Chapitre 16

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Ce soir là mon loup hurla sa détresse à la lune jusqu'à s'en briser les cordes vocales. Les heures passèrent et Zaïn ne vint pas me chercher. Avait il comprit que j'avais besoin d'espace ? Ou était-il lui aussi bien trop énervé pour venir à ma rencontre ?

Je restais sous ma forme lupine et finit par me rouler en boule sous un buisson. J'étais bien décidé à ne pas rentrer chez l'alpha, chez qui pourrais-je trouver refuge ? Je ne les connaissais pas assez pour oser demander, et de toute façon ils essaieraient certainement de me ramener chez « moi ». Je préférais encore passer la nuit dehors. Il ne faisait pas encore froid, mon pelage me protégerait sans problème. Et puis de toute façon j'étais toujours sur notre territoire donc je ne risquais rien.

Je ne pouvais m'empêcher de ressasser ce qu'il venait de se passer. Dans les couples homosexuels humains j'imaginais bien qu'il n'y avait pas forcément cette histoire de domination comme pour nous. Mais une meute a besoin qu'il y ai une hiérarchie pour pouvoir fonctionner correctement. Nous devons connaître notre rôle, notre place. Dans un couple entre deux bêtas ce rapport de force est si ténu qu'il en devient presque invisible. Mais les alphas aiment le pouvoir, tant sur leur territoire, leur meute, que leur âme sœur. Les femmes bêta acceptent souvent vite cette position, car elle inclue en arrière-plan qu'elles sont supérieures aux autres membres de la meute. Mais moi je n'avais jamais imaginé que je devrais un jour me soumettre à un mâle ! Oui avec les humaines j'aimais bien quand elles prenaient le devant, mais ça n'avait rien à voir. J'avais toujours la possibilité de renverser la situation. Au fond je savais que si elles me dominaient c'était parce que je l'acceptais et le voulais. Là on ne me laissait pas le choix.

Alors que je ruminais mon corps se crispa d'un coup et mes oreilles se redressèrent. Quelque chose n'allait pas, je n'entendais plus aucuns bruits. Aucun oiseaux nocturnes, rongeurs ou même insectes. C'était le calme plat. Il n'y avait plus que le murmure du vent et le bruissement des arbres.

Qu'est ce qui pouvait rendre la forêt muette à ce point ? Est-ce que les animaux se cachaient de quelque chose ? De l'alpha ?

Un chant vint soudain couper le silence. C'était une voix de femme, et ses paroles étaient incompréhensible. Ma curiosité me poussa à sortir de ma cachette. De toute façon si elle était là ce n'était surement pas par hasard.

-Maxence. Je pensais que nos chemins se croiseraient bien plus tôt. Mais il faut croire que certains ont fait en sorte d'empêcher cette rencontre. Heureusement, ce soir la lune a décidé de nous réunir.

Maxence ? On ne m'avait pas appelé comme ça depuis très longtemps. Je n'étais pas sûr que ça me fasse du bien d'entre mon prénom à nouveau. Il n'y a que maman qui m'appelait ainsi.

La femme face à moi devait avoir une soixantaine d'années. Ses longs cheveux blancs effleuraient le sol et ses yeux étaient de la même couleur. Était-elle aveugle ? Certainement, son regard semblait me traverser de part en part. Je pris soudain conscience que son odeur ne correspondait ni à celle d'un loup, ni d'un humain. Qu'était-elle ?

Ma tête se pencha d'elle-même sut le côté et je la vis rire silencieusement alors qu'elle s'avançait encore vers moi.

-Tu dois te demander qui je suis. Je n'ai jamais vraiment pu me présenter. Nous autres, nous n'avons pas de nom. Parce que nous ne sommes pas un individu, nous sommes un tout.

A ses paroles mes oreilles se plaquèrent à l'arrière de ma tête et je me mis à grogner pour lui interdire de s'approcher davantage. Une sorcière. Une des filles du diable, cette femme était pire qu'un démon. Je devais m'en méfier, peut-être même fuir ? Non pas encore, j'allais plutôt lui sauter à la gorge.

-Je sais que tu me vois comme une menace. Mais tu as tort. On m'a envoyé pour te venir en aide, pour te sauver de lui. Comment ça ? L'alpha sera de plus en plus dur avec toi, il a besoin de montrer à sa meute qu'il te tient en laisse. Pour ça il comprendra bientôt qu'il ne pourra y parvenir qu'en t'humiliant, en te privant de toute liberté. Nous voyons dans l'avenir tu le sais. Le tiens est bien sombre. Bientôt tu supplieras un geste doux de ton tortionnaire. Tu dois me faire confiance Maxence. Tu as besoin de moi.

Mes poils se hérissèrent le long de mon corps. Disait-elle vrai ? Je ne pouvais que me remémorer le match de rugby puis notre moment chez lui. Zain n'était pas saint pour moi. J'en étais sûr depuis longtemps maintenant.

-Je peux te donner du pouvoir, de la force. A la prochaine pleine lune tu seras plus puissant que tous les ennemis qu'il a pu affronter. Et si tu es plus fort que l'alpha, cela signifie que tu peux le devenir. Je t'offre un avenir dans lequel tu n'auras plus jamais à craindre qui que ce soit. L'acceptes-tu ?

Poussé par l'adrénaline et l'angoisse qu'elle s'évapore je repris ma forme humaine et bondit sur mes pieds pour me retrouver en face d'elle, lui tendant ma main gauche.

-Je l'acceptes.

Un étrange sourire pris place sur son visage avant qu'elle sorte un couteau à la lame dorée de son sac. Avec celle-ci elle vint faire une longue coupure sur la paume de ma main en reprenant son chant. La sorcière redressa ensuite la tête vers moi et s'évapora avant que j'ai pu lui poser les questions qui me brulaient la langue.

Je n'avais plus à avoir peur. Bientôt je serais débarrassé de lui.

Loups Brisés (bxb) [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant