Chapitre 1

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L'éclat argenté de l'arme brilla sous les rayons de la lune. Le jeune homme assis sur un gros rocher la faisait tourner dans sa main, d'un air las et absent. Dire que sa vie avait volé en éclat serait un euphémisme. Enfin, à dire vrai, elle n'avait pas vraiment changé. C'était ce qu'il pensait être vrai, qui avait changé. Pour une fois, Stiles détesta son côté fouineur parce qu'au final, il aurait mieux valu qu'il ne sache rien. Parfois, l'ignorance valait mieux que le savoir, surtout si cela permettait de garder son équilibre mental.

Mais Stiles savait. Et vivre en ignorant cet élément était impossible. Tout ce en quoi il croyait était faux, sauf une seule chose.

J'ai tué ma mère.

C'était l'élément qui restait vrai, qui ne changeait pas. Il en avait la preuve, désormais. Autant dire que la culpabilité qu'il ressentait déjà ne cessait de s'accroître, alourdissant son cœur déjà meurtri.

Jamais il n'aurait dû tomber sur ces carnets. Jamais. Stiles aurait mieux fait de se crever les yeux plutôt que de les lire. Mais en même temps, comment résister ? L'anniversaire de la mort de Claudia Stilinski approchait et savoir qu'il avait trouvé quelque chose lui appartenant lui avait réchauffé le cœur.

Jusqu'à ce qu'elle ne le brise avec ses mots.

Voilà ce qui avait conduit Stiles dehors à cette heure avancée de la nuit dans la forêt de Beacon Hills. Il avait besoin d'être seul, tranquille, loin de son père qui lui mentait depuis tant d'années. Père à qui il avait discrètement subtilisé son arme, chargée d'une seule et unique balle. De toute manière, Noah Stilinski n'était pas de garde ce soir, il regardait la télévision dans sa chambre avec la certitude de s'endormir devant. À aucun moment il n'avait vu Stiles lui emprunter son arme, dans la remise, endroit où il avait l'habitude de la cacher.

Parce qu'il n'était pas au courant que Stiles savait. De toute manière, jamais son fils ne tomberait sur ces carnets, rares effets qu'il avait conservés de sa défunte femme adorée. Parce que lui-même ne savait pas réellement ce qu'ils contenaient.

Stiles baissa les yeux sur le pistolet, fraîchement nettoyé par Noah dans la journée, comme s'il avait été inconsciemment préparé à servir à un funeste projet. Ses doigts passèrent sur le métal, si doux. La mort aussi serait-elle douce ? L'hyperactif, qui n'avait plus décroché un mot depuis sa lecture qui remontait à cet après-midi, n'en savait rien. Il ne savait même pas ce qu'il comptait faire avec. Peut-être se tuer, peut-être pas. Sans doute attendrait-il de voir où mèneraient ses pensées successives, sans écouter son cœur, ni sa raison. Il les laissait s'entretuer à l'intérieur de lui, comme s'il n'était plus qu'un simple spectateur, observateur distrait de ses propres pensées et réflexions, sur lesquelles il n'agissait plus vraiment. À l'intérieur, c'est comme s'il était déjà mort. N'était-ce pas ce que sa mère voulait, au fond ?

« Cet enfant sera un monstre, je le sens. Pourquoi ne pourrais-je pas le tuer de mes propres mains ? »

Dieu sait à quel point elle avait eu raison. Stiles avait deux meurtres à son actif : celui du premier amour de son meilleur ami, ainsi que celui d'une jeune chimère. Après des mois à s'en remettre dans le silence – parce qu'il n'en parlait pas à Scott, continuant d'agir comme si de rien n'était – voilà que Stiles détruisait sa propre reconstruction.

Sa mère avait bien intuité, il était devenu un monstre, monstre qui avait tué sa propre mère. Ne serait-il pas mieux que ce monstre disparaisse ? Ce n'était pas comme si la vie avait failli quitter son corps à de nombreuses reprises depuis qu'il connaissait l'existence du surnaturel. Étrangement, il était encore en vie malgré toutes les épreuves, tous les obstacles rencontrés. Pourquoi ? Pourquoi ne pas simplement le laisser partir ? Il en avait assez fait. Et ses amis... Ses amis ne le trouvaient-ils pas agaçant au possible avec cette hyperactivité qui lui collait à la peau ?

A la dériveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant