Karol
Je claque la porte, et dévale les escaliers à grande vitesse. Je retire mon masque, le laisse tomber dans la cage d'escaliers et pousse la grande porte en bois de l'entrée. L'air frais de la nuit s'empare des mes joues, ça me détend. Malgré mes hauts talons, je commence à marcher dans les rues de Paris sans but précis. Je veux juste souffler, enlever toutes les questions qui tournent en boucle dans ma tête.
J'ai l'impression qu'elle va exploser, ma poitrine est compressée, et même le vent ne m'aide pas à respirer convenablement.Mon téléphone continue de vibrer dans la poche de mon costume rouge, il accroît mon angoisse chaque secondes qui passent. Je glisse mes mains dans mes cheveux, en tirant un peu sur mes racines. Je prends le temps de respirer, au milieu d'une ruelle au beau milieu de la capitale. Et j'ai la sensation d'être complètement piégée, même en plein air.
La grande porte claque, le bruit résonne dans la rue et des pas se font entendre derrière moi. Je ne me retourne pas de suite, mais lorsque j'aperçois la silhouette qui s'avance, je reprends ma marche sans hésiter.
- Karol ça va ?
L'air glisse sur ma peau, mes pieds me font mal, mon angoisse s'empare de moi. Ma gorge me pique, et j'ai juste envie de disparaître.
- Laisse moi ! j'arrive à articuler.
Ma voix se casse et mes yeux s'humidifient, mais il continue à vouloir me rattraper. Je ne sais pas pour qu'elle raison il est ici, alors qu'il semblait bien s'amuser en haut. Mais peu importe, je n'ai pas envie de lui parler, pas envie de lui expliquer pourquoi je suis dans cet état, surtout pas maintenant alors que notre dernière discussion revient à l'été dernier.
- Karol attends !
- Mais qu'est-ce tu veux ?! je m'écris.
Ma voix fait écho dans la nuit, je lui fais face les yeux brouillés de larmes et il est là, planté devant moi le souffle irrégulier.
- Savoir si tu vas bien.
- Qu'est-ce que ça peut te foutre sérieux ?
- Karol arrête, tu sais bien que je ne pourrais jamais m'empêcher de m'inquiéter pour toi.
Je lâche un rire nerveux, et essuie mes larmes d'un revers de main.
- Non je le sais pas non. Je croyais te connaître mais en fait j'ai l'impression que tu n'étais que l'illusion que je m'étais faite de toi. Tu ne t'inquiète pas pour moi Ruggero, tu essayes de retirer la culpabilité qui te ronge de l'intérieur, c'est différent.
- Je te jure que ce n'est pas ce que j'essaye de faire. Ça fait presque dix minutes que tu es partie et personne ne s'en est rendu compte à part moi, il fait nuit Karol et tu es descendue toute seule. Je m'inquiétais vraiment.
- Garde ton inquiétude pour quelqu'un d'autre je t'en prie, je n'ai pas besoin de toi Ruggero.
Ses yeux brillent dans la nuit, je ne sais pas si ce sont des larmes ou simplement la lumière des lampadaires qui se reflète dans la couleur de son regard.
- Remonte s'il te plaît, je ne compte pas te laisser ici toute seule.
- Et moi je ne compte pas bouger d'ici, on fait comment ?
Il passe ses mains dans ses cheveux, sans savoir quoi dire de plus et j'en profite pour tourner les talons une seconde fois.
- Karol !
Ses pas reprennent derrière les miens, j'aurais voulu qu'il ne se rende jamais compte que j'étais partie de la soirée.
Un long silence plane entre nous, seuls mes talons qui claquent le goudron dur et humide résonnent à travers les appartements.
Étrangement, cette situation commence à me rendre nerveuse. Je tripote mes doigts lorsque je me rends compte que continuer de marcher serait complètement inutile, mais que faire demi tour et retourner chez Jorge serait lui donner raison. J'aurais pu me convaincre qu'il s'arrêterait avant moi, qu'il abandonnerait et qu'il me laisserait finir mon caprice là où je l'avais commencé. Mais j'ai beau ne plus avoir l'impression de le connaître, je suis persuadée qu'il ne le fera pas.- Karol...viens on rentre, si tu ne veux pas me parler à moi vas voir les filles. Je sais que c'est juste une question de fierté, mais continuer va juste nous éloigner de l'appartement.
- Rentre alors.
- Je ne rentrerai pas sans toi, si jamais il venait à t'arriver quelque chose je m'en voudrais.
- Donc c'est bien pour soulager ta conscience que tu es ici.
- Mais tu veux que je fasse quoi ? Que je te laisse au beau milieu de la rue alors que t'es pas bien, et rentrer comme si de rien n'était ? dit-il en haussant la voix.
- Tu veux qu'on continue de s'ignorer comme on le fait ? T'aurais préféré que je ne vienne jamais ici te demander si tout aller bien en ayant conscience que c'était tout le contraire ? insiste-t-il.
- Je veux que tu arrête de faire semblant de t'inquiéter pour moi ! je crie.
Je lui fais face une seconde fois, les yeux larmoyants.
- Arrête de faire croire à tout le monde que ce que je ressens t'importe Ruggero ! Tu vis comme si notre rupture t'impactait, mais notre relation était juste "bien".Voilà ce que je représentais à tes yeux, j'étais banale, juste une fille parmi tant d'autre. Et tu m'as fait croire tout le contraire, pendant des mois, pour avoir le pouvoir de me briser encore plus à l'arrivée.
- J'aurais préféré que tu ne descendes pas, mais j'aurais aussi préféré ne jamais croiser ton chemin. Ne jamais tomber amoureuse de toi comme j'ai pu l'être, j'aurais voulu qu'on continue de s'ignorer comme on savait si bien le faire jusqu'à présent parce que ça aurait fait moins mal !
- Et tu crois que ça m'a pas fait mal à moi ? s'écrit-il la voix cassée.
- Peut-être que si dis-je en reniflant.
Mais tu n'es pas légitime de te plaindre je crois.Il laisse ses bras tomber le long de son corps, dépourvu d'énergie. J'ai l'impression d'être au beau milieu d'un cauchemar, sans issue. Que je ne me réveillerais jamais, et que je ne retrouverai pas une respiration régulière.
Mon coeur cogne contre ma cage thoracique, j'ai l'impression qu'il veut sortir, quitter mon corps et s'en aller, loin de nous, loin de lui.- Je donnerais tout pour que tu saches la vérité.
- La vérité c'est que tu es le plus grand illusoire que je connaisse Ruggero.
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SMS ruggarol 2
Fanfiction"J'pense que quand t'as un lien avec quelqu'un, ça disparaît jamais vraiment tu sais. On redevient vite important l'un pour l'autre parce qu'on l'est encore" Orange in The New Black - ...