chapitre 29

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NDA : CHAPITRE PAS JOYEUX !! J'y parle d'anorexie et de mort. Si vous ne vous sentez pas de le lire mettez un commentaire et je vous fais un récap rapide de ce que je dis dd.



Mon front est brûlant et pourtant je me sens gelé. Le sommeil m'est refusé depuis déjà deux nuits, et je n'arrive pas à garder le moindre repas dans mon estomac. J'ai faim, je suis assoiffé et je rêve de pouvoir dormir seulement un peu.

Ça fait deux jours que j'évite l'alpha comme je peux, je ne le regarde même pas quand nous sommes dans la même pièce. Mais je l'ai entendu vomir lui aussi, son état ne doit pas être préférable au mien. Nous sommes en train de devenir l'ombre de nous-même, je peux ressentir ses émotions de plus en plus négatives. Pourtant il ne vient pas me supplier de lui accorder de l'attention. Veut-il vraiment me prouver qu'il est prêt à m'accorder l'espace et le temps dont j'ai tant besoin ?

De mon côté je n'étais guidé au début que par la rage. Mais maintenant je crois que je n'arrive même plus à lui en vouloir. Nous avons trop besoin l'un de l'autre. Sauf que ma fierté est trop grande pour que je cède. Et puis je me demande d'ailleurs ce qui m'attend si j'abandonne et viens à lui.

Est-ce que nous pourrons nous contenter de nous tenir par la main ? Ou bien nos corps seront-ils mû par l'urgence de se découvrir ? Serais-je ravagé par le désir de mélanger nos corps ? En ai-je le droit ? Après tout, si j'en ai envie, pourquoi me l'interdire. Nous sommes des adultes, des âmes sœurs, et il est magnifique... Mais le problème est que je n'aurais sans doute pas pensé ainsi s'il ne m'avait pas marqué contre mon grès.

Suis-je toujours moi ? Est-ce ma volonté qui guide mes actes ou bien la sienne ? Cette question est en train de me rendre fou. Comment pourrais-je être autre chose que moi ? Et si jamais c'était le cas en aurais je seulement conscience ?

Je soupire doucement et serre un oreiller contre ma poitrine. J'aimerais tant que maman soit là pour me conseiller. Elle a toujours eu un avis très tranché sur tout. Il n'y a aucun doute sur le fait qu'elle m'aurait donné une réponse franche sans hésiter.

Son visage si maigre et ses mains frêles me reviennent soudain en mémoire. Je lui en veux tellement d'être partie, de ne pas avoir acceptée de guérir pour moi. Pourtant je sais qu'elle était malade, que son mental était trop fatigué pour se battre afin de sauver son corps. Maman ne s'alimentait plus, c'est devenu insidieusement de pire en pire. Et pendant des années je n'ai rien vu. J'ai été aveugle à la souffrance de la femme qui avait tout donné pour moi.

Un sanglot m'échappe et je serre plus fermement ma bouée de sauvetage contre ma poitrine. Tout est de ma faute, j'ai gâché sa vie, je l'ai empêché de s'épanouir. Qu'a-t-elle eu en échange de tous ses sacrifices ? Rien, elle est simplement morte.

Depuis deux jours, à chaque fois que je vomis, je repense à ce qu'elle a dû traverser seule. J'étais là pourtant, mais j'étais sourd face à ses plaintes. A-t-elle essayé de m'appeler à l'aide ? Etais je trop con pour percevoir les signaux d'alarme ?

Puis-je lui en vouloir de m'avoir abandonné alors que j'ai été le premier à la laisser tomber ? Je me revois lui crier dessus à l'hôpital, tout envoyer valser et la supplier de manger quelque chose. Le faire pour moi, pour me prouver que j'étais important à ses yeux. Mais elle avait déjà trop fait pour moi. Maman était épuisée de cette vie qu'elle n'avait pas souhaitée. Je n'aurais pas dû naître, c'était une erreur. A cause de moi elle était le mouton noir de la meute. Traînant derrière elle un boulet maigrichon sans papa.

Avions-nous tout de même été un peu heureux ? Ou l'avais-je détruite jour après jour ? Malgré tout je l'ai aimé. Plus que tout, plus que moi-même. Elle méritait tellement mieux que de finir ainsi.

Vais-je connaître le même sort si je n'accepte pas de rejoindre Zaïn ? Peut être est ce pour ça qu'il est mon âme sœur ? Pour me punir de tout le mal que j'ai pu causer. Je mérite certainement de mourir moi aussi.

Mais je n'en ai pas envie. Je m'y refuse. Je suis trop jeune, j'ai encore tant à vivre. Et je ferais en sorte de me faire pardonner. De réparer mes pêchers d'une façon ou d'une autre. Peut-être qu'ainsi maman pourra me pardonner de là-haut. Et si ce n'est pas le cas, je payerais plus tard d'avoir été un mauvais fils.

Je ne veux pas suivre le même chemin qu'elle. Elle ne l'aurait sans doute pas voulu non plus. Ma défaite serais certainement une déception de plus à ses yeux. Puis je bien faire les choses au moins une fois dans ma vie? 

Je me redresse difficilement sur mes jambes tremblantes. Me tenant au mur j'avance lentement vers la chambre de Zaïn, laissant mes pieds traîner sur le sol. Ma décision est prise. Je dois me laisser une chance, je veux vivre encore un peu.

Ma main se lève et je toque trois coups légers contre la porte. En l'entendant s'ouvrir, je ferme les yeux et inspire un instant l'odeur boisée et sucrée de mon âme sœur. Mon cœur et mon corps se réchauffent doucement et un petit sourire vient étirer mes lèvres.

-Je ne veux pas mourir.

C'était une promesse que je me faisais à moi-même. J'allais me battre et vivre le plus longtemps possible, même si cela inclut forcément de garder l'alpha à mes côtés.

La vie n'est pas toujours rose, mais de toute façon je préfère le vert.   

Loups Brisés (bxb) [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant