La tisseuse de rêves

Chapitre 1.

Je suis née à la campagne dans la vieille maison familiale devant le regard émerveillé de toute la famille Miller, comme tous les enfants Miller avant moi.

Cela pourrait ressembler à une sorte de tradition mais ça ne l'est pas. Nous voyons le jour dans le même endroit depuis des générations et des générations pour protéger notre secret. En effet, notre famille a le don de lire les rêves des autres depuis la nuit des temps et lorsque nous naissons, les rêves de tous les occupants de la pièce virevoltent au-dessus de la tête de l'enfant. Un phénomène très étrange qui n'a toujours été vu que par les membres de la famille Miller, le secret ayant toujours été gardé avec soin.

A ma naissance mes parents m'ont donné le nom d'Abygaelle ce qui signifie source de joie. Ils m'apprirent plus tard qu'ils m'avaient donné un tel prénom car mon don était plus fort que celui des autres enfants Miller, ce qui était une fierté et une source de joie pour ma famille. La différence que mon don avait par rapport à toute ma famille était que je pouvais modifier les rêves des autres en plus de pouvoir les lire. Je reçu rapidement le surnom de tisseuse de rêves.

Ce don peut sembler extraordinaire mais il y avait quand même des inconvénients ; les fameuses règles que tous les enfants Miller devaient connaitre et respecter dès leur plus jeune âge : « Ne jamais révéler son don, ne pas l'utiliser pour des fins personnelles mais pour aider autrui, ne pas rester plus de cinq minutes dans le rêve de quelqu'un car sinon la personne qui lit le rêve disparaîtra, -règle spéciale pour la tisseuse de rêves- ne jamais manipuler les rêves d'autrui. »

Nous utilisons donc rarement notre don en dehors de notre famille, seul ceux qui sont psychologues arrivent à l'utiliser pour aider leurs patients à trouver ce qui les tracassent en les faisant dormir, car c'est lorsqu'on dort que ce que nous ressentons vraiment resurgit. Ils trouvent bien entendu une façon de cacher à leurs patients le fait qu'ils aient trouvé leur problème grâce à leur don.

Moi, on m'a toujours interdit d'utiliser la partie de mon don qui permet de modifier les rêves des autres en me disant que cela était contre la liberté de la personne concernée.

J'ai toujours respecté cette interdiction jusqu'à un certain jour.

Mes parents se firent extorquer une somme gigantesque d'argent d'une façon que j'ignore et nous devînmes extrêmement pauvres. J'étais alors étudiante, je dû arrêter mes études et faire des petits boulots.

Je trouvais cela pénible et ennuyant et puis je voyais mes parents qui n'étaient plus dans la fleur de l'âge se tuer à la tâche pour essayer de rembourser leurs dettes.

Je me mis donc à chercher plus activement sur Internet. Je tombai alors sur une annonce qui promettait un travail payé une somme exorbitante, je ne compris pas très bien le but du travail mais je tentai quand même d'envoyer un message au numéro indiqué pour dire que j'étais intéressée.

Une réponse arriva dans les minutes qui suivirent.

— Quels sont vos talents ?

N'ayant pas compris le métier je ne savais pas quel genre de talent on attendait de moi, je répondis donc :

— Je sais servir et prendre des commandes dans un restaurant, je sais quelques lois en droit car je faisais des études de droit, je sais faire le ménage et repasser, je sais garder des enfants.

— Tout cela est inutile pour le métier que nous proposons. Il nous faut du courage, de la discrétion, du sang froid et de l'expérience. Je suis désolé mais vous ne semblez pas correspondre.

Je revins sur la page d'accueil pour relire la description. Cela me semblait être une sorte d'agence qui recrutait des personnes qui étaient prêtes à obéir à tout ordre et qui en échange était payé énormément.

Je déglutis. Je ne pouvais pas abandonner. Il me fallait aider mes parents à payer leurs dettes. Je pensais alors à mon don. Il serait forcément utile dans ce genre d'agence mais le problème était que je ne pouvais pas révéler à quelqu'un mon don.

Je réfléchissais en regardant les objets posés sur les meubles de ma chambre quand mon regard s'arrêta sur un masque que m'avait offert ma grand-mère, fait de racine entremêlée, aplatis, cachant parfaitement les traits.

J'eu alors une idée: j'allais utiliser mon don sans révéler mon identité comme cela je ne désobéirais pas totalement à la règle.