Alpha Beta Omega Dynamics [Harringrove]

Chapitre 28

Billy n'arrivait pas à fermer l'œil.

C'était quelque chose que de savoir qu'un oméga vulnérable dormait à nos côtés, dans le même lit, que cet oméga en question se sentait assez en sécurité pour baisser sa vigilance, et troquer ses insécurités contre quelques dizaines de minutes de sommeil.

Et apparemment, l'alpha de Billy n'aurait pas supporté de laisser tomber sa garde pour se reposer à son tour. Non, il fallait qu'il soit attentif, qu'il surveille le sommeil de ce – crétin mais absolument charmant – oméga qui avait passé sa soirée à boire (comment quelqu'un ayant en charge quatre – voire six parfois – gamins turbulents tout au long de la semaine pouvait-il se montrer si inconscient et irresponsable envers sa propre personne ?). Il fallait qu'il s'assure que personne ne viendrait perturber ce semblant d'intimité qu'ils avaient.

Parfois, il entendait des bruits de pas dans le couloir, certainement des couples qui cherchaient un endroit calme pour des affaires nettement moins sages que celles de Billy et Steve – et encore, ils n'avaient pas non plus été très chastes ce soir. Il voyait quelques fois leurs ombres se glisser en dessous de la porte, et même si personne n'avait essayé d'entrer dans la chambre (le pourquoi du comment un tel miracle s'était produit demeuré encore inexpliqué aux yeux du châtain), dès que quelqu'un s'approchait un peu trop de la porte, la prise de sa main sur la taille de Steve se raffermissait doucement, son torse se redressait, comme s'il se tenait prêt à bondir.

Steve, quant à lui, était tout bonnement inutile et inconscient de cet excès de protection auquel il avait le droit. Après un échange de regard qui s'était étiré pendant de longues, intenses et précieuses minutes entre eux, Billy lui avait chuchoté de fermer les yeux et de se reposer quelques temps. Il savait que l'endroit ne serait qu'éphémère, que bientôt ils devraient se séparer. Steve rentrerait chez lui, Billy irait retrouver Max, mais pour le moment, le plus important était ce cocon de calme et de sérénité.

Cela devait maintenant une heure qu'ils avaient tous les deux disparu de la fête, mais personne ne devait s'en être aperçu. Tommy devait être bien trop bourré ou occupé par une oméga – même si, officiellement, il sortait avec Carol Perkins (Billy avait du mal à suivre s'ils étaient encore ensemble ou non, avec toutes les ruptures que leur couple avait connu), et d'après ce que le châtain avait compris des dires presque intelligibles de Steve, ce dernier s'était pris la tête avec Nancy et Jonathan, ce qui expliquait à la fois son odeur triste, sa solitude inhabituelle et cette envie de finir ivre mort.

Billy poussa un soupir, car malgré tout, lui aussi avait été fatigué par toute cette soirée. Il n'était guère habitué à s'occuper d'omégas tristes mais en voyant le visage endormi et paisible de Steve, il se permit pour une fois de se dire qu'il n'avait pas trop merder.

De nouveaux bruits de pas se firent entendre dans le couloir, ainsi que deux voix chuchotant, mais leur conversation était inaudible. Puis, les sons étouffés cessèrent, mais se tenant prêt, Billy se leva du lit et se dirigea vers la porte de la chambre. Presque aussitôt, la poignet bougea, mais avant que la porte ne s'ouvre entièrement et laisse la lumière venir balayer la chambre, Billy la bloqua d'une main ferme et se glissa hors de la pièce.

_ C'est quoi votre problème ? grogna-t-il aux inconnus, avant même de calculer de qui il s'agissait.

Son regard tomba nez-à-nez avec celui d'une Nancy apparemment très – très – mécontente et d'un Jonathan plutôt inquiet. Sans le vouloir – ou allez, peut-être juste un peu, un sourire vint étirer les lèvres du châtain.

_ Évidemment, soupira Nancy en le toisant du regard. C'était sûr que nous allions trouver Hargrove en vérifiant les chambres de l'étage. C'est plutôt à nous de te demander quel est ton problème !