Chapitre 33

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Plongé dans un silence assourdissant, Steve se figea dans les bras de Billy, dont le regard s'était porté vers la porte des vestiaires, méfiant. Sur ses gardes, il semblait prêt à bondir s'il voyait la clenche bouger. Quelque part, cela faisait ronronner l'oméga intérieur de Steve que de se savoir en sécurité avec lui.

Les bruits des pas étaient de plus en plus perceptibles à travers les murs fins du gymnase, le claquement régulier des talons qui résonnait dans les couloirs vides, se rapprochait inévitablement, fatalement d'eux. L'oméga, encore un peu groggy par ce qu'il venait juste de se produire, leva les yeux vers Billy, comme dans une supplique muette, le priant de faire quelque chose. Il espérait qu'il allait prendre la situation en mains, se sentant incapable de réfléchir correctement en cet instant, étant monstrueusement vulnérable.

Après coup, Steve se dit que peut-être, mais juste peut-être, la véracité de cette pensée était à revoir, biaisée par le sentiment lourd de protection et de sécurité qui pesait sur sa poitrine.

Billy dut sentir le poids de son regard penaud sur lui, ses grands yeux sombres écarquillés et ces cils battant d'une manière adorable. Il baissa la tête pour l'observer à son tour, se mouvant légèrement pour s'asseoir dans une position plus pratique pour le regarder, mais gardant l'emprise de ses mains sur ses hanches. Ses yeux de glace n'avaient pas l'air le moins du monde perturber par ces bruits de talons, contrairement à ceux noirs qui brillaient en face de lui.

Doucement, essayant de faire le moins de bruit possible, Billy se défit de l'étreinte que les jambes de Steve avaient sur lui (ce ne fut pas une simple affaire) et se leva du banc en bois, lui arrachant une moue contrite. Parcourant les vestiaires à pas de loup, il ramassa et tendit finalement ses vêtements à Steve (vêtements, qui rappelons-le, avaient été préalablement jeté à travers la pièce sans aucun ménagement).

Comprenant le message implicite, Steve s'habilla à regrets avec des gestes d'une lenteur effroyable. Il aurait bien voulu que le moment s'étira davantage, que les secondes traînèrent dans l'espace du temps. Il voulait encore profiter de la chaleur qui émanait de Billy, encore se sentir protéger un peu plus longtemps entre ses bras.

Mais à la place, sans dire un mot, il l'observa s'éloigner de lui, se fondre dans l'ombre de la pièce et écoutait à travers la porte. Steve se mordit la lèvre, reprenant peu à peu ses esprits. Un sentiment étrange le tourmentait, lui compressait la poitrine, sans qu'il ne puisse comprendre ce qui clochait réellement, comme une sorte de mauvais pressentiment. L'inquiétude pesait sur ses épaules, mais ne pouvant comprendre son origine, il s'évertua à le repousser bien loin dans son esprit.

_ Tu devrais peut-être aller voir...

La voix de Billy le surprit. Elle n'était pas inquiète, mais pas assurée non plus. Steve haussa un sourcil, surpris, tout de suite plus éveillé qu'il ne l'était quelques secondes auparavant.

_ Non.

De là où il était, se mélangeant à l'obscurité, Billy leva ostensiblement les yeux au ciel.

_ Et pourquoi ça ?

_ Parce que, répliqua Steve en gonflant ses joues. C'est pas toi l'alpha en théorie ?

_ En pratique aussi, princesse, répliqua Billy avec un clin d'œil goguenard.

Steve lui fit un doigt d'honneur, comprenant parfaitement l'allusion. Billy pouffa en silence.

_ Alors pourquoi ce serait à moi d'y aller ?

_ Ne me dis pas que tu as peur. Je n'aurais pas cru ça de toi.

_ Je n'ai pas peur ! s'offusqua Steve. Pourquoi aurais-je peur ? Et de quoi aurais-je peur exactement ?

Billy roula encore des yeux, comme s'il n'en pouvait plus de Steve, comme s'il était à deux doigts de craquer et de l'attraper par la peau du coup et de le jeter dans le couloir lui-même.

Alpha Beta Omega Dynamics [Harringrove]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant