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Karol

Je sors de la douche, enroulée dans une serviette de bain, je traverse le salon à pas de souris pour ne pas réveiller Ruggero qui dort sur le canapé. Je cherche ma pince à cheveux, ça fait déjà quelques jours que je la cherche mais cette fois j'en ai vraiment besoin. Je regarde sous les coussins, sur la table basse, et enfin sur le piano. Il y a une tonne de choses sur cet instrument, Ruggero passe le plus clair de son temps assis ici. Je me permet de fouiller sans vraiment regarder tous ces papiers, ça ne me regarde pas et je ne veux pas lui manquer de respect.
Finalement, je trouve bien ma pince, posée sur un carnet noir. Un petit écriteau en lettre dorée attire mon attention au bas de ce livre : "La musica è un'arte che si suona con il cuore". Une irrésistible envie de l'ouvrir me prend. J'hésite, durant un long moment. Je sais que ce n'est pas bien, ce carnet est sûrement à lui et je n'ai pas le droit de regarder ce qu'il y a à l'intérieur. Mais l'envie me démange. Je jette un coup d'œil vers lui, il semble dormir à point fermé. Si je l'ouvre, juste une demie seconde, il ne le remarquera pas ? Je soupire silencieusement, ma curiosité me tuera un jour. Je me retourne une seconde fois vers le piano, attrape le carnet posé dessus, puis l'ouvre.

La première page est presque vierge, juste quelques mots sans contexte s'y balade, mais le titre de la seconde attise ma curiosité. « No te voy a fallar » mes yeux descendent un peu plus bas sur la page, et je m'attarde sur chaque mot. Je tourne la troisième, puis la quatrième page, abasourdie parce que je peux lire. Ce carnet renferme des tas de compositions, des pages sont vierges ou semblent pour certaines avoir été déchirées. D'autres contiennent des idées, ou de simples phrases, ou alors une chanson toute entière. J'ignorais qu'il écrivait, et aussi bien que ça. Je sais qu'il sait jouer de plusieurs instruments, dont sa guitare qu'il ne se sépare jamais, mais tout ce travail est incroyable.
Encore envoûtée par ma curiosité et ma trouvaille, la voix de Ruggero me fit sursauter.

- Karol ? Qu'est-ce que tu fais ? me demande-t-il la voix rauque et toute endormie.

Je me retourne vers lui, le sourire aux lèvres et enjouée par ma découverte. C'est plus fort que moi, je veux lui en parler, lui faire part de mes impressions, que tout ça est magnifique et qu'il devrait en faire quelque chose.

- Pourquoi tu ne m'avais jamais parlé de ce carnet ? C'est incroyable tout ce qu'il y a dedans !

Pendant un court instant, il semble scruté le petit livre que je tiens entre les doigts. Ses yeux s'écarquillent, et la mine endormie qu'il affichait il y a quelques secondes se transforme en panique. Il saute du canapé et s'approche rapidement de moi, avant de m'enlever son carnet des mains.

- Ça fait combien de temps que tu regardes ça ? me demande-t-il.

Je hausse les épaules, un peu déconcertée.

- Euh...pas longtemps je cherchais ma pince et..

- Karol je t'ai déjà dis que ta curiosité était ton plus grand défaut.

Il referme le carnet, puis commence à s'en aller vers les chambres.

- Oui ben en attendant j'ai bien fait d'écouter ma curiosité, parce que pour une fois c'était intéressant dis-je derrière son dos.

Il s'arrête, puis se tourne une nouvelle fois vers moi.

- Tu as lu jusqu'à qu'elle page ? me demande-t-il.

- La cinquième dis-je hésitante.

Il me regarde, comme s'il savait que je mentais.

- Bon peut-être la sept ou la huitième...j'avoue et il lève les yeux au ciel. Mais je t'assure que tu as un vrai talent pour l'écriture ! dis-je en m'avançant vers lui.

SMS ruggarol 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant