Chapitre 20

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Nola

C'est David qui prend la parole en premier. Un silence gênant s'était installé à l'arrivée de Tony. Il s'est juste planté devant nous, m'observant. En me voyant, son visage est devenu sévère et sa mâchoire s'est contracté. Il ne désire pas être ici. Aucun de nous deux ne le désire. Nous ne sommes pas prêts à nous revoir.

Il a énormément changé, j'ai honnêtement eu du mal à le reconnaître lorsqu'il approchait. Il n'a plus rien de l'homme que j'ai quitté. Il n'a plus cette lueur d'assurance dans ses yeux, ce petit quelque chose qui m'avait tant attirée chez lui. Tout chez lui me semble inhabituel, allant de son apparence à sa façon d'agir. L'homme fort que j'ai tant aimé dégage de la vulnérabilité. Quelque chose en lui semble brisé et une partie de moi rêverait de le prendre dans mes bras et de tenter d'arranger les choses. J'aimerais l'entendre dire l'une de ses réflexions acerbes, comme il avait l'habitude de m'envoyer à la figure avant que nous ne nous fréquentions. J'aimerais qu'il me prouve qu'il va bien, que je ne l'ai pas blessé et que j'ai fais le bon choix en le quittant.

- Vous vous êtes certainement déjà croisés par moments. Mais au cas où elle était trop basse dans ta hiérarchie pour que tu ne lui prêtes ne serait-ce qu'un minimum d'attention, je vais faire les présentations. Nola, Tony mon meilleur ami. Tony, Nola ma compagne.

- Enchantée Tony, dis-je sans réel enthousiasme, le cœur brisé de le revoir après autant de temps.

Quand David m'a parlé de vouloir me présenter quelqu'un d'important à ses yeux ce soir, je n'étais pas certaine de le vouloir. Je m'imaginais déjà rencontrer ses parents et je ne suis pas du tout prête pour ça. Je trouve ça bien trop tôt dans notre relation. Je n'avais aucune idée que cette personne était Tony, je ne savais même pas qu'ils étaient si proches. Si j'avais su cela, j'aurais suivi ce que mon instinct me disait de faire et je n'aurais jamais accepté de venir. J'ai décidé de faire comme si je le rencontrais pour la première fois, comme s'il n'était pas l'homme pour qui j'avais travaillé durant des mois, celui qui m'a offert quelques moments de bonheur absolu, celui dont je m'étais éprise afin de ne pas devoir discuter de notre passé commun et j'espérais sincèrement qu'il en fasse de même. C'était visiblement trop demandé.

- On se connaît. Assez bien même. David, si besoin, je suis en mesure de te fournir tout un compte-rendu avec ce qu'il y a à savoir sur Ms. Johnson. Informations personnelles, ce qu'elle déteste ou aime. Qu'importe le domaine.

La façon dont il prononce ces derniers mots en me jetant un coup d'œil à le don de me stresser. Il ne va quand même pas oser tout révéler ?

- Comment ça « assez bien » ?

- Elle n'était pas basse dans ma hiérarchie comme tu le dis. Elle était mon assistante. Et elle passait assez souvent par mon bureau.

Phrase pourtant simple, sans ambigüité. Mais l'attitude de Tony et son ton joueur laissent planer un doute. David se tourne vers moi, me dévisageant.

- Tu ne m'as jamais pas dit que tu travaillais pour lui.

- Je ne pensais pas nécessaire de préciser que je passais mes journées entière au service de cet abruti fini.

- Je me rappelle certaines choses vous concernant. Comme d'autres mots sortant de votre bouche. Dit-il avec un clin d'œil avant que je ne le fusille du regard, l'envie de lui sauter au cou, se faisant plus forte à chaque instant.

Pour le tuer ou l'embrasser ? Le revoir déclenche un conflit dans les émotions que je ressens. J'ai envie de passer la main dans ses cheveux, ce changement de coupe lui donne tout autant de charme qu'auparavant. Je me vois passer la main dans ceux-ci avant de descendre jusqu'à son cou et l'étrangler pour dire de telles choses devant David.

Juste Nous.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant