Juste Nous.

Chapitre 24

Nola

Nous nous rendons dans un autre hôtel afin d'y passer la nuit avant de reprendre la route le lendemain. Tony voulait continuer de rouler encore quelques heures avant de s'arrêter, m'intimant qu'il n'était pas fatigué et pouvait encore tenir le coup. Mais j'ai malgré tout insisté, lui disant qu'il avait tout autant besoin de sommeil que moi et que nous reprendrons la route dès la première heure. Miraculeusement, il a fini par accepter. L'hôtel où nous nous arrêtons est loin d'être comme ceux où j'ai l'habitude d'aller avec lui mais cela fera tout à fait l'affaire pour cette nuit. Je désire juste dormir quelques heures supplémentaires. Le stress que j'ai accumulé aujourd'hui m'exténue. Et Tony a également besoin de dormir, il dit aller mieux mais je ne suis pas sûre qu'il soit totalement rétabli. Et puis de toute façon, il doit dormir. Je ne le laisserai jamais conduire autant sans qu'il ne se repose.

Le jeune homme présent à l'accueil ne semble pas particulièrement joyeux d'être là. Il est assis sur une chaise, ses pieds sont posés sur le comptoir et il regarde un film sur son téléphone, ne prêtant pas attention à ce qu'il se passe autour. Il lui faut quelques instants avant de remarquer notre présence.

J'observe un peu autour pendant que Tony se charge des chambres. L'endroit aurait pu être plus agréable s'il était mieux entretenu. Deux fauteuils de velours sont installés autour d'une petite table basse sur laquelle reposent quelques magazines people et un comptoir en piteux état leur fait face. À part ça, le lobby est presque vide. Seuls quelques bibelots ornés de poussière et qui laisse à désirer complète la pièce.

- Bonsoir, deux chambres pour une nuit s'il vous plaît.

Le jouvenceau nous dévisage tour à tour avant de s'arrêter sur Tony. Malgré l'état de sa tenue, il n'a effectivement pas l'allure des personnes qui doivent séjourner ici. Et si je ne l'avais pas forcé, il ne se serait jamais arrêté dans un endroit pareil. Il est habillé d'une chemise blanche, avec les deux derniers boutons détachés et une seule des manches retroussée, chemise qui ressemble plus à un vieux chiffon qu'à une chemise tout droit sortie du pressing tant elle est froissée et d'un jean. La montre hors de prix à son poignet indique qu'il a les moyens d'aller ailleurs, dans un bien meilleur hôtel. Quant à moi, ma tenue laisse autant à désirer. Je ne porte qu'un vieux pantalon de yoga et un t-shirt que j'avais volé dans les affaires de Tony à Boston. Je m'accorde totalement avec le look dépravé de cet hôtel.

- Vous pouvez prendre les chambres 73 et 114. Tenez vos clés, dit-il en les posant sur le comptoir.

Tony s'avance pour les prendre et régler la note mais je l'arrête en posant la main sur son bras.

- Une chambre s'il-te-plaît. Je n'ai pas envie d'être seule.

- Eh bien, écoutons madame. Une seule chambre dans ce cas indique-t-il avant de payer.

Je n'ai généralement aucun problème à dormir seule mais en ce moment, mon cerveau m'incite à rester auprès de lui. Je ne sais si c'est parce que l'endroit ne m'inspire pas tellement confiance ou simplement parce que je veux être avec lui après la journée que je viens de passer. Il a accepté sans me poser des questions sur les raisons de mon choix. Je ne suis pas idiote, le fait de décider de dormir avec lui, le rassure aussi. Même s'il n'a pas d'arrière-pensées, ça lui permet de s'assurer que je vais bien.

Une fois arrivé dans la chambre, Tony s'allonge sur le lit, regardant le plafond. Il ne m'a pas beaucoup adressé la parole pendant le trajet jusqu'ici, il était concentré sur la route et les regards que je lui décochais sont restés sans réponse. Je ne veux le déranger encore plus que ce que je ne l'ai déjà fait, je ne suis qu'un boulet qui l'encombre. L'atmosphère dans la chambre m'étouffe. Je n'ai aucune idée de comment réagir avec lui, je ne sais pas si je dois m'excuser à nouveau, faire comme si de rien n'était et parler d'autre chose ou tout simplement ne pas lui adresser la parole. Je suis perdue. Quand je m'apprête à sortir sur le balcon pour prendre l'air, il se décide à prendre la parole.