SMS ruggarol 2

3.

Ruggero

Je fais un signe de main à la voiture d'en face, et les garçons et moi continuions notre course folle dans toute la ville. Une averse tombe sur Paris depuis déjà quelques heures. Nous jouons des coudes entre les nombreux passants présents sur le trottoir mouillé, tout en riant aux éclats. Plusieurs personnes se retournent, et nous les entendons râler derrière notre dos pendant que l'on continu notre chemin. Après quelques mètres, Agustin pousse enfin la porte d'un des restaurant parisien. On s'y réfugie le sourire aux lèvres. Nos habits gouttent sur le parquet, nos cheveux dégoulinent sur nos front et certains clients déjà attablés nous regardent comme si nous étions des extraterrestres venus d'une autre planète.
Un serveur vient finalement à notre rencontre.

- Bonjour, vous êtes combien ?

- Bonjour, trois répond Agustin.

- Très bien, venez avec moi.

Il nous amène à une table de quatre près d'un mur vitré donnant sur la ville enseveli sous la pluie. On s'y installe chacun notre tour, il nous donne les cartes et s'en va.
Agustin et moi choisissons plutôt rapidement nos plats, mais on remarque vite l'intéressement soudain de Michael pour son portable.

- On peut savoir ce qui t'arrive ? Depuis qu'on est rentré dans ce restau tu as la tête plongée sur ton téléphone je lui demande en premier.

Le brun relève la tête comme pour être sûr que c'est bien de lui qu'on parle.
Je m'enfonce dans ma chaise les bras croisés contre mon torse, et un petit sourire vient s'installer sur le visage de notre ami. Je lance un regard à Agus qui se tient à mes côtés, ce rictus nous intrigue.

- J'ai rencontré quelqu'un à Los Angeles.

Je fais les gros yeux. Je crois que de tout ce qu'il pouvait nous avouer, je m'attendais à tout sauf à ça. Michael a toujours énormément aimé les femmes et se mettre en couple a toujours été assez difficile pour lui. Il aime profiter de la vie, et si il peut ne pas s'attacher à la personne il le fait volontiers. Mais cette fois, ça n'a pas l'air d'être ce qu'il souhaite faire.

- Mais...euh rencontrer pour former un vrai couple ? demande Agus aussi surpris que moi.

Michael rit face à nos visages et nos airs plutôt étonnés.

- Elle s'appelle Karena nous avoue-t-il.

- J'y crois pas, c'est pas une blague le Michael Ronda est amoureux ! je m'écris.

- Le seul problème, c'est qu'elle habite là bas. On se parle beaucoup, elle m'a dit qu'elle viendrait à Paris pour me voir mais je sais pas trop si ça peut fonctionner.

Je ne suis pas sur d'avoir déjà vu Michael vouloir qu'une quelconque de ses relations fonctionne. Peut-être qu'il a eu un déclic durant l'été, où que cette rencontre lui a donné envie de s'investir pour quelqu'un.

- Tu n'as rien à perdre, si tu te sens bien avec elle, tentes je lui conseille.

- Rugge a raison si tu n'essayes pas tu vas le regretter. Si ça ne fonctionne pas, tant pis.

Il hausse les épaules, perplexe.

- Vous avez sûrement raison.

- Le bourreau des cœurs est amoureux continue Agustin.

Nous rions, pendant que le serveur revient vers nous avec nos trois plats.

**

Michael
Ça vous dit une soirée mecs chez moi ce soir ? Je vous présenterai mon coloc'

Ruggero
Ouais pourquoi pas

Agustin
Ça me va aussi

Michael
Je vous envoie l'adresse, venez quand vous voulez

**

Je toque trois coups à la porte qui m'a été indiqué par Michael un peu plus tôt, je patiente quelques secondes avant qu'il ne vienne m'ouvrir, un grand sourire aux lèvres.

- Bienvenue chez moi mon pote.

Je lui adresse un sourire, tandis qu'il s'efface pour me laisser entrer. Il m'accompagne jusqu'au salon, où sont déjà installés Agus et son coloc sur le canapé. Les deux se lèvent, on se fait une accolade, et je m'installe sur un fauteuil en face d'eux.

- Vous voulez boire quoi ? nous demande Mick.

- Une bière ça ira répond Agustin en premier.

Son colocataire et moi le suivons, et le brun disparaît dans sa cuisine pour aller chercher ce qu'on lui a demandé. Quand il revient, nous avons déjà entamé une discussion avec son ami. On a apprit qu'il s'appelait Jorge, qu'il est originaire du Chili, et qu'il a déménagé à Los Angeles avec ses parents assez tôt dans sa jeunesse ce qui explique qu'il n'a rien d'un américain physiquement. Michael nous a raconté quelques anecdotes sur leurs vacances, comment il avait réussi à embrasser une fille le deuxième jour, et comment elle l'avait oublié du jour au lendemain.
On s'esclaffe quand il nous avoue être tombé dans les escaliers extérieurs de la villa, devant un groupe de filles à qui il disait bonjour, et finalement le téléphone de Jorge nous coupe dans notre conversation. Il s'excuse, et s'en va pour répondre dans la pièce d'à côté. Michael se lève et prend appuie sur le dossier du canapé, en nous regardant à tour de rôle.

- Bon, il me semble que vous deviez parler tous les deux ?

- C'est vrai, qu'est-ce qui se passe avec Karol du coup ? me demande Agustin en buvant une gorgée de sa bière.

Je m'enfonce dans mon fauteuil, les bras croisés contre mon torse.

- Pourquoi tu t'es autant rapproché d'elle ?

Il dépose sa bouteille sur la table basse en face de lui, et soupire avant de se redresser sur le sofa.

- Quand tu es partie on a passé beaucoup de moments avec le groupe, on a fêté l'obtention du bac, et ont a profité des derniers jours avant que chacun ne parte en vacances à droite à gauche. Elle n'allait pas bien Rugge, et Valentin et moi étions les seuls qui devaient rester à Buenos Aires. Alors on a été là pour elle, on a essayé de lui changer les idées avant qu'elle ne parte en août et c'est comme ça qu'on s'est rapprochés.

- Mais pourquoi tu ne me l'as pas dit ?

- Pour éviter ce genre de conversation. Ta jalousie est mal placée Ruggero, tu sais que j'aime Carolina et pour rien au monde je la remplacerai par Karol, surtout au vu de combien tu y tiens encore.

- Il a raison ça partait d'un bon sentiment, il allait pas faire l'aveugle alors qu'elle était mal rétorque Michael.

- Je n'allais pas la laisser pleurer dans son coin, juste parce que toi tu étais partie en Italie rejoindre ta mère. Essayes de te mettre à sa place un peu, je sais que tu as beaucoup souffert, mais imagine toi la douleur que tu peux ressentir quand tu vois ton copain embrasser une autre fille devant toi rugge.

Je baisse la tête sur mes mains. J'ai essayé d'effacer cette image d'elle qui s'enfuit de mon esprit, je n'y ai plus pensé depuis quelques semaines, j'ai voulu oublier. Même si je sais qu'en soit je n'y suis pour rien dans ce baiser, une part de moi culpabilise d'être allé à cette soirée. Rien de tout ça ne serait arrivé si j'avais refusé, je serais probablement encore avec elle à l'heure d'aujourd'hui et plus heureux que jamais. Mais au lieu de ça je me morfonds sur mon sort en accusant mon propre meilleur ami d'être trop proche d'elle, alors qu'elle avait sûrement juste besoin de quelqu'un à ce moment là.

- Vous savez que j'ai rien fait vous hein ?

- Bien sur qu'on le sait Rugge, mais arrête de te torturer l'esprit avec ça. Tourne la page une bonne fois pour toute, ou trouve un moyen de récupérer Karol mais ne reste pas comme ça.

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