Chapitre 2

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Le principal problème de Derek n'était pas de gérer Stiles, en soi. Malgré son état mental, c'était un jeune homme de presque dix-huit ans qui était autonome. Dieu soit loué, les oreilles de Derek étaient sauves également, même s'il était parfaitement conscient qu'un Stiles silencieux était un Stiles qui allait mal. Là, il restait calme, parlait le moins possible et ne dérangeait rien dans le loft, contrairement à ses habitudes. Bien sûr, ce comportement ne lui ressemblait pas le moins du monde mais disons que la version fatiguée de Derek – qui venait de faire une nuit blanche – s'en accommodait.

Non, le réel problème, c'était ses envies suicidaires.

Derek laissait Stiles seul le moins possible et lorsqu'il le faisait, c'était seulement lorsque l'un d'eux avait besoin d'aller soulager ses besoins primaires sur le trône. Et encore, le loup restait attentif au moindre bruit que faisait Stiles. Parce qu'il avait peur – oui, c'était le mot – que l'adolescent ait l'idée de récidiver. Et l'attitude hostile de l'hyperactif était claire : il ne comptait pas s'arrêter là.

- Décrispe-toi, je ferai rien devant toi, lui avait répété Stiles dans la matinée.

Autrement dit, au loft. Peut-être pensait-il convaincre le loup de le laisser partir de cette façon mais, n'en déplaise à son intelligence, celle-ci était partie en vacances au vu de sa misérable stratégie. Derek n'était pas un mauvais bougre et même si Stiles l'énervait régulièrement, il n'avait pas vraiment envie de le voir disparaître, devant lui ou non. Ça le tuait, mais il mettait de côté sa colère et ses jugements pour rester intransigeant face à cet adolescent étrange.

- Mon père commence à s'inquiéter, lâcha Stiles après avoir regardé son téléphone. Il faut que je rentre chez moi.

- Rassure-le, invente un truc, lui ordonna un peu sèchement le loup. Tu restes ici.

Stiles tourna la tête vers Derek, le regard mauvais. Il n'aimait pas cette manière qu'avait le plus vieux de lui donner des ordres. Comme s'il était bête, ou diminué. Stiles n'était ni l'un ni l'autre. Il avait juste... Besoin d'être tranquille et le message de son père, qui lui demandait s'il avait dormi à la maison cette nuit, était l'excuse parfaite pour rentrer chez lui. Enfin, de son point de vue.

Apparemment, pour Derek, ce n'était pas assez et s'il comptait le garder au loft, Stiles n'avait pas d'autre choix que d'obéir : tenir tête à l'ancien alpha, c'était son truc lorsqu'il allait bien. Là, ce n'était pas le cas. Puis Derek semblait bien loin de revenir sur sa décision et c'était bien là son caractère : une fois qu'il décidait quelque chose, il ne changeait que rarement d'avis. Stiles aurait pu tenter de fuir subtilement ou simplement profiter d'un moment de faiblesse de son vis-à-vis. Cependant, il sentait que ce n'était clairement pas la chose à faire et qu'il le regretterait fort. Alors, Stiles se contentait d'écouter les ordres de son ancien supérieur, en soupirant toutefois à de nombreuses reprises. Après tout, s'il énervait Derek ou si celui-ci se retrouvait lassé de devoir le surveiller, peut-être le laisserait-il s'en aller de son plein gré, ce qui ne serait pas plus mal.

Pour être honnête, l'envie de mourir de Stiles était encore là, tapie dans l'ombre de son esprit. Pourtant, elle appuyait moins fortement pour sortir, comme affaiblie par il ne savait quoi. Bien sûr, s'il se retrouvait seul chez lui, peut-être les choses seraient-elles différentes. Sans doute aurait-il craqué assez rapidement, s'emparant d'un couteau, d'une lame de rasoir ou bien en s'assommant avec les somnifères qu'il prenait parfois pour dormir correctement. En multipliant la dose pour qu'elle soit mortelle, Stiles parviendrait sans doute à ses fins mais puisqu'il était coincé ici, au loft, il ne ferait rien. Ce qu'il n'arrêtait pas de répéter à Derek était une vérité : il ne ferait rien en sa présence ou en sachant qu'il pourrait arriver pour l'en empêcher. Le problème, c'était que le loup semblait désormais prendre à cœur la mission qu'il s'était donnée, celle de l'empêcher d'en finir. Franchement, Stiles ne comprenait pas pourquoi Derek s'acharnait à vouloir le garder en vie alors qu'en réalité, pas grand-chose ne le retenait ici à part peut-être son père, ou Scott. Non, pas vraiment Noah, finalement. Après tout, il lui avait menti. Sa famille, tout autant que sa vie, était un mensonge innommable. Sans doute Scott était-il le seul qui pourrait réellement le faire changer d'avis, parce qu'il était son meilleur ami depuis toujours. Qu'importe les années, ils avaient tout traversé ensemble, les bons comme les mauvais moments. Scott était de ces gens qui étaient capables de vous changer juste avec un sourire. Il était toujours lumineux, ce sourire. On disait de Stiles qu'il était l'incarnation de la joie et de la bonne humeur. Pourtant, l'adolescent avait toujours attribué cette qualité au latino, toujours en train de chercher le bon chez les gens, toujours là pour rassurer, aider. Stiles était dans l'ombre, il se voyait plutôt comme un ajout, quelque chose qui pouvait servir mais qui ne manquerait pas si on le supprimait du tableau. Il était un plus, en diminué. Lorsque Scott souriait, Stiles se contentait d'esquisser un petit rictus.

A la dériveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant