Chapitre 16

188 23 1
                                    


Stiles avait insisté pour dormir sur le canapé. Il avait pourtant droit à la chambre de Peter, mais... Il disait trouver le canapé plus confortable, plus rassurant. En cela, son cœur ne mentait pas, alors Derek l'avait laissé faire. Mentalement fatigué, l'hyperactif avait cru pouvoir s'endormir rapidement après avoir mangé avec le loup puis regarder un film démesurément long – mais pas moins intéressant pour autant. Cela avait été le deuxième de la journée, parce que... Stiles n'avait pas eu d'autre idée pour s'occuper, pour meubler ces espèces de moments bizarres où Derek, comme lui, semblait vouloir dire quelque chose mais n'ouvrait pas la bouche pour le faire. N'ayant pas eu la moindre envie de le forcer, l'hyperactif n'avait pas insisté. Personnellement, il détestait que l'on fasse cela avec lui, qu'on tente de le forcer à dire ou faire quelque chose. Par respect, il n'imposait pas ce qu'il n'appréciait pas ou ce qu'il trouvait tout simplement moralement incorrect.

Et le voilà à se tourner et se retourner sur le canapé sans arriver à trouver le sommeil. Le pire, c'était qu'il voulait dormir. Il en avait autant envie que besoin. Il n'y avait pas là l'excuse de la dureté du meuble, puisqu'il était mou à souhait. Le confort était là et Stiles ne pouvait pas s'en plaindre. En fait, il n'avait même pas besoin de se demander la raison pour laquelle il n'arrivait pas à fermer l'œil.

Il angoissait, et la boule dans son ventre ne cessait de croître. C'était encore contrôlable, heureusement. Simplement, elle ne serait pas là – ou peut-être aurait-elle moins d'ampleur –, s'il n'y avait pas eu la réunion. Parce qu'après qu'elle se soit passée, eh bien... Il n'avait pas eu le cran d'en parler à Derek. Sur le moment, il s'en était senti capable, mais... Stiles priorisait toujours autrui. Il l'avait vu fatigué, peu à l'aise à certains moments, ce qui l'avait davantage poussé à se taire et à se dire qu'il valait mieux essayer de lui faire oublier la réunion, de... D'être au calme. Puis, ce n'était pas urgent, ça pouvait attendre. Il n'allait pas en mourir. C'était juste... Quoi, au final ? Une hallucination, ou quelque chose de ce genre-là. Il avait eu un moment de faiblesse mentale et comme son malheur le plus récent concernait sa mère, c'était elle qu'il avait imaginée. Et ses mots dans ses carnets, ceux qui l'avait mis dans un état si déplorable et l'avaient poussé à tenter de se suicider... Eh bien, c'était cette douleur-là qu'il avait ressentie, pas autre chose. La découverte des carnets contenant les confessions de Claudia l'avait ébranlé, fragilisé. Il n'était donc pas si surprenant qu'il déraille un peu. Mais ça allait, maintenant. Il lui fallait simplement encore un peu de temps pour digérer tout cela. Il s'agissait notamment de la raison pour laquelle il voulait rester chez Derek. Rentrer chez lui ? Il ne se voyait pas le faire tout de suite. Faire cela, c'était laisser la porte ouverte pour ses pulsions. Il savait qu'elles pouvaient revenir et ne le voulait pas forcément. N'avait-il pas dit à Derek qu'il n'était plus sûr de désirer mourir ? Qu'il était dépassé, qu'il avait besoin d'aide ? Oui, il l'avait avoué quelques jours plus tôt. Et il le pensait, c'était réel. Et peut-être qu'à la fin de cette semaine, il demanderait à son hôte de le garder un petit peu plus longtemps. Parce qu'à sa manière, il le rassurait et le stabilisait.

Oui mais voilà, le temps passait et Stiles ne dormait pas. La vision cauchemardesque qu'il avait eue avant la réunion tournait en boucle dans sa tête. Elle lui avait parue réelle, si réelle... Et c'est là qu'il se rendit compte d'à quel point le cerveau humain pouvait être sadique. C'était vache, de lui montrer Claudia aussi nettement, le visage identique à la dernière fois où il l'avait vue en vie. La seule différence ? Cette lueur dans son regard. Cette fureur qu'elle avait peut-être toujours eue en elle, mais que Stiles n'avait jamais vue, jamais remarquée. Parce qu'à l'époque, il n'était rien de plus qu'un enfant, un garçonnet. Celui qui n'avait jamais rien compris des tentatives de sa mère de le supprimer. Qui avait toujours pris ça pour un jeu, ou pour un acte hasardeux. Après tout, elle était censée l'aimer. Et elle lui disait qu'il était son bijou, son trésor.

A la dériveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant