Alpha Beta Omega Dynamics [Harringrove]

Chapitre 16

Les jours suivants, l'odeur persistante qui collait à la peau de Steve sembla enfin se dissiper. Ce n'était guère étonnant après les trois douches bien savonneuses qu'il avait prise pour la faire s'en aller. Si Nancy et Jonathan avaient pu la sentir, en tous cas, ils n'avaient fait aucun commentaire. Steve en était heureux, il n'aurait pas su gérer si ils avaient commencé à lui poser des questions, comme Robin l'avait fait la veille.

À vrai dire, la relation qu'il entretenait avec Jonathan et Nancy était en tout point différente de celle avec Robin, comme si quelque part elles étaient complémentaires l'une et l'autre. Avec Nancy et Jonathan, Steve avait l'impression d'être à sa place, d'appartenir à un semblant de meute, ce qui réjouissait son oméga intérieur. Il aimait Nancy, elle était très prévenante et attentionnée envers lui, elle pensait très souvent aux autres. Et même si autrefois, il l'avait aimée, il se rendait bien compte que ses sentiments avaient changé.

Nancy était l'alpha parfaite, avec laquelle il aurait facilement pu fonder une famille, avoir une maison et un chien. Quelqu'un avec qui la vie serrait bien rangé, facile et agréable. Mais... même si elle représentait tout ce qu'il recherchait, au fond, il avait dû finir par admettre qu'elle n'était pas celle qui lui fallait, celle qui le comblerait, celle dont il tomberait amoureux. Car, même si il savait qu'elle était saine pour lui, il n'était pas tombé amoureux, bien qu'il avait tant de fois essayé de se convaincre.

Avec Jonathan, les rapports étaient différents. Premièrement, il y avait toujours cette espèce de compétition entre eux – ou du moins, Steve le ressentait parfois comme ça – parce qu'il avait été le premier oméga de Nancy. Bien qu'au fil des mois où ils s'étaient côtoyés leurs liens s'étaient renforcés, il avait quelques fois l'impression que Jonathan doutait encore de l'inclination que Nancy avait pour lui et qu'elle devait le lui rappeler. Steve n'osait pas émettre de jugements à ce propos, il savait qu'il ferait pareil dans le cas inverse. Au delà de ça, entre eux, était née une réelle affection fraternelle, de deux confrères qui se comprennent et qui se ressemblent. Chez Jonathan, il y avait cette sensibilité touchante, chez Steve, une volonté de protéger et d'aimer.

Quant à Robin, avec elle, c'était foncièrement différent. Elle était brillante – non pas que Nancy et Jonathan ne l'étaient pas – mais il y avait chez elle une véritable facilité de compréhension, presque innée entre eux. Robin semblait tout de suite comprendre ce qu'il voulait dire, ce qu'il pensait. Entre eux, c'était une sorte de tension constante, faite de chamailleries, entrecoupée de moments touchants et sincères. Elle différait diamétralement de Nancy, c'était d'ailleurs pour cela qu'elle l'avait tant ému dans un premier temps. Ils se complétaient, palliant les faiblesses de l'autre. Avec elle, Steve s'était déjà un peu plus approché de ce qu'il recherchait chez un alpha, plus qu'avec Nancy. Il avait eu ce pincement au cœur, cette sensation de pouvoir peut-être construire quelque chose. Ce sentiment d'interdit.

Mais Robin n'était définitivement pas intéressée par lui. Elle le lui avait avoué, alors qu'ils étaient assis sur le sol sale des toilettes, après qu'ils aient passé la soirée à boire ensemble. Steve s'était dit sur le moment qu'il devait être maudit en amour, puis la surprise de la révélation passée, dès lors, l'ambiguïté dans leur relation disparut totalement. Ils avaient pu, plus facilement s'ouvrir l'un à l'autre et leur amitié s'était développée de la sorte.

Et puis, ainsi, Steve n'avait pas constamment l'impression de tenir la chandelle. Cela comptait dans l'équation. En plus d'être l'ami individuel de Nancy et Jonathan, il était avant tout un ami du couple, ce qui l'avait mis plus d'une fois dans une situation délicate ou gênante.

Quoiqu'il en soit, lorsqu'il finit par les retrouver comme à leur habitude devant les casiers, les deux amoureux se tenaient la main, parlant de ce qu'ils avaient comme cours durant les prochaines heures. Steve se demanda silencieusement comment deux êtres pouvaient aussi fusionnels que ces deux-là.