Chapitre 10

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_ Où est-ce que tu étais passé ? demanda Nancy à Steve lorsqu'il les rejoint dans le salon de Barbara Holland.

Apparemment, la fête n'avait pas perdu d'ardeur pendant son absence. Steve avait même l'impression que le son de la musique avait été montée, assez pour lui faire mal aux tympans. Les bières bues s'étaient accumulées autour de la table, et maintenant, il y avait plus de bouteilles vides que de remplies. Cette fois, les adolescents avaient tous un taux d'alcoolémie plus ou moins élevé dans le sang. Les phéromones d'euphorie qu'ils dégageaient venaient se confondre avec l'odeur de leur sueur.

_ T'as mis vachement de temps pour aller chercher une bière, releva Jonathan taquin.

Steve se laissa tomber à côté du couple dans le canapé et leur répondit qu'avec un simple grognement.

_ Qu'est-ce qu'il t'arrive ? l'interrogea l'alpha.

_ Rien, grinça Steve.

Jonathan et Nancy échangèrent un regard entendu et décidèrent d'un commun accord silencieux de l'ignorer.

Pendant le reste de la soirée, Steve tenta d'essayer de contenir la rancœur qui lui brûlait l'estomac. À chaque fois qu'il apercevait ce putain d'alpha de Billy, il ne pouvait pas s'empêcher de froncer les sourcils et de se renfrogner davantage, d'un air boudeur.

Comment avait-il pu le laisser comme ça, aussi vulnérable et aussi... excité ? Steve ne savait pas si il était contrarié que Billy l'ait chauffé de la sorte ou bien qu'il ne soit pas allé jusqu'au bout des choses. Pour calmer son érection, Steve avait dû s'enfermer dans les toilettes – dans lesquelles il avait vu il y a quelques dizaines de minutes à peine Billy se faire sucer – et s'était branlé, le visage de Billy ancré dans son esprit. Il avait l'impression de pouvoir encore sentir sa langue contre la sienne, caresser férocement ses gencives, leurs lèvres s'écrasaient l'une contre l'autre durement. Steve voulait les grandes mains viriles de l'alpha sur lui, il rêvait de les sentir se balader sur son dos, sur ses cuisses, sur ses hanches. Seule son imagination l'avait fait fortement venir dans sa main.

Ses phéromones d'excitation étaient étouffantes dans la salle de bain. Après s'être rincé les mains, Steve avait ouvert la fenêtre pour faire circuler l'air et chasser cette odeur de luxure. Il avait attendu quelques instants, s'assurant qu'il ne sentait plus rien du tout – il ne souhaitait pas que Nancy et Jonathan lui posent des questions, car il n'aurait pas su leur donner des réponses.

Finalement, Steve, Nancy et Jonathan partirent de la soirée vers une heure et demi du matin. Nancy avait pris le volant, étant celle qui avait le moins bu. Steve avait tenté de protester mais il s'était évanoui de fatigue sur la banquette arrière, en tendant les clefs à Nancy.

Le lendemain matin, Steve se rendit au lycée de Hawkins avec une affreuse gueule de bois. Sa tête lui faisait affreusement mal, il pouvait même sentir ses tempes battre avec force sur son crâne. Ses lunettes de soleil – que Nancy lui avait prêté pour la soirée – n'avaient pas quitté son nez depuis qu'il s'était levé. La lumière qui filtrait à travers les rideaux de sa chambre l'avait ébloui et avait failli le rendre malade. Il s'était laissé tombé sur son matelas, dans un « boing » sonore des ressorts, et avait grogné plaintivement.

Steve avait eu du mal à se lever à nouveau et à se traîner en cours. Plusieurs professeurs lui avaient fait des remarques sur ses lunettes et Steve avait été obligé de les enlever, ne faisant qu'augmenter son mal de crâne. Pourquoi les salles de classe étaient-elles aussi lumineuses ? Ne pouvaient-elles pas ressembler à des grottes sombres et obscures ?

_ Alors ? Tu en as toujours rien à faire de te bourrer et d'avoir la gueule de bois le lendemain ? se moqua gentiment Nancy.

Steve grogna pour seule réponse. Il remonta ses lunettes sur son nez – les professeurs ne pouvaient rien lui dire pendant les pauses à ce sujet – et déposa ses affaires dans son casier.

Alpha Beta Omega Dynamics [Harringrove]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant