qui n'est pourtant pas forcément tendre avec autrui, s'est accrochée à cette bonne âme, dont ils auront du mal à se séparer le moment venu.
Aujourd'hui, le blond au caractère un peu bourru, s'est habitué à cette douceur ambiante qui règne dans sa maison. À leurs éclats de rire, peu importe l'heure et le sujet. À ces échanges qu'ils peuvent avoir. Les longues conversations avec ce garçon, sur ses écrits qu'il rêve d'avoir la chance de publier un jour, ou juste leurs films favoris d'All Might. Il apprécie aussi lorsque Kirishima montre ses dessins à Izuku, dans une expression mêlée de peur et d'une certaine euphorie de partager son talent, tandis qu'ils discutent ensemble des points à améliorer, après une foule de compliment.
C'est bien trop surprenant que cela puisse lui plaire à ce point d'observer ceci. De se complaire dans un quotidien simple, sans chichi. Mais surtout une existence à laquelle une troisième personne s'est greffée, sans réellement le chercher.
Katsuki en a la quasi certitude : avec une autre personne, la colocation se serait déroulée d'une toute autre manière.
Et il aurait eu la flemme de venir se perdre au beau milieu des rues de la ville encore trop effervescente, afin de venir chercher leur locataire à la sortie du boulot, parce qu'il n'avait pas d'autre moyen de transport pour rentrer.
Seulement, lorsqu'Izuku s'est avancé vers eux quelques jours plus tôt, réellement gêné et un peu hésitant, en expliquant qu'il allait devoir laisser sa précieuse moto au garage sans autre possibilité pour revenir chez eux, le blond a eu un léger sourire. Kirishima a de suite compris que son petit ami venait de s'auto-déclarer meneur de cette opération, et qu'il se portait volontaire pour jouer les chauffeur de taxi.
« - N'empêche, il aura intérêt de faire la bouffe demain soir... »
En remontant un peu le col de sa veste, le blond grommelle dans son début de barbe, qu'il n'a pas eu le temps de raser depuis quelques jours. C'est rare qu'il se laisse aller de cette manière, mais parfois quand le temps lui manque, ou que ses pensées sont trop éparpillées, le libraire cède plus facilement à la tentation de « on verra ça plus tard ».
Malgré le fait qu'il n'apprécie pas plus que ça, lui donnant la sensation d'être à la dérive ou complètement négligé, c'est quelque chose qu'Eijiro aime tout particulièrement.
Le blond se remémore ce jour même, quand ils en débattaient ensemble dans la cuisine de bon matin, alors qu'il grognait qu'il devenait urgent de s'en occuper. Son compagnon maugréant discrètement, entre deux petits rires que ce n'était pas si catastrophique, et que ce début de barbe n'avait rien d'un look à la « Robinson Crusoé ».
Esquissant un léger sourire, tandis qu'il monte les escaliers menant au bâtiment du conservatoire, Katsuki repense à l'expression moqueuse d'Izuku devant leur petit numéro, qui s'est fait une joie d'approuver les dires de Kirishima. Jouant les charmeurs, avec une petite voix mielleuse, tout en passant un doigt curieux le long de la ligne de sa mâchoire, soulignant à quel point cela lui donnait un sex-appeal de folie. Ils se sont tous les trois mit à rire à l'unisson, avant que le musicien n'attrape un fruit à la va-vite clamant un petit « j'comprend pourquoi Eiji t'as mit le grappin dessus ! », et leur a souhaité une bonne journée en claquant la porte.
VOUS LISEZ
Before Us [KiriBakuDeku]
FanfictionIl était presque arrivé à un stade où il n'y croyait plus. Pourquoi faire après tout ? Pourquoi continuer d'espérer en une chimère ? En quelque chose qui n'existe pas, à part peut-être dans les contes pour enfants. Dans ces histoires couvertes de pa...