Elle avait la peau froide, aussi glacée que l'était son sourire. Dans ses yeux, une lueur vive et malsaine, saupoudrée d'une satisfaction impossible à nier. Qu'il était agréable de sentir ces frissons d'horreurs, lesquels parcouraient la peau de Stiles à une vitesse incroyable ! Qu'il était jouissif de le voir se décomposer ainsi ! Le pauvre garçon n'avait plus rien de cette fierté qui l'habitait habituellement. Elle l'observait, depuis longtemps et abhorrait la confiance qu'il avait en lui... Celle-là même qui s'était envolée sitôt qu'il avait découverts ces deux carnets. Claudia les avait tenus avec une rigueur quasi militaire pour la simple et bonne raison que mettre ses émotions et ressentis sur papier avaient été un exutoire efficace. C'était tel qu'elle avait gagné du temps, retardé l'échéance de cette mort qu'elle avait sentie venir... Et qui l'avait cueillie dans la haine de cet enfant stupide.
Elle enfonça davantage ses ongles dans son épaule. Le sentit tressaillir, se crisper davantage. Stiles ne trembla pas, mais elle... Elle perçut la peur presque irrationnelle qui l'habitait et cette douleur qu'il commençait à ressentir... Mais ce n'était pas assez. Claudia était une reine, celle à qui l'amour de Noah aurait dû revenir dans son entièreté : il lui fallait plus. Elle avait besoin que l'horreur qu'elle avait engendrée souffre. Ait peur. Finisse par trembler.
Et elle eut hâte qu'il comprenne. Qu'il se rende compte qu'il n'était pas grand-chose... Que sa vie n'avait pas la moindre valeur.
- Tu as mal, mon chéri ? Susurra-t-elle à son oreille.
Claudia détestait les appellations douces et affectives, telles que celle qu'elle venait de sortir. Ces mots-là, elle ne les aimait pas, mais elle savait qu'ils feraient mouches, parce qu'elle les avait prononcés avec une intonation bien particulière... Avec sa voix de mère, ce ton doux et envoûtant, ces choses-là qui avaient bercé et berné Stiles toute son enfance...
Alors Stiles ne répondit pas, mais la façon dont son visage se crispa de douleur parlait autant que la terreur qui se lisait dans ses yeux. Oui, il avait mal et ce, sur tous les plans. Et le pire, c'est qu'il ne comprenait ni pourquoi, ni comment. Tout ce qu'il savait, c'était que la sensation des ongles de sa mère transperçant peu à peu sa peau... Lui paraissait étrangement réelle. Conscient du fait qu'il était très probablement en train d'halluciner, Stiles prit la décision d'appeler Derek. Lui, il saurait lui ramener les pieds sur terre et... Le rassurer, tout simplement. Mais l'on vint l'entraver. De sa bouche sortit un son extrêmement étouffé, inintelligible. Mais Stiles n'en comprit la raison que lorsque son regard croisa à nouveau son reflet dans le miroir : il y vit sa mère le bâillonner tandis qu'elle continuait, de son autre main, d'enfoncer ses doigts dans son épaule, les ongles y perçant la peau. L'étrange Claudia souffla dans son cou et Stiles ne fit au départ rien de plus que frissonner mais très vite... Il eut l'impression que l'atmosphère de la salle de bain s'était rafraîchie. Glacée. Il eut froid, ne réussit pas à bouger pour se dégager pour autant.
Il était paralysé. Transi de douleur et de terreur. S'il ne pouvait ni bouger, ni parler... Comment se sortir de cette vision horrifique ? Comment... Comment attirer l'attention de Derek ? Stiles se prit à espérer de toutes ses forces que le loup le surveille de loin et... Qu'il perçoive cette détresse qui devait inévitablement émaner de lui. Il ne pouvait pas en être autrement : bien qu'il se sache pertinemment seul dans cette salle de bain, Stiles voulait qu'on l'aide, qu'on le sorte de là. Parce qu'il sentait qu'il ne pourrait fuir de lui-même. Il n'y arriverait pas. La main sur sa bouche – glacée – bloquait le moindre ses mots et l'autre... C'était lent, vraiment lent, mais il avait vraiment l'impression qu'elle le blessait, au sens physique du terme. Ferait-il quelque chose pour l'empêcher de continuer ? Non, pour la simple et bonne raison qu'il n'arrivait plus à bouger ne serait-ce que le petit doigt. La douleur commençant à le titiller réellement, il ferma fortement les yeux... Tandis que la main sur sa bouche mettait davantage de pression sur celle-ci.
Et Stiles sentit son souffle glacial remonter de son cou jusqu'à son oreille.
- Tu étais si près du but, mon chéri... Tu n'avais plus qu'à presser la détente.
Presque aussitôt, les images de sa tentative de suicide avortée lui apparurent à l'esprit... Avant de le submerger. Le traumatisme qu'il ne s'imaginait pas avoir se réveilla et fit complètement disparaître la douleur de son épaule. Néanmoins, sa respiration se fit rapidement saccadée, puis laborieuse – et cette main imaginaire, sur sa bouche, le gêna au sens propre du terme. Il lui fallait de l'air... Respirer par la bouche. Ne se sentir oppressé d'aucune manière. Or, il n'y avait rien qu'il se sente capable de faire pour repousser son hallucination, en diminuer la puissance... Se sauver de sa mauvaise influence.
- Tu dois réessayer, Stiles.
Je ne veux pas. Davantage de pression, de douleur indolore – il savait qu'elle était là, mais ne la sentait pas tant ses souvenirs participaient à sa paralysie.
- Tu n'as pas ta place dans ce monde, mon cœur.
Non, Maman... Des mots faussement doux et une voix tendre... De parfaits alliés à la perfidie de l'hallucination de Stiles, qui se refusait à ouvrir les yeux. L'entendre, avoir l'impression de la sentir comme si elle était là, c'était trop. Alors la voir à nouveau ? Impossible et ce, même si Stiles avait presque envie de la supplier de le lâcher. Il avait besoin de respirer à plein poumons... De laisser l'air entrer en lui. Il avait d'ores et déjà commencé à pâlir, à s'affoler au sens propre du terme.
- Tu dois disparaître, fit-elle d'un ton légèrement plus sec, moins joué.
S'il te plaît, ne me dis pas ça. Car si Stiles s'était prononcé, quelques jours plus tôt, quant au fait qu'il n'était plus certain de vouloir mourir... Il s'était avéré précis dans son brouillard. Parce qu'il pouvait basculer, encore. Rien dans sa tête n'était complètement carré, d'autant plus que Stiles portait encore le fardeau des découvertes concernant sa mère à bout de bras. Les révélations, lourdes, avaient toujours sur lui impact dingue, tant et si bien qu'un revirement pouvait toujours avoir lieu. N'était-ce pas pour cette raison qu'il était toujours là, chez Derek ? D'ailleurs que faisait-il ? Ou était-il ?! Stiles sentit sa gorge se serrer plus qu'elle ne l'était déjà et la panique le gagner dans son entier. Mais ses yeux, il ne les rouvrirait pas. Il refusait de la voir. Ce n'était qu'une hallucination, il était juste complètement taré.
Mais Stiles aurait beau être conscient de ce fait, il n'était cependant pas devenu sourd. Et ses paroles, qu'elles soient réelles ou fictives, il les entendait. Un peu trop bien, même.
Alors qu'elles viennent de sa mère... Ce n'étaient plus là des mots écrits dans un carnets, une époque où Stiles n'était rien de plus qu'un enfant. Il avait grandi, il était presque adulte : et commençait à peine à accepter l'idée que son enfance n'était qu'un mensonge.
Ainsi, rien n'était figé et sa volonté... Il la voulait stricte, plus que stable, capable de résister aux doutes qui, déjà, l'assaillaient...
Mais la vérité, c'est qu'elle était bancale.
Ses jambes commencèrent à se montrer flageolantes tandis que l'impression de s'étouffer le possédait dans son entier. Or, il ne pouvait pas se dégager, puisque bouger s'avérait impossible... Son corps, complètement engourdi et figé autant par ce froid incroyable que par cette terreur indescriptible, se refusait à tout contrôle, tout mouvement de sa part. Stiles n'avait d'autre choix que de subir. D'autres mots parvinrent à son oreille, furent susurrés avec une douceur si glaciale qu'il lui semblait voir des étoiles alors qu'il s'évertuait à garder les yeux fermés – c'était là la seule chose qu'il parvenait à faire de son plein gré.
Or, il était lentement en train de s'effondrer, de se laisser aller malgré lui contre sa mère glacée, sombrant au rythme de ces mots qu'elle martelait sans plus prendre la peine de les envelopper de douceur. Elle l'avait atteint en profondeur et elle le savait, alors pourquoi continuer de s'embêter ? Dans le miroir que Stiles ne regardait plus, Claudia sourit d'une façon si malsaine que sa vision à cet instant précis pourrait donner des cauchemars à n'importe qui.
Et son reflet s'évanouit aussi rapidement qu'il y était apparu, laissant un Stiles encore tout à fait conscient céder à cette terreur mêlée d'angoisse, la même qui le fit s'effondrer au sol telle une vulgaire poupée de chiffon... Au moment exact où la porte de la pièce s'ouvrait dans un fracas assourdissant.
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A la dérive
FanfictionStiles veut faire une bêtise, Derek l'en empêche. Il va alors tout faire pour comprendre alors qu'une menace nouvelle surnaturelle plane sur Beacon Hills. (Sterek et autres plus tard) (Disclaimer : header pas de moi / Tw appartient à Jeff Davis mais...