Chapitre 26

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Le cœur de Steve rata un battement.

La réalisation était trop douloureuse.

Sans prendre le temps d'attendre que sa raison le rappelle à son devoir et ses obligations – qui se résumaient à ne pas faire une scène pendant la soirée de Vickie, il s'approcha d'eux et tout l'attendrissement qu'il eut éprouvé en les regardant, disparut subitement.

_ Quand est-ce que vous alliez me le dire ? leur lança-t-il sans dissimuler l'aigreur dans son ton.

Il se fichait pas mal si ses deux amis ne comprenaient pas à quoi il faisait allusion. C'était la dernière de ses priorités à cet instant. Il n'en avait rien à faire d'éclater brusquement leur bulle de bonheur.

Nancy se redressa aussitôt, surprise par le soudain parfum de Steve qui suintait d'aigreur et d'animosité. D'un geste protecteur, elle passa son bras sur la poitrine de Jonathan, juste au cas où, juste pour le protéger. Cette action piqua encore davantage Steve. Ce n'était pas comme si il avait voulu leur faire du mal.

_ De quoi tu parles ? demanda-t-elle un peu nerveuse.

Elle essaya de diffuser des phéromones apaisantes mais cela se révéla être en échec. Il y avait tant de monde aux alentours que son propre parfum était étouffé par l'odeur de la sueur, de l'alcool et des bougies à la citronnelle que Vickie avait voulu allumer en début de soirée. Peut-être qu'elle-même étant déstabilisée, elle n'avait guère pu calmer Steve, dont le parfum devenait, cette fois-ci, encore et toujours plus âcre.

_ Ne vous foutez pas de ma gueule ! chuchota-t-il, avec violence, pour ne pas attirer l'attention. Depuis combien de temps vous me cachez ça ? Vous avez bien dû rigoler dans votre coin...

Il ne prit pas la peine de réprimer son rire jaune.

_ Steve...

_ Stop, c'en est trop, intervint Nancy.

Elle se leva des genoux de Jonathan et s'empara de la bière que sirotait l'oméga en colère.

_ Tu ne sais plus ce que tu dis ! L'alcool te fait délirer !

Steve la jaugea d'un regard plein de défis et de défiance, et malgré la coutume qui voulait qu'un oméga baisse respectueusement les yeux face à un alpha, il se fit violence pour l'observer en retour, leurs visages face à face, avec seulement quelques centimètres qui les séparaient l'un de l'autre. L'air entre eux était électrique, la tension étouffait l'atmosphère.

Pourtant, c'était bien différent que lorsqu'ils sortaient ensemble, et d'une manière qui n'était guère agréable. Toute cette électricité venaient d'une irritation que Steve avait laissé roussir pendant bien trop longtemps.

Leur passion s'était envolée il y a bien des mois de çà, mais il avait toujours demeuré une flamme, nourrie par l'amitié et le respect qu'ils avaient l'un envers l'autre, qui avait bien souvent réchauffé l'âme de Steve dans les temps difficiles. L'amour étant ce qu'il est, imprévisible et éphémère, Steve avait pensé que leur complicité, elle au moins, aurait subsisté au temps et aux épreuves de la vie.

Mais la cachotterie et le mensonge avaient noirci le tableau, et semblable à un coup de vent, là où la flamme avait un jour vacillé dans son cœur à leurs souvenirs, il ne restait plus que des cendres chaudes et un sentiment de colère, alimenté par l'alcool.

_ Au contraire, reprit-il en lui arrachant la bouteille des mains, je n'ai jamais été aussi clairvoyant de ma vie qu'en cet instant ! Tu lui caressais le coup, là où tu as prévu de le marquer ! Comment avez-vous pu de pas m'en parler ?

Nancy poussa un soupir contrarié.

_ Parce que cela concerne notre couple, Steve, répondit-elle d'une voix sans réplique.

Alpha Beta Omega Dynamics [Harringrove]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant