SMS ruggarol 2

76.

Karol

- rugge ? je crie à travers l'appartement en sortant de ma chambre en courant.

Lorsque j'arrive en trombe dans le salon et que je me jette sur le canapé à côté de lui, il relève la tête vers moi.

- Tu te souviens que je devais te parler de quelque chose ?

- Oui, je me souviens, ça fait trois jours que ça me perturbe me dit-il en riant.

- Je sais que tu seras pas d'accord, mais je te jure que ça peut vraiment être une super idée !

- Dis toujours.

Je me redresse, m'assois en tailleur face à lui le sourire aux lèvres et prends mon courage à deux mains.

- Je suis sure...que tu pourrais faire quelque chose de tes chansons j'ose avouer.

Depuis que j'ai ouvert son carnet, l'idée émerge dans mon esprit. Je sais qu'il sous estime son talent, et je sais aussi que s'il avait plus confiance en ce qu'il écrit, il se lancerait dans une carrière musicale.

J'attends une réaction de sa part, les lèvres pincées.

- Tu sais ce que j'en pense.

- Oui je sais, mais je sais aussi que tu te trompes. Est-ce que tu t'es relus au moins ?

- Oui, c'est bien pour ça que je ne fais rien de ces chansons.

Je soupire en balançant ma tête en arrière.

- Est-ce que je peux en lire d'autres, s'il te plaît ? Je veux juste essayer de comprendre pourquoi tu n'en fais rien.

Il refuse une première fois prétextant qu'il ne sais plus où se trouve son carnet, il lève les yeux au ciel lorsque je lui indique sa place exacte puis fini par céder en me proposant un compromis :

- Tu en lis que 3 et c'est moi qui les choisit.

- marché conclu lui dis-je le sourire aux lèvres.

Il se lève, récupère le carnet qui était caché entre deux livres dans la bibliothèque et le feuillète quelques instants avant de me le tendre, ouvert sur une page où le titre est écrit en petit en haut à gauche.

Je m'enfonce plus confortablement dans le canapé, tandis que ruggero se rassoit à son tour, les yeux fixés sur ce que je lis.

- Sois indulgente, ça faisait un moment que je n'avais rien écrit, je sais pas si je la laisserais comme ça.

Je ne prends pas compte de ce qu'il me dit, déjà perdue dans ma lecture. La chanson parle d'amour, comme celles que j'ai déjà pu lire la première fois. Elle parle d'un couple, d'un garçon qui a perdu celle qu'il aime sans s'en apercevoir et qui lui demande ce qui est censé se passer après elle. La seconde qu'il me montre parle de lui. Il s'adresse à quelqu'un, je devine que c'est une fille, il lui dit qu'il assume les erreurs qu'il a pu faire dans le passé mais qu'il veut tout recommencer à zéro, avec elle. La troisième parle d'un couple qui s'est séparé, il lui demande ce qui a bien pu se passer, il lui avoue qu'elle lui manque encore et que ça sera le cas toute sa vie.
Il y a des ratures sur certaines mots, comme s'il n'était pas sûr de la manière avec laquelle il allait les employer, mais les chansons sont belles. Elles transmettent quelque chose, il y a toujours une histoire et il les raconte toujours avec le coeur.

- Je te comprends pas dis-je en rompant le silence pour la première fois depuis quelques minutes.

J'ai beau relire encore et encore, je ne comprends pas ce qu'elles ont. Je ne comprends pas son point de vue, pour qu'elles raisons il les laisse prendre la poussière dans ce carnet alors que des gens pourraient les écouter et s'identifier à ses textes. Je ne comprends pas pourquoi il n'a pas confiance en ce qui est écrit sous mes yeux.

- Je comprends toujours pas ce que tu veux dire je continue en tournant la tête vers lui.

- Elles ne sont pas finies, c'est juste des premiers jets.

- Retravaille les alors.

- Tu comprends pas...je ne peux pas présenter ça à quelqu'un.

- Mais pourquoi ? Si moi j'arrive à reconnaître ton travail pourquoi quelqu'un d'autre n'y arriverait pas ?

Il passe sa main dans ses cheveux en soupirant.

- Je comprends pas ta façon de penser je rétorque pour le faire réagir.

J'aimerais qu'il m'explique, qu'il me dise pourquoi, pourquoi il ne saute pas le pas, pourquoi il reste persuadé que ça ne peut pas fonctionner. Je sais qu'il a les capacités, il les a depuis qu'il est enfant et il pourrait faire quelque chose de ce que j'ai entre les mains, mais il n'en fait rien.

- C'est comme ça c'est tout.

Il tend son bras pour récupérer son carnet mais je lui en empêche.

- Mais pourquoi ? Qu'est-ce qu'elles ont ces chansons pour que tu ne veuilles pas les montrer à quelqu'un ? je lui demande en insistant.

- Elles parlent de toi !

Je m'arrête de bouger, le carnet entre mes doigts. Je fronce les sourcils, mes yeux plantés dans les siens, et je n'arrive pas à assimiler ce qu'il vient de me dire.

- Elles parlent toutes de toi, voilà pourquoi je ne veux pas les présenter à quelqu'un.

Mon cerveau marche au ralenti pendant un instant. Je suis étonnée par son aveu, même s'il m'avait déjà dit qu'il en avait écrit à mon sujet, je ne savais pas que ça représentait la plupart des écrits de son carnet. Mais même avec ça, même si elles parlent de moi ou de nous, ça ne fait pas d'elles des chansons qui ne doivent pas être écouter.

- Et qu'est-ce que ça fait ?

Il me regarde les sourcils froncés, comme si la réponse était évidente.

- Qu'est-ce que ça fait si elles parlent de moi ? Ça ne fait pas d'elles de mauvaises chansons, elles pourraient parler de n'importe qui.

Il ne semble pas comprendre où je veux en venir, parce que ses sourcils restent tels quels.

- Tu te rends pas compte de ton talent rugge, ce que tu écris est vraiment incroyable et je ne pense pas que tu devrais tracer une croix dessus parce que tu parles de moi. C'est un passage de ta vie que tu as retranscrit en chanson, et c'est beau, vraiment.
Alors si tu te sens pas à l'aise avec le fait que ça soit trop personnel, réécris en d'autres. Mais je t'en supplie, ne te mets pas en tête que ce que tu écris n'est pas à la hauteur. Parce que tu te trompes.

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