Chapitre 31 partie 2

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Lorsque je rentre dans la maison de certains copains, c'est une odeur de lessive ou de gâteau qui m'accueille. J'aime aller chez ces personnes, on se sent tout de suite bien, c'est réconfortant. Maman n'aime pas faire la cuisine, et c'est souvent moi qui fais le ménage. J'ai l'impression que chez nous il n'y a pas d'odeur, ça ne pue pas, ça ne sent pas bon. C'est simplement vide.

Pourtant aujourd'hui c'est une odeur de sang qui emplit mes narines lorsque je passe le pas de la porte. L'angoisse me prend directement à la gorge et je me mets à courir dans la direction de ses effluves atroces. En ouvrant la porte de la cave, mille scénarios me viennent en tête. Maman a voulu aller chercher quelque chose en bas, elle a glissé sur une des marches, et elle s'est explosé la tête contre le sol. Non. Ce n'est pas possible.

– Maman ? ! La peur fait monter ma voix dans les aigus.

- Tout va bien Maxence. Ne descends pas ! Monte dans ta chambre !

J'ai pour habitude de toujours lui obéir sans discuter. Mais cette fois-ci j'en suis incapable. La peur m'empêche toujours de respirer. Est-elle en train de se trancher les veines ? Je me précipite dans les escaliers puis me stoppe en voyant le corps allongé au milieu de la pièce.

C'est celui d'un humain, d'un homme. Quelques mèches blondes ont réussi à ne pas être tachées par le sang. Son crâne est fendu en deux. Je relève mes yeux vers ma mère dont le visage est maculé de larmes. Que s'est-il passé ? Comment a-t-elle pu tuer ce type ?

- Je suis désolée... C'était un accident je te le jure ! Il m'a vue me transformer, il n'avait rien à faire là. J'ai... J'ai... Je ne pouvais pas me permettre de l'annoncer à l'alpha. Tu sais ce qu'il aurait pu me faire. Tu dois m'aider Maxence. Je suis ta maman.

Je ne peux m'empêcher d'avoir un haut de cœur et me mets soudainement à vomir sur le sol. Les larmes me montent un peu plus aux yeux à chaque spasme. C'est un cauchemar. Maman n'est pas une meurtrière.

- Il allait nous faire du mal Maxence. Tu sais très bien comment sont les hommes. Tu te souviens de ce monsieur à la maternelle ? Et de ce que je t'ai dit sur ton père ? Ils sont dangereux. Je devais te protéger mon ange.

Maman vient vers moi et se penche pour être à ma hauteur. Sa main qui est propre vient se poser sur ma joue. Ça fait tellement longtemps qu'elle ne m'a pas donné de geste d'affection. Serais-je prêt à faire n'importe quoi pour qu'elle me prenne dans ses bras ?

– Les hommes sont mauvais. Ce sont des monstres. Alors finalement c'est presque une bonne chose que je nous ai débarrassés de celui-là. Tu ne penses pas ?

– Mais moi aussi un jour je serais un homme... Cette pensée me fait peur, je veux rester enfant, je veux rester gentil.

– Toi tu es simplement mon fils. Rien d'autre. Mon gentil petit garçon. Tu ne diras rien d'accord ? À personne au collège. Ni plus tard. C'est un secret tu comprends ? Nous allons nous débarrasser du corps et nous n'en reparlerons plus jamais.

Je tourne à nouveau mon regard vers la tête blonde en hésitant un bref instant. Mais maman a raison, il nous voulait du mal. Nous ne faisons que nous protéger.

D'accord maman.

Fin du flash-back

« -Qu'est ce que tu racontes Max ? Les parents n'ont pas à être comme ça avec leurs enfants, jamais. Je croyais que tu n'avais pas connu ton père. Il t'a fait quelque chose ? »

Mon regard se repose sur mon âme sœur et je ressens la panique m'étreindre le cœur. Il vient de me raconter qu'il avait brisé la main d'un garçon qui l'avait insulté. Est-ce que je peux lui répondre qu'à douze ans j'ai aidé ma mère à cacher le corps d'un inconnu ? Certainement pas. En même temps, il a tué un monstre pour me protéger. Et moi j'en ai caché un pour sauver ma mère.

Non... Cet homme était peut-être innocent. Mais cette possibilité me fait bien trop angoisser. Aussi je préfère me dire qu'elle ne m'a pas menti. Même si c'est arrivé bien trop souvent pour ne pas laisser planer le doute.

En tout cas, elle avait raison sur au moins une chose. Je ne peux pas en parler. Jamais. Ce secret me suivra jusque dans ma tombe.

– Non rien... Justement c'est ça le problème. Il nous a abandonnés maman et moi. Sans aucune raison. Quel homme serait capable d'abandonner son âme sœur et son fils ?

Zaïn me regarde tristement puis m'attire à nouveau contre lui et je monte sur ses genoux pour me presser contre son torse. Sa grande main caresse doucement mon dos et je ferme les yeux en me laissant bercer par les battements de son cœur.

– Ça nous fait un point commun en plus. Nos pères ne voulaient pas de nous.

Je ne peux m'empêcher de rire un peu face à cette remarque. Personnellement c'est le seul point en commun que je nous trouve.

- Moi je ne t'abandonnerais jamais Max. Je serais toujours là pour toi. Parce que tu es le centre de mon existence depuis des années. Toute ma vie ne tourne qu'autour de toi. Je t'aime.

J'inspire doucement son odeur et une idée s'insinue soudain en moi. Il y a un moyen simple pour que nous partagions une nouvelle chose. Je resserre mes cuisses autour des siennes puis viens à mon tour passer mes bras autour de son corps. Je peux l'entendre sourire à ce geste, mais je ne suis pas sûr que cette expression persiste longtemps sur son visage.

- Tu es à moi. Je ne veux pas que quelqu'un puisse en douter.

J'embrasse doucement la peau de son cou, son corps se détend un peu plus contre le mien. Et lorsque je trouve finalement le bon endroit, je laisse mes instincts prendre possession de moi. Laissant mon loup faire pousser légèrement mes crocs pour que je puisse venir les loger dans la chair de mon âme sœur.

Nous sommes enfin complets.

Loups Brisés (bxb) [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant