20.

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Ruggero

Je suis assis à mon piano. Mes doigts glissent le long des touches d'ivoire, et une mélodie s'échappe des cordes pour venir résonner dans mon appartement.
Depuis ce matin je compose des dizaines de mélodies, sans but. J'ai écris des tas de textes sur des bouts de papier, la plupart ont fini à la poubelle. Il faut à tout prix que je me vide la tête. J'essaye tant bien que mal de m'occuper, parce que l'image de karol ne quitte pas mon esprit. J'ai tout essayé, mais j'ai l'impression que chaque phrase, chaque note qui sortent de mon imagination parlent d'elle.
Mon doigt flanche, ma note sonne fausse, je grimace, puis me lève. Je m'accoude au balcon. La lumière extérieure me fait presque mal aux yeux, il y a de la circulation dehors, les voisins d'en face sont sur leur terrasse malgré le temps pluvieux d'automne qui grise Paris aujourd'hui. Je passe mes mains sur mon visage, il faut que je fasse quelque chose, que je sorte, que je vois du monde, mais il faut que je me la sorte de la tête. Je soupire, et mon téléphone émet une sonnerie de notification. Peut-être que les garçons aussi veulent sortir.

**

Olivia
Hey, ça va ?

Ruggero
Ça va et toi ?

Olivia
Oui, dis moi ça te dirait qu'on se rejoigne au champ de mars ?

Ruggero
Pourquoi pas, mais il pleut tu veux pas venir chez moi plutôt ?

Olivia
Si tu veux, je viens pour qu'elle heure ?

Ruggero
Quand tu veux ;)

Olivia
J'arrive dans vingt minutes 🤍

**

Je suis moi même surpris de ma soudaine invitation. Je ne sais pas si c'est vraiment une bonne idée, mais je crois en avoir envie. Je re rentre dans mon appartement, ferme la porte fenêtre et me dirige vers la salle de bain. Je me passe de l'eau sur le visage, me coiffe rapidement et enfile une chemise et un jean. Je rejoins le salon et essaye de remettre un peu d'ordre. Je ferme mon carnet, jette les papiers froissés qui recouvre le sol, range les paquets de chips qui traînent sur ma table basse puis la sonnette retentit déjà.

J'ouvre la porte, la laissant apparaître sur le perron de mon appartement. Elle me sourit de toutes ses dents, et je m'efface pour la laisser entrer.

- Ça va ? Je te dérange pas ? me demande-t-elle en entrant.

- Non pas du tout, qu'est-ce que tu voulais ?

Elle hausse les épaules en posant son sac et sa veste sur le tabouret du piano.

- J'avais juste envie de sortir alors je me suis dis, pourquoi ne pas aller embêter Rugge ? dit-elle en riant.

Je lui souris, passe une main dans mes cheveux et m'assois sur le canapé.

- Tu joues du piano ? me demande-t-elle en se tournant vers l'instrument.

- Oui, j'ai commencé quand j'étais petit.

- Il n'y a pas une chose que tu ne sais pas faire alors.

Elle continue de contempler l'instrument dressé devant elle, ses doigts glissent sur les touches ébènes. Les traits de son visage se dessinent sous les rayons de lumière qui s'échappent de la fenêtre, elle semble innocente les yeux rivés sur le clavier blanc et noir. Je me surprends même à m'avouer qu'elle m'intrigue, elle et son comportement parfois très avenant. Et je me mets à sourire, en la regardant.

**

Agus
Rejoignez moi demain au jardin des tuileries à 11h. C'est important.

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SMS ruggarol 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant