Le Serment

18 1 0
                                    

Je sentais que quelque chose de terrible allait arriver. Je n'étais pas capable de dire quoi, quand ou comment, mais je le sentais au plus profond de mon être. Ce lit me semblait étranger. Cette chambre dans laquelle je couchais était habitée d'une énergie qui ne me voulait pas du bien. Elle était tout autour de moi et lentement, doucement, elle m'écrasait, me faisait suffoquer. Au fur et à mesure des secondes qui passaient, elle se refermait plus durement sur moi, m'entraînant dans sa vertigineuse noirceur. Elle m'était familière, bien que lointaine. Je voulais lui échapper mais à chaque instant qui s'écoulait elle devenait de plus en plus réelle, et de plus en plus menaçante. Recroquevillée sur la dure surface de mon lit, je redoutais le moment où elle se matérialiserait devant moi, parce que je le sentais, elle venait pour moi. Elle venait me punir de tous mes péchés, et Dieu savait qu'il y en avait. Pourtant je n'avais pas l'impression de mériter son baiser empoisonné. Après tout, j'avais fait avec ce que la vie m'avait donné. Il me semblait que c'était là tout ce que chacun pouvait faire. Cette énergie n'avait rien de divin, elle n'était pas un juste châtiment et elle n'avait aucun souci d'équilibrer les forces de la nature, le bien et le mal. Elle était simplement mauvaise, pleine d'intentions terrifiantes à mon encontre et avait décidé de se nourrir de moi, que je le veuille ou non. Je l'avais certainement tentée, depuis tout ce temps, à jouer avec elle. M'approcher et m'éloigner, lui donner des parts de moi sans jamais vraiment ne lui céder totalement. Mais tout cela ne lui était plus suffisant. Elle avait décidé de prendre pleine possession de moi.

- Moretti...

Une voix acerbe et bien trop familière faisait écho dans cette énergie noire qui se matérialisait au pied de mon lit. Elle raisonnait dans ma tête telle une chanson que l'on ne pouvait s'empêcher d'entendre en boucle, peu importe à quel point nous essayions de nous en débarrasser.

- Ma douce, douce Moretti... chuchota la voix du défunt Theodore Nott qui prenait doucement forme.

Ses mains pleines de terre vinrent s'agripper aux pieds de mon lit alors qu'il rampait sur le sol. Pleine d'effroi, je me levai subitement et le découvrait allonger sur le sol de ma chambre, recouvert de sang séché et de terre, ses grands yeux bleus fixés sur moi, et son large sourire iconique dressé sur son visage blanchâtre.

- Oh ma douce... Regarde-moi...

Je fixais le sol de ma chambre, incapable de relever le défit qu'il me lançait. Il n'était pas réel. Il ne pouvait pas l'être. Il était mort. Je l'avais tué de mes propres mains. Blaise l'avait enterré. Il n'était plus. Il ne pouvait plus me faire de mal. Il ne pouvait plus rien contre moi. Il n'était pas réel.

- Regarde ce que tu m'as fait... continua-t-il avec une tonalité érotique témoignant du plaisir qu'il prenait à me torturer.

Je saisi mon visage de mes deux mains tremblantes, tentant de revenir à une réalité moins terrifiante. Il n'était pas là. Il ne pouvait pas être là. Ce n'était pas réel. Pourtant, il m'agrippa fermement les bras en me hurlant dessus :

- Regarde-moi ! Regarde ce que tu m'as fait !

Sa voix vibrait à l'intérieur de moi, et la terreur que je ressentais me fit pousser un hurlement alors que je tentais de le fuir en courant. Mais je ne pouvais pas le fuir. Partout, il me suivait. Dans le couloir, dans le château endormi, il rampait, allongé sur le sol, et il me suivait en me disant des choses immondes sur ce que je lui avais infligé. Peu importait la vitesse à laquelle je courais, ou les portes que je claquais derrière moi, lorsque je me retournais, les yeux embués de larmes, il était toujours là, rampant sur le sol, plein de terre et de sang, son grand sourire tatoué sur ses lèvres.

- Pourquoi tu m'as fait ça Moretti ?! Pourquoi tu m'as tué ?!

Je courais aussi vite que je le pouvais, traversant les couloirs vides et même l'entrée du château. La fraicheur de l'herbe que je sentais sous mes pieds nus m'apprit bientôt que j'étais arrivée dans la cour de l'école, et lorsque je me retournais, Theodore était à mes pieds, s'agrippant à ma cheville, me tirant vers lui. Je rencontrais alors le sol et me cachais le visage pour ne pas le voir là, allongé face à moi, son visage froid et son sourire narquois. Je tentais de me débattre en mouvant mes jambes, mais il ne me lâchait pas, bientôt il grimpait sur moi et il continuait de hurler, il n'arrêtait pas de hurler. Je pouvais sentir sa peau glaciale sur mon corps, ses mains fermes grimper sur mes jambes alors que son souffle frappait mon visage de plein fouet à mesure qu'il avançait vers moi.

Alpha OphisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant