Les marques du passé 3 : La prophétie

Au bal masqué

Ce matin-là, Severus se leva facilement et s'étira même sans avoir à grimacer de douleur. Les exercices que Christian lui avait donnés à faire avaient été efficaces et ses muscles endoloris n'étaient plus qu'un mauvais souvenir. Il aura fallu presque un mois pour se remettre totalement de la Dragoncelle, mais le Lord ne s'en plaignait pas, bien trop content d'être encore en vie, même s'il se rappelait vaguement avoir pensé le contraire au moment même où il avait compris ce qui lui arrivait.

Mettant l'eau de la douche en route pour lui laisser le temps de chauffer, il se déshabilla et en profita pour vérifier si les marques de la maladie avaient enfin toutes disparues. Mis à part une dernière plaque rouge entre ses omoplates, semblable à une brûlure qui avait cicatrisée, tout semblait être revenu à la normale et cela le rassura. Non pas que l'idée d'avoir des cicatrices le dérangeait, il en avait déjà bien d'autres, mais il préférait l'idée de ne pas en garder afin que son fils ne se souvienne pas de cet incident à chaque fois qu'il voyait son père. Il ne le savait que trop bien, Alexandre s'en voulait et s'était senti responsable tout le long de l'hospitalisation de son père, quand bien même personne n'aurait pu l'éviter.

Entrant dans la douche, Severus profita du jet en pluie qui lui tombait dessus. Fermant les yeux pour profiter de l'instant, il ne put hélas s'empêcher de penser à Hermione. Chaque jour depuis son réveil, il ne pouvait faire autrement que de se remémorer les rêves qu'il avait fait. Cauchemar serait un mot plus adapté néanmoins, la solitude dans le square et les ténèbres le poursuivant n'étant pas l'idée que l'on pouvait se faire d'un songe agréable, mais les instants où la lionne lui était apparue l'avaient apaisé quelque peu.

Au fond de lui, il se demandait même s'il ne serait pas réellement mort si elle ne s'était pas imposée à lui, lui ordonnant de se battre et d'empêcher l'enfer de l'engloutir. C'était stupide bien entendu car, il le savait bien, ce n'était qu'une impression, une interprétation qu'il faisait vu qu'il avait appris par sa sœur que c'était bien une idée de la mère de son fils qui lui avait sauvé la vie... cette idée et bien sûr le travail acharné d'Edward Griffacier.

Pourtant, quand il s'était éveillé, il avait eu l'impression étrange qu'elle était réellement avec lui mais, en ouvrant les yeux, il ne vit qu'une infirmière qui avait poussé un cri de stupeur, une inconnue qui s'apprêtait à le préparer pour sa dernière demeure. À bien y réfléchir, il avait été sur le point de mourir seul et cette pensée le blessait légèrement, quand bien même Christian lui avait expliqué que les visites étaient plus que limitées et que personne n'avait eu l'autorisation de rester à son chevet la nuit venue. Nonobstant ce détail morose, il avait appris tout de même que plusieurs personnes étaient allées le voir quotidiennement, dont Cornaline et même Hermione d'ailleurs. Elle s'était sûrement sentie obligée de le faire vu qu'Alexandre se sentait lui-même coupable et qu'elle voulait le rassurer. À moins que ce ne fut à cause de ce qu'il lui avait dit au téléphone avant de sombrer.

En repensant à ça, un malaise certain l'envahit. Il avait été bien stupide de lui sortir ça, comme ça ! C'était vrai, oui, il l'aimait mais, ça l'irritait de l'avouer, il avait subitement décidé de lui pardonner son départ juste avant de potentiellement mourir, comme ce qu'il avait toujours désapprouvé. Mais là où sa stupidité avait atteint des sommets de malaisance, ce fut quand il avait décidé de l'appeler pour reprendre cette conversation où elle s'était interrompue avant son coma. Heureusement, dans un sens, le destin avait bien voulu lui éviter une ultime humiliation sous la forme d'un magazine féminin.