Before Us [KiriBakuDeku]

Chapitre 16

Ils n'ont pas imaginé une seule seconde le retrouver sur leur perron.

Lorsqu'ils ont tous les deux décidé de s'habiller, après une très longue conversation, qui les a franchement éprouvés, afin de se rendre au domicile d'Izuku... Katsuki et Eijiro ne s'attendaient pas un seul instant à le voir là.

Totalement décoiffé, les yeux cernés et visiblement faible sur ses jambes. Avec un visage dénué de son sourire habituel, et des taches de rousseur bien ternes. Un regard qui a perdu de son éclat, et une tristesse évidente, qui transparaît dans le moindre de ses gestes.

Bien loin de la personne qu'il a toujours dévoilé jusqu'à maintenant. Comme si le musicien ne savait plus qui il est ni même s'il parviendra à retrouver cette flamme qui l'animait jusqu'à maintenant.

Mais Izuku est là.

Devant eux, à attendre sans doute leur aval, pour effectuer le moindre mouvement. Il ne prononce même pas un mot, peut-être parce qu'il est totalement effrayé à l'idée d'émettre le moindre son. Ils savent tous les trois ce qui les relie aujourd'hui, et ce qui est à l'origine de leurs retrouvailles. Mais maintenant ? Que doit-il se passer ?

Katsuki se contente de le regarder, avec une certaine étincelle brillant dans les prunelles. Ou juste les vestiges de ses larmes, qui ont tant coulé, laissant une pellicule scintillante sur la surface.

Eijiro se mord la lèvre, sans grande douceur, et se raccroche à l'avant-bras du libraire, les yeux totalement écarquillés.

« - Salut... »

C'est un murmure, à peine audible et tout juste perceptible. Ils l'entendent faiblement, allant presque jusqu'à se demander s'il ne s'agit pas d'une simple hallucination de leur part. Après tout, ils ont tant rêvé de retrouver ce ton de voix, et ses intonations qui lui sont propres. Sont-ils si obnubilés, au point d'apercevoir tous les deux un mirage sur leur palier, qui leur adresse un simple petit « salut » sans réussir à ajouter quoi que ce soit de plus ?

Cependant, quelqu'un d'autre semble avoir discerné ce son unique, l'incitant à débarquer au quart de tour. Kumo arrive juste derrière ses maîtres, telle une furie qui aurait reçu le plus beau cadeau du monde. Elle n'attend pas une seconde de plus pour passer au milieu du couple, contrastant pleinement avec leur immobilité, pour se ruer sur le jeune homme, qui lui a terriblement manqué.

Les yeux de Deku s'ouvrent très grand, tandis qu'un sourire incontrôlable s'installe sur ses joues, tirant ses muscles faciaux sans pouvoir réellement avoir une incidence dessus. C'est instinctif, et semblable à une bouffée d'air frais.

Du moins, c'est de cette manière dont il le perçoit, quand le canidé lui saute dessus de toutes ses forces, le faisant chuter plus ou moins fortement sur le sol. Ses fesses rencontrent le béton, mais la douleur de l'impact est minime, par rapport à cette sensation qui commence à le réveiller petit à petit.

Et ce contact déclenche par extension son rire, qui pourtant se terrait très loin de lui. Il s'est longuement demandé s'il existait encore d'ailleurs. Et il semblerait que ce soit le cas.

Parce que là, complètement assaillis par un husky surexcité, qui couine comme si sa vie en dépendait, en se posant sur lui, ses éclats de rire n'en finissent plus de se frayer un chemin depuis ses cordes vocales. Comme si l'équation commençait progressivement à se reformer, et qu'il retrouvait tout ce qu'il a laissé en partant d'entre ces murs.

Les garçons sortent subitement de leur léthargie, eux aussi, pour se précipiter à la rescousse d'Izuku, qui s'en sort difficilement avec l'animal. C'est tout de même un beau bébé d'une vingtaine de kilos, qui s'excite sans parvenir à se calmer.