Chapitre 30

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Billy était resté dans la rue, regardant la voiture de Nancy et Jonathan (et Steve) s'éloigner et disparaître au bout de la rue. Interdit, il s'était promis de faire la peau à l'alpha si elle ne ramenait Steve en sécurité chez lui – il avait quand même prévu d'épargner l'autre oméga, juste par soucis de pseudo-équité. Il avait refusé de réfléchir davantage à cette soirée plus qu'étrange, qu'il n'avait clairement pas prévu comme ça : se retrouver à câliner un oméga ivre sans aucune intention sexuelle était une grande première pour lui.

Il avait jeté un coup d'œil derrière lui ; la soirée battait encore son plein, et pourtant, il lui semblait qu'il avait raté la plupart des festivités. Son absence – et celle de Steve – était plutôt passée inaperçue, et quelque part, cela rassurait Billy. Il n'avait pas envie que ce moment qu'ils avaient partagé n'ait à être expliqué, il pouvait juste le garder pour lui, comme un secret qu'il ne voulait pas raconter, quelque chose de précieux et onirique dont il voulait garder la possession, sans avoir à le rendre réel.

La musique pouvait être entendu du jardin plongé dans l'obscurité ; Billy était éclairé par la lumière qui traversait l'une des nombreuses fenêtres de la maison. Il observait de par cette ouverture les gens qui s'amusaient à l'intérieur, mais son cœur n'était plus à la fête. Il n'avait plus aucune envie de s'enivrer, de finir par baiser avec un oméga et de raconter fièrement tous ses exploits le lendemain à Tommy, qui écouterait attentivement, qui boirait ses paroles, comme si tout ce que disait ou faisait Billy était de l'or pour lui.

Non, Billy n'avait plus rien à faire ici. Sa place n'était plus parmi ces personnes, même s'il devait avouer que Vickie avait fait un très bon travail pour organiser cette soirée. Billy avait regardé une dernière fois par dessus son épaule les silhouettes se déhancher, avant de se diriger toujours silencieux, vers sa camaro qu'il avait fait démarrer avec un vrombissement du moteur.

Il était faufilé chez lui, faisant attention à ne pas faire grincer la porte principale qui crissait toujours quand on l'ouvrait un peu trop brusquement. La maison était plongée dans le calme, entrecoupé des ronflements sonores de Neil qui s'était assoupi sur le divan, devant la télévision encore allumée. L'écran n'était que de la neige, le son que des bruissements inintelligibles, à croire qu'aucun programme ne pouvait être capté. L'antenne s'était peut-être décalé à cause du vent qu'il y avait eu ces derniers temps.

À pas de loup, Billy traversa le salon, espérant ne pas réveiller son père, bien qu'il se doutait en voyant les cadavres de bières vides – ainsi qu'une bouteille de vodka à demi-entamée – qu'avec la quantité d'alcool ingérée, il allait dormir jusqu'au midi du lendemain. La chambre à coucher était fermée, Susan devait être à l'intérieur, peut-être à lire, redoutant silencieusement que son mari vienne à ses côtés. Billy atteignit finalement sa propre chambre, après être passé devant celle de Max.

Avoir passé la soirée à s'occuper d'un oméga ivre avait peut-être attendri le cœur de Billy, plus qu'il ne l'avait d'abord pensé. Si seulement il avait les clefs, si seulement quelqu'un pouvait le guider, croyez-le, il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour protéger sa saleté de demi-sœur.

Il s'allongea dans son lit, ne prenant même pas la peine d'enlever sa veste en jean qui avait vaguement gardé l'odeur de Steve. Jamais aucun sentiment ne lui avait fait si mal que celui d'aimer quelqu'un et de vouloir le garder en sécurité, qu'à tel point que cela le prenait aux tripes. À tel point, qu'il n'était même pas certain d'être capable de gérer l'intensité de ses émotions, reconnaissant lui-même qu'il n'en avait jamais connu d'aussi vifs et sincères.

***

_ Va te faire foutre, Max.

Billy leva à peine les yeux de son bol, rempli à ras bord d'un mélange de lait et de café. Il trempait quelques fois dans cette mixture quelques tartines d'un pain sec, acheté il y a déjà quelques jours au centre commercial. Un cigarette pincée entre les lèvres, il alternait entre boire, croquer et inspirer la nicotine.

Alpha Beta Omega Dynamics [Harringrove]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant