Alpha Beta Omega Dynamics [Harringrove]

Chapitre 29

La vie est une pute.

Ce fut les premières pensées qui traversèrent l'esprit encore légèrement endormi de Steve en ce lendemain de soirée. Sa tête lui faisait un mal de chien, comme si un orchestre avait décidé de jouer à l'intérieur de sa boite crânienne – et à chaque coup de cymbale, c'était comme recevoir un coup de poing en pleine figure. Tous ses membres étaient douloureusement endoloris : il avait essayé de ramper en dehors de son lit, mais eh bien, ses jambes n'avaient apparemment pas voulu suivre le mouvement. Il lui semblait qu'aucune de ses articulations ne le faisaient pas souffrir. Il avait tout de même réussi à se redresser sur son matelas. Quel exploit !

Le soleil – ce connard – passait à travers les rideaux de sa chambre et venait directement éclairer sa tête de lit, comme pour dire « allez, c'est le matin, réveille-toi maintenant ». La luminosité lui faisait plisser les yeux et son mal de tête redoublait – les instrumentistes reprenant de plus belle fortissimo. Fatigué, il se laissa retomber dans son lit – ce qui n'était pas une bonne idée compte tenu de la douleur générale de tout son corps – et ferma les paupières quelques instants, juste pour reposer ses yeux encore un peu.

Tout était si flou autour de lui, il avait l'impression qu'il allait vomir. Il se maudit – enfin, maudit le Steve du passé – pour avoir autant bu et agi comme un abruti. Il n'avait aucun souvenir de la soirée de Vickie, il ne se remémorait même pas comment il avait fini dans son propre lit ! Quelques bribes de sa dispute avec Jonathan et Nancy lui revinrent en tête et sincèrement, il aurait préféré de pas s'en souvenir. Il attrapa l'un de ses oreillers, plaqua son visage à l'intérieur et cria de toutes ses forces. Il n'avait pas de repenser à la veille.

Steve parvint tout de même à se lever, quand les rayons perçants du soleil devenaient bien trop agressifs pour ses pauvres pupilles encore dilatées par l'alcool. Il se rendit à sa salle de bain, d'une démarche aussi chancelante que penaude, s'arrêtant quelques fois pour se tenir au mur, une mains sur sa cuisse, l'autre sur le cœur pour réprimer une soudaine envie de régurgiter tout ce qu'il avait englouti ces dernières vingt-quatre heures.

Quand il aperçut son reflet dans le miroir, l'envie de retourner se coucher fut encore plus fort qu'avant.

_ Oh bordel, souffla-t-il en constatant les dégâts.

Ses cheveux étaient dans une pagaille pas possible, son teint était blafard (normal avec cette tenace envie de vomir qui ne voulait pas partir) et une fois n'était pas coutume, de grosses cernes venaient faire un demi-cercle en dessous de ses yeux rouges. Il ne savait plus ce qu'il avait fait la veille, mais il commençait à le regretter sérieusement.

Il se passa de l'eau sur le visage, pour essayer de se réveiller davantage. Puis, il fallait absolument qu'il se douche pour faire partir cet insupportable mélange de sueur et d'alcool qui lui collait à la peau. Il retira son tee-shirt, grognant en levant les bras à cause des courbatures.

_ Qu'est-ce que...

Et au moment où il pensait que le constat ne pouvait pas être pire que tout ça, quelque chose attira son attention, juste au niveau de son cou. Une trace. Bleue violacée. Une morsure, juste à quelques centimètres de sa glande de liaison.

Un. Putain. De. Suçon.

_ Qu'est que j'ai fait, putain ? jura-t-il entre ses dents.

Il ne se souvenait de rien. Ne savait même pas qui avait posé ses lèvres sur son cou pâle. Qui avait-il pu laissé approcher de sa glande de liaison, alors qu'il était ivre et vulnérable ? Steve voulait se gifler parfois pour être aussi imprudent.

Steve s'assit sur le rebord de sa baignoire, la tête entre les mains, en train de menacer mentalement son lui du passé. Il avait beau se creuser les méninges, il n'avait aucune idée d'avec qui il avait passé la soirée, ni même qui l'avait ramené chez lui.