Chapitre 9

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- Il va falloir que j'aille faire les courses, Stiles. Je ne devrais pas m'absenter plus d'une heure. Je te fais confiance, d'accord ?

Derek regardait Stiles avec sérieux et gravité. C'était un cadeau qu'il lui faisait. Cela faisait déjà une bonne semaine que l'hyperactif dormait chez lui et qu'il le surveillait. Le problème, c'est que le frigo se vidait et qu'il fallait le remplir au bout d'un moment. Forcément, Derek devait s'en charger. Il voyait ainsi le moyen de voir si Stiles respecterait sa parole et ne tenterait rien, lui prouvant ainsi qu'il ne désirait plus mourir. Et en même temps, c'était risqué. Parce que s'il commettait une erreur de jugement, si Stiles n'était pas prêt à passer un peu de temps seul... Il préférait ne pas imaginer le scénario qu'il redoutait le plus. Il faillit d'ailleurs revenir sur sa proposition, mais se dit que c'était mauvais. Stiles faisait de son mieux pour progresser et ne pas sombrer, ne pas faire des efforts de son côté lui paraissait ingrat. Il était certain que montrer à Stiles qu'il voyait ses progrès porterait ses fruits et l'aiderait à reprendre confiance en lui, à oublier ses idées les plus sombres. Mais l'hyperactif, bien loin de simplement hocher la tête, le surprit :

- Je peux... Je peux venir avec toi ?

Il s'était levé et rapproché du loup d'une démarche hésitante, avec une timidité non dissimulée. L'histoire de sa mère l'avait détruit et il peinait à être encore lui-même. Il se battait, bien sûr, pour ne pas disparaître, tout comme il faisait des efforts incommensurables pour oublier ses idées funestes. Derek en était conscient. Profondément conscient. Or, une partie de lui n'arrivait pas à faire autre chose que se méfier, tout simplement car Stiles était intelligent, mais affaibli. Il savait que le moindre revirement pourrait porter un coup fatal à son moral et c'était pour cette raison qu'il lui avait interdit de consulter les carnets de sa mère pour le moment – carnets qu'il avait cachés au cas-où. Pour l'instant, ils ne lui feraient rien d'autre que du mal et ce n'était pas le moment de continuer à s'enfoncer comme il le faisait. Stiles n'avait pas contesté cette décision, bien au contraire : il était comme soulagé. La situation l'avait mis à mal au point qu'il n'arrivait pas à se gérer seul. Qu'on lui impose quelque chose l'empêchait de trop dériver et c'était tout ce qu'il voulait.

Parce qu'effectivement, il était à la dérive.

Ses pensées n'étaient jamais fixes, son comportement non plus. Un rien pouvait changer ses objectifs.

Derek le regarda avec un étonnement non feint.

- Tu veux venir faire les courses avec moi ? Redemanda-t-il, comme pour être sûr.

Ce n'était pas une activité des plus excitantes et c'était également une des raisons pour lesquelles il ne la lui avait pas proposée en premier lieu. Il logeait Stiles, oui, mais ne lui imposait pas les tâches obligatoires. La confiance jouait également son rôle dans le lot et il croyait réellement au fait qu'il pouvait le laisser seul sans qu'il ne cherche à faire de bêtise. Pour être honnête, il pensait vraiment que Stiles sauterait sur l'occasion, mais il semblerait qu'il s'était trompé.

- Oui enfin, si ça ne te dérange pas, répondit l'hyperactif en détournant le regard.

- Bien sûr que non, lâcha Derek. Mais il y a une raison à cela ? Faire les courses, ce n'est pas... Marrant.

Ce n'était pas vraiment le mot qu'il voyait employer, mais il n'en trouvait pas d'autre à l'heure actuelle. Stiles l'avait rendu perplexe. En fait, il ne cessait de le surprendre depuis ce fameux soir. Ils avaient également discuté et lorsqu'il avait proposé à l'hyperactif de rester un peu plus longtemps que prévu, celui-ci avait tout de suite accepté. Leur deal de base, c'était qu'il loge au loft une semaine, le temps de le faire changer d'avis. C'était chose faite. Mais Derek, par peur qu'il replonge assez vite, n'avait pu s'empêcher d'émettre cette idée de le garder ici quelques jours de plus, par sécurité. Stiles avait tout de suite envoyé un message à son père, en trouvant une nouvelle excuse pour son absence, dont il n'avait pas déterminé la durée avec précision. Il était resté évasif, volontairement ou non, Derek n'en savait rien, mais le résultat était là. Stiles restait et lui-même ne savait pas pour combien de temps, mais il préférait cela que de le laisser partir sans avoir la certitude que tout irait bien.

A la dériveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant