V is for Vendetta || K.TH

19

Les mains dans les poches de sa veste, un pied replié contre le mur et un rictus sur le visage. Il nous attendait bel et bien.

- Ah Taehyung, s'exclame t'il, t'es là.

En trois grandes enjambées il nous rejoint et passe son bras autour des épaules du brun.

- Viens on sèche, il y a une nouvelle arcade qui vient d'ouvrir pas loin. On y va ?

- Ouais pourquoi pas, répond l'autre de son air nonchalant.

Les yeux bleu de Mino croisent les miens, il penche la tête et ses cheveux noirs bougent légèrement. Il aborde un sourire hypocrite que je lui connais si bien.

- Salut Hae-won, je t'avais pas vu. Qu'es ce que tu fais la ?

- Je me rend à mon prochain cours.

- Ah bon, il fronce les sourcils et affiche un air faussement inquiet, sans avoir mangé ?

- J'ai mangé.

- Pourtant je t'ai pas vu à la cafétéria aujourd'hui. Toi non plus d'ailleurs Tae.

- Une coïncidence, affirme Taehyung en haussant les épaules comme si la conversation ne l'intéressait que très peu.

Mino éclate de rire et donne un coup complice à son ami.

- Ne dis pas ça, je vais me faire des idées sur vous deux.

Derrière ses yeux rieur, je ressent très bien le ton menacent. L'air devient lourd autour de nous.

- Tu termine à quel heure Hae-won ?

Je suis prise de court par la question trop gentille de mon ex, Taehyung aussi semble perplexe.

- Dix-huit heure, comme d'habitude. Pourquoi, je demande soupsoneuse.

- J'aurai besoin de te dire un truc.

- Tu peux pas me le dire maintenant ?

- Nan, je préfère te faire stresser le reste de la journée.

Sa remarque me laisse sans voix. Avec un ricanement il entraine le brun et disparait hors de mon champ de vision.

~

Il est hors de question que je donne raison à Mino, mais comme il l'a très bien prédit, j'ai pas arrêté de me demander ce qu'il pourrait bien me vouloir. J'ai terminé les cours et m'assied sur un banc, attendant plus qu'il arrive. Au bout d'une grosse heure je finit par croire à une mauvaise blague et me lève en soupirant avec le sentiment qu'on s'est bien foutu de ma gueule. Encore une fois.

- Ah salut Hae-won.

Je m'immobilise et me retourne lentement vers le noiraud.

- Désolé pour le retard, mais l'arcade était vraiment bien.

J'hausse un sourcil désintéressée.

- Je t'attendais pas, je ment, j'avais juste envie de m'assoir sur ce banc.

- Bien sur excuse moi, rigole t'il avec arrogance, à chacun ses passions après tout, ironise t'il.

Je me retient de lui demander si être une grosse merde c'est son passe temps à lui, mais je préfère autant qu'il me dise pourquoi il m'a fait poiroter pendant une heure.

- Ducoup, tu voulais me dire quoi ? C'est pas que ça m'intéresse pas mais j'ai plein de truc à faire ce soir, alors accouche.

Faux, j'ai absolument rien de prévu à part trainer en pyjama devant ma télé. Mais ça il doit pas savoir.

- Ah oui alors voilà, son ton, quoi que faussement joyeux, disparait soudainement et laisse place à une intonation bien plus froide, sa voix devient tranchante, Dégage t'as compris ? Arrête de parler à Jimin, arrête de tourner autour de Taehuyng. Arrête de me chercher et arrête de croire que tu peux me prendre de haut en pensant que je réagirai pas.

Je soutien sans broncher son regard glacial.

- Ah bon, tu vas faire quoi ?

Il s'approche de moi d'une démarche menaçante, abordant un sourire terrifiant, carnassier.

- Regarde toi, à te cacher derrière ta barrière d'arrogance pitoyable. À te croire grande parce que tu lance des piques et des remarques cinglantes. Mais Hae-won, dit il d'une voix tout d'un coup doucereuse, tu est une petite fille brisée qui a besoin de moi. Quand je reviendrai tu seras à genoux parce que tu ne passeras jamais à autre chose. Quand je t'appellerai, tu reviendras à mes pieds, comme un chien.

Sur ses mots, il se penche vers moi et m'embrasse. Ses lèvres ont beau est chaudes, elles me procurent un frisson tout le long de l'échine. J'aimerais me dégager de cette entrainte, le frapper, le giffler, lui rétoquer qu'il a tord, lui prouver qu'il a faux. Mais même moi je m'en crois pas capable.

Alors je reste là, les bras balants, une larme solitaires roulant sur ma joue, incapable de faire quoi que ce soit.

Il se détache finalement et essuie de son pouce mon unique larme. Il l'observe un moment en silence, amusé.

Il finit par se pencher et me murmurer à l'oreille:

- Pitoyable.

Et c'est exactement comme ça que je me sens.