Chapitre 19

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Stiles s'accoutumait lentement mais sûrement à la vie au loft, tant et si bien qu'il avait dû envoyer un message à son père pour prolonger un peu son séjour. Pour lui, c'était plus simple. Il n'avait pas à s'inquiéter d'une potentielle rechute qui, à la maison, ne ferait que le mettre à terre. Ici, il avait conscience d'être épié, en quelque sorte surveillé... Mais ça lui allait, ça le rassurait. Il savait que, si par mégarde son esprit lâchait momentanément, Derek serait là pour le rattraper. N'était-ce pas ce qu'il faisait depuis le début de cette histoire ? Stiles se sentait perpétuellement fébrile et se demandait souvent s'il pouvait basculer de nouveau. Disons qu'il avait pris un peu de recul et que le souvenir de cette fameuse soirée dans la forêt, celle où tout aurait pu se terminer si Derek n'avait pas été là... L'horrifiait. Parce que s'il s'agissait de quelque chose qu'il avait vécu, d'un moment qu'il avait dirigé – mais pas digéré –, Stiles ne se reconnaissait pas dans ce jeune homme complètement perdu qui avait été prêt à se tirer une balle dans la tête.

Ainsi, il réapprenait doucement à s'accoutumer à la vie en elle-même et à chasser de sa tête l'idée même d'en finir. Il se souvenait encore de son attitude emplie d'arrogance, alors qu'il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour que Derek cesse de le protéger. Seulement quelques jours après, les choses avaient changé au point que Stiles avait totalement mis son ego de côté et acceptait pleinement ladite protection. Il ne le disait pas vraiment, mais chacun de ses gestes et chacune de ses attitudes le montraient. C'était quelque chose dont il avait besoin et... Il avait cessé de lutter contre.

Sa situation était d'autant plus supportable au loft que Derek était parfait pour assurer le rôle qu'il s'était lui-même confié et pour rien au monde Stiles ne demanderait à quelqu'un d'autre de l'exercer. L'ancien alpha n'avait pas sa langue dans sa poche et s'il avait quelque chose à dire, il n'hésitait jamais à l'ouvrir. Sa franchise légendaire rivalisait avec sa lucidité que Stiles trouvait d'une froideur rassurante : Derek voyait les choses telles qu'elles étaient et n'allait pas les embellir pour lui faire plaisir. Le jeune homme, avec du recul, était d'avis qu'il préférait que la vérité lui assène un bon coup avant de le laisser se relever plutôt que le mensonge bienheureux le berce pour ensuite le faire tomber de plus haut encore.

Alors voilà, Stiles voyait mal son propre père ou même Scott assumer un rôle qui, au final, n'allait bien qu'à Derek. Noah... Était quelqu'un d'assez fragile que l'hyperactif ne mettrait en danger pour rien au monde et au final... Il fallait avouer qu'il était assez heureux que Derek ne lui ait rien dit de sa tentative de suicide avortée. Car si Stiles n'avait aucune idée de la manière dont le shérif pourrait réagir, il savait toutefois que la chose était à craindre. Puis il connaissait son passif avec l'alcool, sa tendance à abuser un peu lorsqu'un moment de la vie lui paraissait difficile à encaisser ou un évènement, trop dur à avaler.

Quant à Scott... Outre le fait qu'il l'agaçait de temps à autres, Stiles était d'avis qu'il n'aurait tout simplement pas convenu. Ce n'était pas tant son côté maladroit qui le dérangeait, c'était... Enfin, de son point de vue, Scott n'aurait sans doute jamais eu le pouvoir de trouver les mots, de lui dire ce qu'il fallait pour qu'il se rende compte des choses. Sans doute se serait-il énervé un bon coup avant de revenir en arrière et d'aller dans son sens, juste pour rendre les choses plus faciles... Mais Stiles était quelqu'un qui avait besoin qu'on lui donne un bon coup de pied aux fesses tout en l'écoutant et en faisant l'effort de le comprendre.

Et même si, à la limite, Lydia aurait peut-être pu convenir, Stiles avait désormais la certitude que personne ne pouvait faire mieux que Derek à ce niveau-là. Il était... Parfait dans son rôle. Puis il avait ce calme naturel qui rendait toute chose plus douce et moins difficile à appréhender aux yeux de Stiles. C'était foutrement subjectif, mais il s'agissait de son avis et rien ni personne ne pourrait l'en faire changer.

A la dériveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant