4 - Avant de dormir

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Une seule semaine de délai pour ce quatrième chapitre qui est ... Un flashback.

J'ai envie d'explorer les enfances de Katakuri et de King. Ils sont tous les deux similaires et bourrés de traumas. Ils se sont bien trouvés, ils ne le savent pas encore mais nous on le sait et il faut que tout le monde voit à quel point.

On commence par ce pauvre bébé Katakuri. Si vous n'avez pas envie de le prendre dans vos bras à la fin du chapitre, je ne sais plus quoi faire.

C'est parti.

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38 ans plus tôt.



Comme chaque soir à la même heure, le chaos régnait dans le dortoir. Les trente enfants Charlotte passaient le temps avant l'arrivée de leur mère. Les jeux "calmes" avaient très vite dégénéré en bataille d'oreillers ou en bagarre entre jumeaux. Des rires et des pleurs résonnaient de concert et les objets enchantés par Mama faisaient de leur mieux pour canaliser cette marmaille pleine d'énergie. Les aînés de douze, onze et dix ans occupaient le coin le plus prisé : juste devant le fauteuil de Mama, et chassaient sans pitié les petits qui essayaient de rejoindre leur cercle si prestigieux.

Seul Katakuri s'était mis à l'écart et évitait le chahut. Il n'avait jamais aimé les hurlements et appréciait son petit espace personnel mais depuis quelques temps, il s'isolait pour d'autres raisons. Il ne prenait plus aucun plaisir à se chamailler avec ses adelphes. "L'accident" de Brûlée lui avait ôté toute envie de jouer innocemment avec les autres. Il se sentait coupable et misérable. Il n'avait reçu aucune punition pour son erreur, puisqu'il avait vengé sa sœur lui-même, mais Mama l'avait ignoré pendant des jours et il avait eu droit aux leçons de morale de ses aînés : "On t'avait dit de cacher ta bouche, ça devait arriver ! Espèce d'égoïste !", Perospero lui avait souvent répété que s'il couvrait sa mâchoire, les autres enfants cesseraient aussitôt leurs moqueries et leurs brimades. Dans son orgueil, il l'avait ignoré. Il disait se ficher d'eux et de leurs opinions. Sa famille lui suffisait et de toute façon, il n'avait jamais été très sociable.

Mais la petite Brûlée en avait payé le prix fort. Depuis, il respectait scrupuleusement le conseil de son grand frère et dissimulait ses dents proéminentes sous une lourde écharpe molletonneuse. Même s'il n'était pas de nature particulièrement joueuse à l'origine, désormais, il avait les bagarres en horreur. Le moindre geste pouvait lui arracher son écharpe et révéler cette bouche coupable aux plus jeunes qui n'avaient pas encore eu le temps de s'y habituer. Les tout petits avaient d'abord eu du mal à se faire à ce brusque changement de comportement. Ils avaient essayé de lui ôter cette écharpe, ne comprenant pas pourquoi leur grand frère, auparavant aussi enjoué que les autres, les évitait comme la peste. Ils avaient vite abandonné ; il était devenu trop ennuyeux pour eux et ils l'avaient oublié. Même si ça lui faisait mal, il n'en montrait rien. Il n'avait pas le droit de se plaindre après ce qu'il avait fait, il devait regagner leur affection autrement.

Les jeux cessèrent quand Mama entra enfin dans la pièce. Une myriade de bambins joyeux se précipitèrent à ses pieds, impatients.

"Mama ! Mama ! Une histoire ! Une histoire !"

Tous les soirs, leur mère leur contait une nouvelle histoire pour les calmer et les endormir tous. Chacun attendait ce moment avec une joie indescriptible car elle trouvait toujours le moyen de leur offrir les prodiges qu'elle décrivait dans ces histoires. Plus le temps passait, plus Totto Land ressemblait à un idéal qu'elle promettait à travers ces contes. Elle se pencha pour accueillir les petits derniers et les gratifier de quelques câlins amicaux. Tous se battaient pour arriver les premiers dans ses bras et elle éclatait de rire en récompensant les plus rapides avec des bisous. Sa haute stature lui permettait de subir les assauts des enfants sans tomber à la renverse et sans lâcher le dernier né, Mont D'or, qu'elle tenait contre sa poitrine.

Prince Incendié (Katakuri/King)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant