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Ruggero

"Joyeux anniversaire ! Joyeux anniversaire ! Joyeux anniversaire Karol ! Joyeux anniversaire !"

Nos applaudissements et nos cris résonnent en coeur dans l'appartement haussmannien, quand Karol souffle sur ses dix-neuf bougies. Se dessine un immense sourire sur son visage, lorsqu'elle relève la tête vers nous. Je crois que c'est le premier sourire sincère que j'aperçois venant d'elle depuis le début de la soirée. Comme nous a demandé Valentina la veille, nous avons essayé de la faire oublier, mais je n'ai pas vraiment eu l'impression que ça fonctionnait. Elle était souriante, elle dansait, elle riait, mais pourtant, elle semblait sans cesse être ailleurs.

- ON DANSE MAINTENANT ! s'écrit Michael un énième verre de bière à la main.

- J'ai même pas fini ma part de gâteau ! se lamente Valentin la bouche pleine.

Karol rit face à son visage crispé par la frustration et la chantilly qui coulait sur l'une de ses joues.
Malgré le commentaire de Valentin, Michael se charge de régler le volume de l'enceinte et cours vers le milieu du salon. Certains le rejoint presque instantanément pour danser et sauter sur la nouvelle playlist qui défile, d'autre comme Valentin finissent de déguster le gâteau près de celle qui fête son anniversaire ce soir.
Pour ma part, après avoir avalé la fin de ma bière d'un cul sec, et après en avoir prit et décapsulé une nouvelle, je décide d'aller prendre l'air sur le balcon. L'air frais s'engouffre sous ma chemise, je retrouve très vite les bruits citadins et les lumières artificielles de la ville. Je bois une première gorgée, face aux nombreux immeubles éclairés. Il est minuit passé et la soirée se déroule bien. J'ai longuement hésité à venir, me passant en boucle un nombre incalculable de scénarios qui pouvaient mal tourner, surtout si Sebastian était dans les parages. Puis finalement, Mick et Agus sont venus me tirer de mon appartement le soir même, en m'affirmant que la soirée serait géniale et qu'ils fallait que je vienne. Alors je ne sais pas si c'est l'alcool que j'ai ingurgité ou la fatigue qui m'anime, mais je crois que j'ai bien fait de les écouter.

- Ça va ?

Je tourne la tête vers la personne qui venait de me rejoindre, intrigué qu'elle ne soit pas déjà en train de danser avec les autres.

- Oui, et toi ?

Elle acquiesce simplement, et fini par s'approcher de la balustrade.

- Oui, je m'assure juste que tout va bien, j'étais étonnée de ne pas te voir avec les autres.

Elle s'accoude sur la rambarde le regard plongé vers l'horizon, et je la regarde de mon mètre quatre-vingt et de mes yeux brillants. La brise soulève quelques mèches de ses cheveux, et je l'aperçoit frissonner au contact du vent.

- J'ai ouvert ton cadeau.

J'avale une nouvelle gorgée de ma bière, et manque de m'étouffer avec après son aveu. J'avais espéré qu'elle l'ouvre demain, seule, et qu'elle n'aurait à m'envoyer qu'un simple message de remerciement si jamais elle en voyait la peine.

Elle tourne sa tête vers moi en s'apercevant d'aucune réaction de ma part.

- Il t'as plu ? je lui demande plus timidement qu'avant.

J'ai encore une fois longuement hésité à le lui acheter. Je crois que ça représente quelque chose pour nous, et je me suis demandé si ce n'était pas trop ou alors pas le moment. Finalement, je me suis dis que si je ne lui offrait pas maintenant, je n'aurais peut-être plus jamais l'occasion de le faire, alors j'ai prit le risque.

Je la vois me sourire discrètement, puis tourner la tête une seconde fois vers l'horizon.

- Tu savais qu'il allait me plaire. 

Je reste silencieux face à cette phrase. J'avale une nouvelle gorgée, puis un sourire vient étirer mes lèvres, comme si inconsciemment, j'étais satisfait de sa réponse.

- Pourquoi maintenant ? me demande-t-elle.

Je sais qu'elle fait une nouvelle fois référence au cadeau, et c'est sûrement l'alcool, mais je ne cherche pas mes mots ou de justification bancale à mon action.

- Parce que je n'ai pas pu le faire avant.

- Quelque soit la raison pour laquelle tu as décidé de me l'offrir, je voulais te remercier me dit-elle doucement.

Elle se tourne complètement vers moi, posant cette fois ses coudes et son dos sur la barre en fer du balcon.

- Je ne pensais pas que tu t'étais souvenu de ce détail, alors merci.

Je me souviens de chaque détail, mais ça je ne lui dit pas à haute voix. Je me contente de la regarder, de lui sourire et de boire une gorgée de ma bière.

- Et concernant...le message que tu m'as envoyé.

- Tu n'es pas obligée de m'en parler lui dis-je en la coupant.

- Si, enfin, j'aimerai en tout cas.

- Je sais que tu n'as sûrement pas changé d'avis...

- Je te crois.

Je lève les yeux vers elle, surprit.

- Quoi ?

- Je te crois. Quand tu me dis dans ton message que tu n'aurais pas écrit tout ça, je te crois. Je ne sais pas pour quelle raison, mais j'ai envie de te croire, parce que tu as l'air sincère.

Je souffle un rire, étonné, soulagé et sûrement heureux qu'elle me l'avoue.

- Je ne sais pas si je fais bien de le faire, si je vais regretter ou non mais j'ai envie de te croire pour une raison qui m'échappe complètement.

- Tu ne regretteras pas, Karol.

- J'espère, Ruggero.

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SMS ruggarol 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant