V is for Vendetta || K.TH

38

Deux semaines sont passées depuis le nouvel an. Deux semaines sont passées depuis que Mino à gâché ma vie une nouvelle fois.

Et qu'es que j'ai fait pendant ces quatorze jours ?

Rien.

Absolument rien d'autre que me lamenter sur mon pauvre sort.

Les filles m'ont réconforté comme elles ont pu, mais je sens bien qu'elles me trouvent responsable de ce qui m'arrive. Et je suis, on ne peut plus d'accord avec elles.

J'ai voulu jouer avec le feu, et j'ai ridiculement perdu.

Je pensais que je me sentirais mieux après m'être vengée de Mino, mais je ne me suis jamais sentie aussi minable qu'en se moment.

J'ai aussi du reprendre mon petit boulot à la supérette, parce ce qu'un loyer ne se paye pas encore de lui même. Je déteste devoir me lever pour y aller, mais ça a au moins l'avantage de me changer les idées.

Et pour finir, les cours on repris.

Et c'est sûrement le pire dans l'histoire. J'ai un stress si grand quand je pense au fait de croiser Mino ou Taehyung, que j'en dors plus la nuit. Mes crises d'angoisses sont de plus en plus nombreuses et l'anxiété me rend malade.

Avec mes cernes violettes, mes ongles rongés, et mon teint pâle que j'essaye même plus de cacher, je suis vraiment pas belle à voir.

- Rentre bien Hae-won, me souhaite Jia après m'avoir fait un signe de la main.

Je la regarde s'éloigner et lui rend un faible sourire. Perdue dans mes pensées il me faut un moment avant de me rendre compte qu'il s'est mis à pleuvoir.

- Merde, je jure, en m'abritant sous mon sac.

Évidemment, avec la poisse que j'ai, j'ai oubliée mon parapluie. Je me met à courir pour arriver au plus vite chez moi. De l'eau glaciale infiltre mes bottes et mes vêtements. Mon sac sur ma tête ne me protège en rien.

Les yeux rivés par terres, j'ai juste le temps de remarquer une paire de chaussures marron et de m'arrêter net, sinon j'aurais foncé dans la personne en face de moi.

- Désolée, je m'excuse rapidement.

Mais avant que je m'élance à nouveau, la voix de l'homme s'élève. Une voix tristement familière.

- Tu n'as pas de parapluie ? Laisse moi te raccompagner.

Mon sac de cours glisse entre mes mains et se renverse dans une flaque boueuse. Je suis pétrifiée.

Taehyung se tient au dessus de moi et m'observe avec calme. La haine qui brillait dans ses yeux il y a deux semaines, sa douleur, son choc, tout à disparu.

Pour me donner de la contenance je m'agenouille et ramasse précipitamment mes affaires mouillées.

Il me regarde faire, sans bouger, et attend que je termine. Je me redresse enfin et, sans croiser une seule fois son regard, je lui dis :

- C'est gentil mais je peux rentrer toute seule.

Je m'apprête à continuer mais il me suit, me gardant sans arrêt à l'abri de la pluie.

- Je veux juste te raccompagner, rien de plus.

Avec un soupire, je m'y resoud et on commence à marcher en silence, côte à côte, sans échanger un mot.

Une fois arrivée devant ma porte d'entrée, je m'autorise enfin à le regarder. Ses joli boucles noirs -ça doit être le fruit de mon imagination mais- ont l'air d'avoir poussée, il porte son éternel manteau beige et m'observe avec tranquillité.

Je baisse les yeux, gêné par sa présence.

- Merci pour le trajet en tout cas.

Il hoche la tête. Un court moment j'ai l'impression qu'il va ajouter quelques chose, mais il se ressaisit et s'apprête à s'en aller.

J'ai un élan de courage et lui demande d'une voix déterminée :

- Qu'es-ce que t'es venu faire ici Taehyung ?

- Je t'ai simplement raccompagné chez toi.

- Pourquoi ?

- Parce que j'ai pas envie que t'attrape la crève.

Je soupire.

- Non, pourquoi t'es revenu tout d'un coup. Si tu me déteste tellement, tu devrais éviter de me revoir.

- Qui à dit que je te détestais ?

- C'est pas le cas ?

Un long silence s'en suit.

- Moi je me déteste en tout cas.

Une étrange expression traverse ses traits. Je m'avance d'un pas et demande :

- Taehyung, est-ce qu'un jour au moins t'arriveras à me pardonner ?

- Hae-won, il soupire, je t'ai pardonnée depuis longtemps. Et il est justement la le problème, j'arrive pas à te détester. Et je m'en veux énormément d'être aussi faible face à toi.

Je reste sans voix, choquée par cette annonce a laquelle je ne m'attendais pas.

Ce n'est que quand il s'approche de moi, la mine soucieuse, en essuyant une de mes larmes avec son pouce, que je me rend compte que je pleure.

D'une voix tendue, par l'émotion peut-être, il me dit :

- Je t'ai offert mon cœur et ce n'était pas suffisant pour toi, je ne vois pas ce que je peux t'accorder de plus.

Je relève mes yeux vers ce visage que j'ai aimé et que j'aime encore tellement.

- Pourquoi pas une seconde chance ?

Un sourire triste étire ses levres alors que son pouce continue de me carresser la joue.

- J'ai bien peur que mon stupide cœur soit prêt à t'accorder autant de secondes chances que tu voudras.

- Je ne t'en demanderai qu'une seule.

Il semble légèrement déconcentré, avant declater d'un rire doux et de se pencher vers moi.

Il m'embrasse avec amour. Ses mains tenant mes joues, les miennes agrippées à son pull, avec l'envie de ne plus jamais le laisser partir. La beauté de cette scène me semble suréelle, ce qui m'arrache un gloussement. Toujours collée à ses lèvres, je me détache enfin. Mon cœur déborde de bonheur et dans mon ventre vollent un millier de papillons.

- Tu n'imagine pas à quel point tu m'as manquée.

Comme seule réponse je lui offre un immense sourire. Un sourire parfaitement sincère.

- Oh, et promet moi une chose Hae-won.

- Quoi donc ?

- Si un jour on se sépare, s'il te plaît, n'essaye pas de me rendre jaloux en sortant avec un autre.

J'éclate de rire.

- Évite de rompre avec moi et la question est réglée.

FIN